
La relation entre religion et pouvoir politique.
Le judaïsme, qui proclame le Dieu unique, Dieu de tous les hommes, n'a pu empêcher la division au sein de son propre camp. Ses débuts sont jalonnés de scissions et d'antagonismes, de schismes et de « retour aux sources ». Il y eut, au II" siècle avant J.-C., Matthatias (dirigeant politico-religieux juif du IIe siècle av. J.-C., fondateur de la dynastie des Hasmonéens ) et ses compagnons parcourant la Judée pour imposer la « vraie foi » et forcer les juifs « impies » à se soumettre à la Loi de Moïse. Il y eut les sicaires, sous l'Empire romain, sillonnant la ville, poignard (« sica ») à la main pour assassiner en pleine rue leurs semblables, qu'ils estimaient trop proches des Romains. Il y eut, au sein de l'ère chrétienne, les sadducéens, les esséniens, les zélotes et les pharisiens, quatre courants idéologiques, divisés sur la nature du judaïsme. Bref, cette religion, comme d'autres, a dû constater qu'elle pouvait, hélas, prendre le chemin inverse de celui qu'elle souhaitait emprunter. Elle qui voulait l'union, la paix et le partage devenait une machine de guerre dès lors que certains de ses représentants se prétendaient propriétaires exclusifs de ses valeurs et exigeaient l'application de la vérité dans la vie des hommes.
La genèse du judaïsme nous montre justement que la relation à Dieu se passe de rois, de territoires, de temples, de clergés, d'icônes ; cette religion est d'abord une parole. Une « patrie portative », pour reprendre la superbe expression du poète allemand Heinrich Heine. Qui s'étudie, se médite, s'interprète, se transmet. Nous devons à Moïse et ses disciples l'idée que l'homme, dans son rapport à Dieu, n'a pas besoin d'une institution ou d'un souverain qui lui traduirait la loi divine et qui lui dirait comment la vivre. Nous lui devons, pense le chercheur Thomas Römer, l'origine de l'idée de séparation entre religion et pouvoir politique. L'idée que le gouvernement des hommes ne doit pas dicter le gouvernement des âmes.
Seul DIEU libère des dieux

Le judaïsme naissant nous a placés devant cette question qui, quatre mille ans après, n'a rien perdu de sa pertinence : la seule manière de se libérer des dieux n'est-elle pas de croire en Dieu ?
REDACTEUR EN CHEF
GEO HISTOIRE