Les superstitions sont comme des repères sur une carte routière

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Qu'on ne s'y trompe point, le peuple s'attache aux cérémonies, aux pompes, à tout ce qui l'étonne ; il croit tout, d'une foi robuste, tant que ses yeux sont encore fermés ; mais qu'il s'éclaire et il découvre le mensonge où il croyait trouver la vérité. Il devient bientôt plus incrédule que l'homme instruit, parce que, incapable de rien discerner, il confond les dogmes de l'existence de DIEU et de l'immortalité de l'âme avec les miracles de la sainte ampoule et les histoires de revenants. Une seule erreur découverte lui en fait soupçonner mille. On peut conclure de là que l'incrédulité nait souvent de la crédulité trop abusée.


La superstition qui s'attache à toutes les religions, comme du chewing-gum à vos semelles, finit toujours par les détruire. Elle seule voit son règne éternel. Les siècles passent sans l'affaiblir, et le temps ne brise point son sceptre de fer. Elle maîtrise tous les cœurs, même celui de l'athée ; et tel ne croit plus à DIEU, qui croit encore aux démons, aux présages et aux songes.

On pourrait trouver l'origine de toutes les superstitions dans ces quatre causes, qui souvent logent ensemble dans le même cœur :
l'ignorance,
l'orgueil,
le fanatisme,
la peur.

Les maladies inconnues, les accidents peu communs, les phénomènes, les événements qui passaient le cours ordinaire des choses, furent attribués aux démons, ou à des hommes qui se servaient de leur puissance. On préféra rejeter sur des êtres surnaturels les merveilles qu'on ne comprenait point, que d'avouer son ignorance. Les prodiges furent si bien reçus, que tout finit par devenir prodige. Toutes les vieilles histoires en sont pleines. Nembrod, chez le Chaldéens ; Menès, en Égypte ; Bélus, en Assyrie ; Licurgue, à Lacédémone ; Inachus, à Athène ; Numa, chez les Romains, etc., sont entourés de prodiges.

Le désir de dominer et de s'élever au dessus des autres hommes engendra les devins et les astrologues. On remarqua le cours des astres, leur existence inaltérable, leur influence sur les saisons et la température : on imagina de leur attribuer le même pouvoir sur les êtres libres et indépendants ; on étudia leur marche, et on trouva écrit, dans des masses incalculables de documents, le sort de l'homme avec toutes ses variations. De nos jours encore, nombreux sont ceux qui ouvrent le journal directement à la page de l'horoscope.

Les Chaldéens, qu'on se plait à regarder comme les premiers astrologues, étaient déjà fort adonnés à l'astrologie du temps d'Abraham. J'ai lu, dans les registres du ciel, tout ce qui doit vous arriver, à vous et à vos fils, disait Bélus à ses crédules enfants, et je vous dévoilerai les secrets de votre destinée.

D'autres, sans chercher les choses de la terre dans les signes du ciel, les virent dans les songes, dans le vol des oiseaux, dans les entrailles des victimes, dans le mouvement de l'eau, dans les feuilles agitées du vent, dans le chant du coq, dans les lignes de la main, dans les miroirs, et plus récemment dans les cartes, dans les rides du front, dans les traits du visage, dans les tubérosités du crâne, etc.. Toutes les nuances du caractère de l'homme, ses pensées les plus cachées, les secrets impénétrables de l'avenir, se trouvent dans une multitude de choses du quotidien. Les devins devinrent pour ainsi dire des dieux, en distribuant aux mortels les espérances et les craintes, les bonnes et les mauvaises destinées. La divination et les superstitions s'appuient sur le constat évident que l'homme n'est pas Dieu et qu'il n'est pas doté de la « connaissance ». Du coup, l'homme à besoin de repères comme le voyageur s'appuyant d'une carte routière pour trouver son chemin.


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