Les sorciers sont craints des petites gens

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Les devins eux-mêmes accusèrent les confrères qu'ils voulaient décrier, de commercer avec l'enfer. La crainte que ces derniers inspirèrent prit la place du respect ; et tous ceux qui voulurent se faire craindre se donnèrent pour sorciers. Ils se multiplièrent tellement que, dans des temps peu reculés, chaque village possédait encore les siens.

Mais, outre les sorciers qui se donnaient pour tels, l'ignorance en faisait tous les jours. Les grands hommes, les mathématiciens, les artistes tant soit peu habiles, les bateleurs même, passèrent pour sorciers ou magiciens. Les hérésies et les schismes en produisirent des multitudes. Dans la religion chrétienne, surtout, chaque parti traitait d'amis du diable ceux des partis opposés. On est fort étonné de voir accusés de magie, Orphée, Numa, Pythagore, Mahomet, Luther et mille autres qui n'étaient que des imposteurs, et qui, comme la plupart des anciens conquérants, trouvaient dans la crédulité des peuples un chemin à la domination, et domptaient par les craintes religieuses. Des milliers de forfaits furent inspirés par la superstition.


Néanmoins on voit toujours subsister les traces déplorables des superstitions. Les démons et la magie ont produit le dualisme. On a vu le mal plus répandu que le bien, et on a été jusqu'à croire que le principe du mal, les démons, étaient au moins aussi puissants que DIEU, le principe du bien. Pour peu qu'on ait le jugement sain, tous les désordres de ce monde ne peuvent faire douter un instant de l'unité de DIEU ; mais le dogme des deux principes n'en a pas moins eu de nombreux partisans. On en attribue l'origine à Zoroastre. Les manichéens l'ont professé ouvertement et il ne s'est si généralement répandu dans tous les siècles, que parce qu'il flatte la faiblesse humaine. Vainement on croit cette opinion éteinte mais elle sera reçue tant qu'il y aura des esprits faibles sur la terre. On pourrait compter aujourd'hui des millions de dualistes, à qui il ne manque que le nom de manichéens.


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