Le méchant en a fait un monstre;
l'ambitieux, un potentat;
le lâche, un barbare;
le fanatique, un tyran qui ne respire que la vengeance;
l'honnête homme seul se l'est représenté comme un père.
Cependant, la plupart des religions sont pures, dans leur origine. Ici, c'est un être créateur, à qui on offre les premiers fruits de la terre ; là , c'est le soleil, qu'on adore comme le père de la lumière et de la fécondité ; ailleurs, une providence invisible ; honorée par des cœurs sans détour : la clémence et l'amour forment toute son essence ; l'univers est son temple et la nature proclame sa grandeur, et surtout sa bonté.
Mais ce culte est trop simple pour l'homme, ami du merveilleux et du mensonge. Il a fallu créer des fables, inventer des cérémonies. Ce premier pas, en occupant l'esprit par des objets extérieurs, fit oublier celui à qui on croyait rendre hommage.
Bientôt les mœurs se corrompent, les vices se répandent ; les uns les consacrent, en les donnant à leurs dieux ; les autres inventent les mauvais esprits, à qui ils attribuent tout le mal qu'ils font, en se réservant toutefois l'honneur du peu de bien qu'ils peuvent faire. De là , un Jupiter incestueux et parricide ; une Junon vindicative et jalouse, un Mars emporté et cruel, une Vénus prostituée, un Mercure voleur, etc. De là aussi les Arimane, les Satan, les Até, les Moloch, le dieu du mal des Mexicains, et tous les génies malfaisants.
Ainsi, entouré de démons qui sont les ministres redoutables de ses vengeances, DIEU est craint s'il n'est aimé. On l'apaise par des sacrifices ; on gagne ses bonnes grâces en ensanglantant son autel ; on déchire le sein des êtres vivants, pour plaire à celui qui leur a donné la vie ; on lui vend les animaux qu'il a créés, et l'homme dispose de ce qui n'est point à lui. La superstition s'étendit plus loin encore : elle enfonça le couteau dans le cœur de l'homme, et offrit à DIEU, comme un acte expiatoire, le plus horrible des forfaits.
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