La magie Arabe

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Le soleil des connaissances et les subtilités des grâces exquises est le plus célèbre ouvrage de magie en Islam. Il est aujourd'hui le manuel de base de tous les magiciens ou marabouts musulmans, du Maroc à l'Insulinde.
En cliquant sur les vignettes vous accéderez à de nombreux dossiers spécifiques à cette Magie Arabe qui reste un domaine à part dans l'univers de la sorcellerie et a alimenté quantité de légendes.

 

L'histoire de la magie arabe

Bien que les questions que vous vous posez le plus sont « comment faire de la magie arabe ? » et surtout « comment enlever la magie arabe ? », il faut bien comprendre que toute discipline doit pouvoir faire sa propre histoire et sa propre critique afin d'apporter des perspectives nouvelles. Avant de vous lancer il faut commencer par en connaître l'histoire et l'origine. Or, l'histoire de la magie Arabe est un domaine très difficile à saisir. La quasi-absence d'éditions critiques des anciens textes rendent hypothétiques toutes les études visant à restituer à l'histoire le fait magique. D'où vient cette fascination pour la magie qui conduit bien souvent à soustraire cet objet à la course du temps et à en faire un phénomène intemporel et mystique ?


Faire attention au mélange avec l'histoire coloniale

Istanbul
Le monde Arabe est intimement associé à l'époque coloniale française. Il ne faut cependant pas faire l'amalgame entre les vraies sources historiques de la magie arabe et les ouvrages écrits à cette période qui ne représentaient pas forcément des études impartiales s'appuyant sur des faits historiques réels.

En effet, l'aspect littéraire de la magie orientale et de la mythologie arabe ne doit cependant pas masquer leurs enjeux politiques. La magie appartient en effet à un champ abondamment exploité et exploré par la propagande coloniale au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle. C'est ce qu'illustre particulièrement la récupération idéologique du lynchage d'Émile Mauchamp en 1907 en faveur de la colonisation française du Maroc à travers son œuvre posthume : La sorcellerie au Maroc. Cet ouvrage est plus un manifeste colonial qu'une réelle étude scientifique. Le titre de l'ouvrage provient sans doute de son éditeur, Jules Bois, qui mit en forme les notes prises par Émile Mauchamp. Ce dernier est un médecin français mort assassiné dans des conditions mystérieuses en 1907 à Marrakech, non loin du dispensaire où il exerçait. Il fut accusé d'appartenir à l'avant-garde d'une tentative d'invasion du Maroc par la France, et ce fut sans doute une des causes de son assassinat, qui survint lorsqu'il fût revenu à Marrakech dans l'intention de s'y installer après avoir reçu plusieurs soutiens, et notamment celui du ministre des affaires étrangères de l'époque alors en séjour à Tanger.

Quoi qu'il en soit, la mort d'Émile Mauchamp marqua profondément les esprits et servit en partie à justifier l'intervention coloniale de la France. Son biographe, Henri Guillemin, en fit un « martyr de la civilisation ». Le seul chapitre alors achevé d'Émile Mauchamp était son introduction, expliquant les raisons « humanitaires » de l'intervention européenne au Maroc. L'intérêt de l'ouvrage pour le sujet de ce site n'est pas dans la qualité de ses informations et de son raisonnement, plutôt médiocre. En effet, son point de vue est conditionné par la nécessité pour lui d'avoir un interprète : la barrière linguistique l'empêche de pouvoir appréhender directement les phénomènes qu'il observe, sans passer par un intermédiaire.

Nous ignorons quelle est la part réelle du discours d'Émile Mauchamp ou les intentions qui motivaient ses prises de notes. Dans tous les cas, le titre lui-même ne révèle pas exactement le contenu de l'ouvrage, dont la première partie traite de la culture marocaine d'une manière générale : le chapitre premier est sur le mariage ; le deuxième chapitre sur le corps (soins du corps, système pileux, épilation, parfums, tatouages, présages, porte-bonheur, porte-malheur, folklore, rêves) ; le troisième chapitre sur la mendicité, la misère, le vice et la prostitution ; le quatrième chapitre sur la loi, la religion, les sectes et les saints. Seule la seconde partie est consacrée à la question de la magie et de son intégration dans la société.

Il fut également accusé d'appartenir à une loge maçonnique et de faire usage de la médecine pour guérir les maladies bénignes des indigènes tout en inoculant un poison entraînant la mort dans les années suivantes. Il se serait ainsi vanté du dépeuplement progressif du pays selon une lettre du 7 janvier 1906 de la main du médecin allemand Holtzmann à l'attention du consul français de Mogador.

C'est un regard colonialiste radical qui prévaut tant dans l'introduction que dans l’œuvre elle-même. Jules Bois justifie la mise en forme de l'ouvrage à des fins propagandistes avec un vocabulaire d'une extrême violence, concluant que « ce livre, par lequel la déchéanche marocaine éclate aux yeux avec toute sa réelle et sincère hideur, peut hâter le secours moral, qu'il nous convient de porter à ce peuple ». Le point de vue de Jules Bois est donc clair : il s'agit de justifier la « mission civilisatrice » et la colonisation.

C'est en effet par ce biais qu'il relate la fin de la vie d'Émile Mauchamp. Selon lui, il se trouva victime d'un complot des sorciers qui alors dominaient la ville. Ces figures de sorciers sont bien entendu présentées comme les forces d'opposition à la « mission civilisatrice ». Jules Bois va jusqu'à les présenter comme un pouvoir supérieur encore aux instances sultaniennes.

Une étude qui ne commence que tardivement

L'étude de la magie en terre d'Islam n'a été initiée que très tardivement avec notamment Edmond Doutté (1867-1926) qui fut l'auteur de « Magie et religion en Afrique du Nord » paru à Alger en 1909 (après l'assassinat d'Émile Mauchamp, mais avant la parution de La sorcellerie au Maroc).

Même si Edmond Doutté demeure plus familier des dialectes, sa connaissance de l'arabe littéral et des sources classiques lui permit, contrairement à Émile Mauchamp, d'accéder à des sources et des témoignages directs et sans l'entremise d'un traducteur. C'est avec son œuvre que les noms d'al-Būnī et du traité qu'on lui attribue, le Šams al-maʿārif al-kubrā, commencèrent à susciter l’intérêt et la curiosité des orientalistes.

Il porta également à la connaissance du public le livre intitulé « Les soleils des lumières et les trésors des secrets » d'Ibn al-Ḥāǧǧ al-Tilimsānī et le Kitāb al-Raḥma fī l-ṭibb wa-l-ḥikma  (« Le livre de la miséricorde : la médecine et la sagesse ») attribué à al-Suyūṭī (849-911) avec des intuitions et une connaissance que n'auront pas toujours ses successeurs. Avec Edmond Doutté commence réellement la tradition des études proto-ethnographiques et sociologiques sur la magie en Islam, dans la tradition initiée par James George Frazer (1854-1941), Marcel Mauss (1872-1950) et Henri Hubert (1872-1927).

Les Djinns et la Magie

Sorcellerie Arabe
Dans la tradition de la Magie Arabe, chaque sort ne fonctionne qu'avec l'aide des êtres spirituels et chaque mages cherche à établir le contact et la coopération avec l'un d'eux. Les mages sont appelés des Talebs. Dans la Magie Arabe, la plus grande portée qu'un taleb peut avoir est de réussir à capturer avec ses rituels magiques l'un des serviteurs de la magie appelé Hudam ou Khodam ou encore Khâdim. Les sorciers qui sont plus qualifiés et qui sont plus courageux essaient de mettre en place un contrat avec un Djinn qui n'est autre qu'un génie. Par ce contrat une grande porte sera ouverte à une armée de Djinns au service du magicien à tout moment. Selon certaines sources, un Djinn aurait à son service une armée de 800 à 120 milliards de démons. Il est alors facile de comprendre ce qu'un tel contrat signifie pour un sorcier. Mais bien entendu, ceci a un prix.

Pour passer un tel contrat avec un Djinn, le sorcier doit satisfaire l'appétit sexuel de son maitre en lui offrant sa mère, sa sœur ou sa femme. Elle devra avoir des relations sexuelles avec le Djinn pendant son sommeil. Lorsque le Djinn a satisfait ses pulsions sexuelles, il donne alors au mage des pouvoirs surnaturels pour qu'il puisse effectuer toute la magie qu'il souhaite. Ces pouvoirs comprennent la télépathie, la faculté de voyager dans le monde entier en une seconde, l'invisibilité, la détection des trésors cachés, etc.

Pour qu'un mage communique avec un Djinn, il n'a pas besoin de se prostituer ou de passer un contrat. Il lui suffit de suivre les directives des rituels des anciennes cérémonies. Dans le rituel de Daire (exorcisme) deux noms de Djinns sont couramment mentionnés, Tarsh et Tariush. L'invocation est la suivante :
Tarsh! Tariush! Descendez !
Répondez ! Où est l'armée du Sultan ?
Où est Al-Ahmar, le Sultan, et son armée ?
Répondez aux serviteurs de ces noms !
Dans ce rituel spiritualiste un enfant est utilisé comme un médiateur. Les magiciens peuvent contacter le Djinn par l'enfant et lui poser des questions.

La liste des noms des Djinns des divers groupes ethniques et des différentes tribus est très longue et il est pratiquement impossible de la tenir à jour. Mais, à la suite des descriptions et des directives de plusieurs rituels arabes, il est possible de déterminer la nature de la plupart des Djinns. Tashyush, Latyush, Dalayush, Tvakapush, Arkapush sont des exemples de bons génies par opposition à Raahush, Vahyush, Ghayush, Ghafush et d'autres qui sont de mauvais génies. Il existe également des Djinns qui ont une nature changeante, ni bonne, ni mauvaise. Par conséquent, leur comportement dépend de leur état d'esprit du moment et du but de leur invocation. On peut citer le Djinn Shamyush comme l'un de ces êtres à double personnalité.

Depuis que les djinns sont associés à la magie Arabe, chacun d'eux a sa propre fonction et ils sont appelés dans certains rituels précis. Un enfant djinn répondant au nom de Zaazui est utilisé dans les sorts d'amour puissants qui provoquent le désir et la sensualité. Quand un Taleb veut recevoir une personne, il prend alors une brique blanche, la met dans une boîte qu'il referme. Puis il prononce les mots magiques (Azimet) et ouvre la boîte. À l'intérieur, il trouvera un bébé génie. Le mage demande alors au bébé de lui apporter la personne qu'il demande et il retourne ensuite auprès de sa maman Djinn.
 

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