ROSE † CROIX

Emblème de la Rose Croix
L’organisation de la Rose † Croix remonterait, selon certaines sources, à l’Antiquité de l’Egypte ancienne. Cette secte serait capable de transmettre une sagesse précieuse, autrefois transmise par les « maîtres » de génération en génération.

Il faut bien reconnaître que la Rose † Croix est en réalité une proche parente de la Franc-Maçonnerie. Son origine est incertaine mais elle serait apparue bien avant les organisations de Francs-Maçons qui datent, pour ces dernières, de l’époque de la construction des cathédrales.

L'emblème de la Rose † Croix est une croix portant en son centre une rose rouge. En raison de cette croix, certains membres prétendent qu’il sont des chrétiens. Mais un vrai chrétien ne sera ni conquis, ni impressionné par ce système philosophique ! Le livre saint des chrétiens est la Bible et ils n’ont nul besoin d’adhérer à d’autres courants spirituels. La Bible est la révélation, par Dieu, de tous les trésors de la sagesse et de la connaissance, selon eux. Tout porte à croire que la Rose † Croix n’est rien d’autre qu’un courant ésotérique ampli de mysticisme et qu’il est beaucoup plus éloigné du catholicisme que, par exemple, les témoins de Jéhovah.

 

La filiation templière

Plaque commémorative exécution de Jacques de Molay
On ne racontera pas ici l'histoire des Templiers, comment ils ont vécu, comment ils sont morts. La légende n'a pas fini de livrer ses mystères. Chaque année de nouvelles recherches sont entreprises ou de nouvelles hypothèses apparaissent, certaines complètement farfelues.

Les tortures des suppliciés les ont fait avouer sans aucun doute des infamies imaginaires suggérées par leurs bourreaux. Il ne paraît pas douteux que la mort de Jacques de Molay, le 23° et dernier Grand Maître de l'Ordre des Templiers, ainsi que celle de ses compagnons ait été l’un des grands crimes de l'histoire politique française. Vraisemblablement, aucun membre de l'Ordre séjournant alors en France n'a échappé au massacre organisé. Certains content des fuites avec des charrettes emplies de pièces d’or mais ce ne sont que mythes et fables qui sont colportées par les badauds. Il en est de même de la survivance de l’Ordre et de la continuité clandestine de ses activités. Du moins en France. Pures chimères. En Suisse... peut-être...

Lire notre article Les Templiers ont créé la Suisse pour en apprendre plus sur les véritables origines de la confédération helvétique.

Selon certains, l'Ordre maçonnique écossais de la Stricte Observance serait la renaissance de l’Ordre des Templiers : « Après la catastrophe, le Grand Maître provincial d'Auvergne, Pierre d'Aumont, s'enfuit avec deux commandeurs et cinq chevaliers. Pour n'être pas reconnu, ils se déguisèrent en ouvriers maçons et se réfugièrent dans une île écossaise où ils trouvèrent le Grand Commandeur Georges de Harris et plusieurs autres frères, avec lesquels ils résolurent de continuer l'Ordre. Le jour de la Saint-Jean 1313, ils tinrent un chapitre dans lequel Aumont, premier du nom, fut nommé Grand Maître. Pour se soustraire aux persécutions, ils empruntèrent des symboles pris dans l'art de la maçonnerie et se dénommèrent Francs-Maçons. »

Et comme pour justifier la filiation de la loge écossaise, le récit continue : « En 1631, le Grand Maître du Temple transporta son siège à Aberdeen et par la suite l'Ordre se répandit, sous le voile de la Franc-Maçonnerie, en Italie, en Allemagne, en Espagne et ailleurs. »

On peut malgré tout penser qu’il y a une part de vérité dans tout cela et que les grandes loges maçonniques ont été largement influencées par le souvenir des hiérarchies templières. Sans être les inventeurs de la franc-maçonnerie, des Britanniques sensibles aux thématiques rosicruciennes ont joué un rôle non négligeable dans ses premiers développements. Vers 1760 apparaît ainsi le grade maçonnique de « chevalier Rose-Croix », qui est, depuis 1801, le 18e grade du Rite écossais ancien et accepté.
 

L’infiltration est partout

Hommes politiques
Il existe des « loges rosicruciennes » dans la plupart des régions du globe. Cette organisation est très prolifique en publications et il existe même une Université Internationale de la Rose † Croix. En bref, ils sont partout. Et ce n’est que peu dire car les gouvernements, les administrations et les industries sont infiltrés par les rosicruciens.

L’organisation de la Rose † Croix se présente elle-même comme un mouvement pacifiste, fraternel et philosophique. Il n’a rien d’une religion. Mais qu’est il en réalité ?

Le rosicrucianisme comprend toute une série d'initiations occultes, exactement comme c’est le cas dans tout ordre franc-maçonnique. Mais la Rose † Croix s’apparente un peu à des pseudo-religions telles que la Wicca ou le chamanisme. Elle propose à ses membres un art de vivre pour le cœur et l’esprit, c’est à dire une certaine philosophie spirituelle. La Rose † Croix va même jusqu’à promettre la connaissance des lois de l’univers et de la nature. On est en plein hermétisme. Mais ça ne s’arrête pas là. Ce courant de pensée procure à ses adeptes l’éveil de leur créativité et la connaissance du soi, leur donne la raison et la finalité de leur existence et décuple tout leur potentiel humain. On est donc bien loin de la religion chrétienne ou de l’Ordre du Temple.
 

Des adeptes célèbres de la Rose Croix

Pour dresser une liste des membres célèbres de la Rose † Croix, bien entendu, ce ne sont que des suppositions car le principe des sociétés secrètes est d’être secrètes. Les membres ne vont pas proclamer en public qu’ils appartiennent à une organisation occulte.

Pythagore
Pythagore
Les illustres personnages qui sont supposés avoir rejoint l’Ordre maçonnique de la Rose † Croix sont les suivants :
Pythagore
Platon
Aristote
Thomas d'Aquin
Copernic
Descartes
Leibnitz
Balzac

Les rosicruciens vont même jusqu’à prétendre que Jésus en faisait partie. Mais pas le Jésus qui incarne la religion chrétienne et qui aurait été déifié en tant que Christ. Non, le véritable Jésus, celui qui n’était qu’un simple philosophe de l’Antiquité et qui a été crucifié par les Romains. Cette doctrine n'a rien de nouveau ; elle existait déjà au premier siècle de notre ère. Pour mettre en garde les chrétiens, l'apôtre Jean avait d’ailleurs écrit :

Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ?
Celui-là est l'antichrist, qui nie le Père et le Fils.
Quiconque nie le Fils n'a pas non plus le Père.
 
 

Les doctrines rosicruciennes

Le rosicrucianisme défend la thèse de la réincarnation et enseigne que chacun doit passer par différentes incarnations successives avant de parvenir enfin au Paradis et faire partie de Dieu. Il s’agit d’une fusion avec le cosmique, une illumination. La Bible dit exactement le contraire :

Il est réservé aux hommes de ne mourir qu’une seule fois, après quoi vient le jugement  

Symbole Rose+Croix
Les rosicruciens ne voient dans la Bible qu’un livre d’une grande valeur mais ne lui attribuent aucune espèce d’autorité. Elle représente pour eux la même chose que le Livre des Morts des Anciens Egyptiens ou le Livre des Connaissances des magiciens. De même que pour les wiccans, Dieu est partout, en toute chose et dans l’air que l’on respire. Il est l’Intelligence Universelle, le Grand Architecte. Ca n’a rien de comparable avec le Dieu des religions monothéistes qui est presque incarné en une entité dotée de parole et d’un corps. La religion pratiquée par les adeptes de la Rose † Croix est donc très proche des religions païennes des celtes et des nordiques.

Le salut s’obtient par le travail sur soi même. La doctrine de la Rose † Croix est une sorte de technique de développement personnel. Ou alors ce sont les méthodes de développement de soi qui sont des méthodes rosicruciennes. Il s’agit de se purifier du mal et d’atteindre les niveaux supérieurs de la conscience pour finir dans l’illumination cosmique. Le rosicrucien travaille sur lui-même pour mettre en avant les qualités suivantes :
Humilité
Générosité
Tolérance

Une autre chose qui n’a rien d’anormale pour les rosicruciens est de communiquer avec l’esprit des défunts. Ce n’est possible qu’à la seule condition de s’élever à leur niveau et non de les faire descendre sur notre plan d’existence. C’est une différence essentielle par rapport au spiritisme qui s’attache à appeler les esprits pour les faire venir :

Esprit es-tu là ?  

Encore une fois, la Bible met en garde contre ce genre de pratiques quelque peu nécromantiques :

Ceux qui évoquent les esprits, qui interrogent les morts, et quiconque se livre à ces pratiques est en horreur à l'Eternel.
 
(Deutéronome 18:11-12).

 
Pour les fidèles de l’Ordre, il n'y a ni paradis, ni enfer, ni Diable. Leur philosophie intègre les fondements du yoga et de la pensée positive. Seule les pensées positives peuvent neutraliser les énergies négatives.

Les rosicruciens pratiquent l’astrologie, la projection astrale, l’hypnose, la télépathie, la perception extra-sensorielle, l’alchimie, l’écriture automatique et tout ce qu’on peut trouver comme pratiques ésotériques. La Bible qualifie ces choses d’ « abominations ». Alors, quand certains rosicruciens voudraient conserver l’appellation de « chrétiens », vous avouerez que c’est plus que « limite » et totalement incompatible. La Rose † Croix est un endoctrinement sectaire et une étude approfondie de ses pratiques pourrait révéler des choses terrifiantes. Il s’agit bien d’une secte.

 

Et si ce n'était qu'un canular ?

L'une des plus célèbre sociétés secrètes de l'histoire n'est-elle qu'un simple mythe ? Si l'histoire de ce mystérieux réseau de savants se disant détenteurs de secrets antiques a longtemps relevé de la légende, celle-ci a toutefois fini par devenir en partie réalité et a inspiré des générations de penseurs. Mais si ce n'était en fait qu'une supercherie due à de brillants théologiens ?

C'est de 1614 à 1616, par une série de trois manifestes publiés en Allemagne, que la « Fraternité de la Rose-Croix » révèle son existence au monde. Une bonne partie de l'Europe cultivée se prend alors de passion pour les idées de cet ordre jusqu'alors inconnu. Le premier de ces fascicules, la Fama Fraternitatis, d'abord paru à Cassel, en 1614, doit ainsi être réimprimé à de nombreuses reprises en quelques années. Depuis trois générations, y apprend-on, les frères de la Rose † Croix se transmettent en secret les arcanes de l'alchimie antique – comprendre, précise le texte, l'alchimie au sens noble, l'étude des lois de la nature, et non sa vision étriquée, celle des vils « faiseurs d'or » à la recherche de la pierre philosophale. Or, après cent-vingt ans d'existence, l'Ordre a décidé, en publiant ces écrits anonymes, de se dévoiler à l'humanité, à laquelle elle promet, en lui révélant ses secrets, un « remède suprême», clé de sa libération et de sa régénération spirituelle...

La ficelle semble un peu grosse ? Peu réputé pour sa crédulité, Descartes lui-même, qui se trouve alors en Allemagne, cherche pourtant à entrer en contact avec ces « rosicruciens ». En vain. Et pour cause... Tous les historiens un peu sérieux en conviennent aujourd'hui : les manifestes rosicruciens ne sont que des fictions, des supercheries montées de toutes pièces. Aucune trace, à cette époque, d'une société secrète de la Rose † Croix. Les auteurs de ces textes n'ont pourtant pas des profils de plaisantins : réunis autour du théologien luthérien Johann Valentin Andreae (1585-1654), ce petit groupe d'amis, juristes et théologiens, auquel on a donné le nom de Cercle de Tübingen (une ville universitaire près de Stuttgart), se signale par l'éclectisme et la qualité de son érudition. Ils figurent parmi les meilleurs « alchimistes » de cette Allemagne du début du XVIIe siècle : des savants, généralement protestants, qui, devant l'essoufflement de la Réforme et le déclin du dogme catholique, se prennent de passion pour les traditions ésotériques ayant traversé le Moyen Age en provenance directe de l'Antiquité. Le canular du Cercle de Tübingen n'est d'ailleurs une plaisanterie qu'en apparence. Dans son autobiographie, Andreae écrira ainsi :

C'est l'affaire du christianisme qui me tenait à cœur et je voulais le faire progresser par tous les moyens ; et comme je ne pouvais le faire par des chemins rectilignes, je tentai de le faire par des détours et des pitreries.  

Les idées rosicruciennes conquièrent l'Europe

La stratégie de communication, misant sur le goût universel pour le secret et le mystère, est parfaite : aussitôt, donc, la Rose † Croix fascine. Son idéal de « Réformation universelle » va occuper bien des beaux esprits. Plutôt que Descartes, ou Leibniz, qu'on a longtemps voulu faire passer, à tort, pour des rosicruciens, son premier porte-parole d'influence est Michael Maier, médecin et conseiller de l'empereur Rodolphe Il, qui publie plusieurs commentaires enthousiastes des manifestes rosicruciens. Après un voyage en Allemagne, le médecin anglais Robert Fludd joue pour sa part un rôle essentiel dans la propagation de ces idées dans les Îles britanniques : elles influenceront beaucoup Francis Bacon au moment de rédiger son roman utopiste La Nouvelle Atlantide  (1622), best seller de l'époque. Et elles investissent même quelques têtes couronnées, comme celles de l'empereur Rodolphe II, de Frédéric V du Palatinat et de Gustave II Adolphe de Suède. Mais si l'idéal rosicrucien conquiert une partie de l'Europe humaniste, désespérée par les guerres de religion et en quête d'un nouveau souffle intellectuel, on ne compte toujours pas, en ce milieu du XVIIe siècle, la moindre société secrète de la Rose † Croix.

La fable d'Andreae et de ses compagnons va pourtant finir par prendre vie. Au début du XVIIIe siècle, après un léger essoufflement au cours des décennies précédentes, le phénomène rosicrucien renaît de plus belle. Et, pour la première fois, en 1710, est créé en Allemagne un authentique ordre rosicrucien, celui de la Rose-Croix d'Or, qui essaime dans les grandes villes, puis dans toute l'Europe centrale et jusqu'en Russie. C'est dans ces groupements, à l'organisation toutefois assez lâche, que naît la légende du rôle des Rose † Croix dans dans la naissance de la franc-maçonnerie.

Un mythe encore vivace

Mais le canular des origines resurgit, en 1777, quand deux francs-maçons berlinois, Bischoffswerder et Wöllner, fondent la « Rose-Croix d'or d'ancien système » pour attirer à eux des princes allemands passionnés d'ésotérisme et un brin crédules. Les deux hommes initient notamment l'héritier très mystique de la couronne de Prusse, ravi d'apprendre qu'il intègre une société secrète dont la filiation remonte à Adam lui-même, et impatient de découvrir les secrets qu'on lui promet sur la transmutation des métaux et l'allongement de la vie... Devenu roi de Prusse sous le nom de Frédéric-Guillaume Il, en 1786, il fera de Wöllner son Premier ministre et de Bischoffswerder son ministre de la Guerre. Les deux hommes, après avoir dicté au roi une politique obscurantiste contre les partisans prussiens des Lumières, seront finalement contraints de révéler leur supercherie et de dissoudre leur ordre.

Les avatars contemporains de la Rose † Croix sont tout aussi anecdotiques. La Societa Rosicruciana in Anglia, créée en 1865 à Londres, par deux francs-maçons, et dont l'accès est réservé à des frères de la Grande loge unie d'Angleterre, est un groupe chrétien travaillant sur les traditions kabbaliste et hermétique, qui, s'il existe toujours aujourd'hui, est plus que confidentiel. Carrément fantaisiste est pour sa part l' « Antique et mystique ordre rose-croix », créé aux États-Unis en 1915 par le docteur Harvey Spencer Lewis : selon lui, la Rose † Croix est une société millénaire ayant des origines égyptiennes, voire atlantes... Cette société n'en est pas moins la seule à revendiquer aujourd'hui le titre d'ordre « authentique » de la Rose † Croix. Sa doctrine, désormais très New Age, préconise l'accès au divin par la méditation et la prière. A cent lieues du message humaniste délivré en des temps troublés par Andreae et ses compagnons.

Une doctrine très inspirée

Si les sources des premiers manifestes de la Rose † Croix sont multiples et éclectiques, ils se révèlent aussi caractéristiques de la culture des milieux alchimiques de l'époque : offrant une synthèse de traditions antiques, notamment issues de la kabbale juive, du gnosticisme, du néoplatonisme ou de l'hermétisme, sa doctrine puise encore aux sources de la sagesse indienne.

Elle affirme que tous les individus sont des développements d'un être unique, la Monade ; l'homme, déchu de la divinité par sa révolte, doit la retrouver par l'extase et par le respect d'une vie sainte, toute d'esprit et d'amour : la droiture, la lutte contre les tendances mauvaises, l'intégrité de l'esprit, l'austérité des mœurs, la charité et la justice... permettent au rosicrucien accompli d'entrer dans le cœur humain du Saint-Esprit, qui unit l'homme à Dieu et lui confère ses dons – les « Maîtres inconnu », membres les plus savants de la confrérie, sont ainsi censés disposer de la Science totale, de la Pierre philosophale et de l'art de prolonger la vie indéfiniment... Au terme d'une « Réforme universelle », religieuse et sociale, les rosicruciens promettent en tout cas un retour à l'âge d'or de l'humanité.

Source : En partie tiré d'un texte de Charles Giol, agrégé d'histoire et diplômé du Centre de formation des journalistes, auteur entre autre de : De Jaurès à Hollande. Histoire de France de 1914 à nos jours
Il collabore à différents journaux tels que l'Express, Sciences et Avenir et le Nouvel Obs.

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