D'obscurs écrivains, que certains lecteurs recherchent, et que les sots admirent, soutiennent les préjugés qui défendent le mensonge et prétendent que la tradition effrayante de l'histoire des revenants est dans les intérêts de la morale ; que la peur des
prodiges surnaturels des apparitions est une espèce de tribunal invisible, qui exerce une influence très salutaire sur les consciences, et qui semble être le précurseur de la justice céleste ; que ce Code pénal-moral avait beaucoup de puissance parmi le peuple ; que l'appréhension du sorcier empêchait bien des crimes, etc., et mille autres impertinences qui, accompagnées d'anecdotes bien plates et bien effroyables, ne tendent qu'a ramener l'erreur dans les esprits faibles et à faire culpabiliser les gens.
Qu'on jette donc les yeux sur les
temps de barbarie, et qu'on voie s'il s'y commettait moins de meurtres, moins de vols, moins de trahisons qu'aujourd'hui. Si la superstition empêchait un crime, elle en inspirait mille autres. Pour un homme qu'elle retenait dans le droit chemin, elle faisait cent
bourreaux et dix mille victimes. Lisez
l'histoire de l'inquisition, vous y trouverez souvent plus de condamnés en un jour que nos tribunaux n'en jugent en un an.