Le Diable, cœur historique du satanisme

Le diable
Al Chaytan, le Diable, Satan, Lucifer, Iblis, Belzébuth…, autant de noms divers(1) qualifiant la créature personnifiant le Mal à l'état pur dans de multiples traditions religieuses. Ce personnage essentiel du système religieux judéo-chrétien apparaît dans le sillage du paganisme et des sectes juives apocalyptiques. Mais quelle est donc l'origine de Satan ? Le Diable n'a pas été créé par le christianisme mais il a été repris de croyances païennes et utilisé pour manipuler le peuple en lui faisant peur. En Europe, il est craint pendant tout le Moyen Âge et tenu responsable de l’ensemble des maux humains, à tel point que ses soi-disant suppôts sont brûlés sur des bûchers. L'Inquisition voit le diable partout et c'est un moyen facile pour se débarrasser de ses opposants et de ses ennemis. Une simple accusation de sorcellerie pouvait vous conduire au bûcher.


Il faut attendre le XVIIe siècle pour voir le Diable se métamorphoser en un être fascinant pour certains, inexistant sous sa forme physique pour d’autres, voire en un personnage très embarrassant.

L'étymologie du Diable

Le mot Diable vient Du grec « diabolos » qui signifie « ce qui sépare » : le diable est l’antithèse du symbole, « symbolos », qui « réunit ».

Satan vient de l'hébreu, « satan » qui signifie « accusateur » ou « calomnieur ». Ses origines sont diverses :
un verbe hébreu, proche de « satan », signifie en effet « calomnier » ou « s’opposer à », alors qu’un autre nom hébreu, lui aussi proche de « satan », désigne la personne chargée de l’accusation dans un tribunal religieux hébraïque.

Lucifer fait référence aux termes latins « lux » (lumière) et « ferre » (apporter) : Lucifer serait donc le « porteur de lumière ». Lucifer était le nom utilisé par les astrologues romains pour désigner la planète Vénus, l’« Étoile du Matin ». Des querelles de spécialistes et d’exégètes existent quant à la nature de Lucifer : doit-il être rattaché au Mal (il serait un ange déchu) ou renvoie-il plus simplement à un roi babylonien ayant combattu les Hébreux ?

Le Diable judéo-chrétien et ses racines païennes

Les racines du judaïsme et du christianisme sont imprégnées des conceptions païennes du Mal et l’accent est placé sur « le mythe du combat » entre deux puissances opposées.

Ainsi, les aspects physiques du Diable les plus connus, (couleur rouge, cornes, pieds fourchus, bestialité et monstruosité) sont les fruits de l’héritage mythologique de diverses civilisations, de l’Égypte pharaonique (avec le dieu Seth, divinité malfaisante représentée comme un porc au groin rouge), à la Grèce antique (avec le dieu de la luxure Pan, poilu, cornu et affublé d’une tête de bouc) en passant par l’Assyrie mésopotamienne (avec le démon ailé Pazuzu possédant une tête de chauve-souris et une queue de scorpion) et les peuplades celtiques et nordiques (avec les dieux Thor, Loki et Odin, ou encore la divinité cornue Cernunnos). De même, diverses cosmogonies babyloniennes, cananéennes ou gréco-latines, fondées autour du combat entre divinités (Gilgamesh et Huwawa, Baal et Mot, Zeus et les Titans, Hercule et l’Hydre de Lerne) ont également insufflé, au sein de l’univers judéo-chrétien, des conceptions particulières du Mal en promouvant notamment l’idée d’un être malfaisant aspirant à la toute puissance et défiant, pour ce faire, les divinités bienfaisantes.

Mais c’est auprès du mazdéisme zoroastrien que se trouve la plus forte influence païenne sur la conception judéo-chrétienne du Diable. Le mazdéisme, défini par Zoroastre, 600 ans avant Jésus-Christ, décrit l’affrontement perpétuel entre deux puissances divines autonomes, le bon Ahura Mazda et le mauvais Ahriman. Cette conception diffère des traditions païennes évoquées précédemment dans le sens où celles-ci ne postulaient ni un dualisme intégral (le Mal n’était pas aussi puissant que le Bien), ni la personnification unique du Mal. Ces grands mythes mésopotamiens, gréco-latins et mazdéens, aux contacts desquels les Hébreux, puis les chrétiens, furent soumis pendant plusieurs siècles, imprègnent largement l’imagerie biblique de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Livre d'Enoch
Fragment du Livre d'Enoch
Dans la conception hébraïque, l'origine du Mal a évolué. Dieu, qui ne peut être que bon par nature, a chargé de fidèles serviteurs spirituels de la responsabilité du Mal. C’est ainsi qu’est créé le titre de satan (qui n’est pas une personne à ce moment-là) pour définir cette catégorie de serviteurs à qui il est demandé d’« accuser ». Peu à peu, le satan devient le « bouc émissaire » de Dieu. Mais il ne s'agit pas encore pour autant d'une personnification même du Mal. Pour ce faire, il faut attendre les écrits apocryphes du IIe siècle avant Jésus-Christ et l’éclosion de nombreuses sectes juives. Le satan est transformé en Satan.

Pourquoi cette évolution ?

D'après les experts, c'est l’influence du mazdéisme perse et de ses mythes du combat qui force les théologiens à opposer le Bien au Mal.

Cette conception est reprise par les philosophes et les prophètes. Le Diable judéo-chrétien n'est plus le satan des premiers temps, il devient une « création de la littérature apocryphe apocalyptique » de multiples sectes juives des deux derniers siècles avant Jésus-Christ. On trouve notamment des livres comme le Livre d’Adam, le Livre d’Hénoch ou encore le Livre des Jubilés. Bien que souvent divergents, ces livres présentent comme élément central l’ange déchu qu’est Satan (parfois appelé Mastema ou Lucifer) et sa cohorte d’esprits rebelles, les démons (Sammaël, Azazel, Belial).
 

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