Un métier de femme pratiqué par les sorcières

Panoplie de sorcière : chat noir, chapeau, balai
La sorcellerie, comme son nom l'indique, est un « métier » pratiqué par les sorciers et les sorcières. Mais c'est surtout à ces dernières qu'il est associé car dans les temps anciens c'était avant tout les femmes qui la pratiquaient. La principale raison était que les femmes restaient à la maison pour cuisiner et s'occuper des enfants tandis que les hommes sortaient pour gagner leur vie et faire survivre leur famille. Certaines de ces femmes aidaient les personnes de leur communauté à guérir de leurs maladies. Elles employaient ce qu'on appelle communément des « remèdes de bonnes femmes ».

La sorcellerie est également connue sous le nom de « l'Art du sage ». Elle est ainsi appelée parce que ceux qui la pratiquent ont bien souvent vécu proche de la nature et ont soigné des malades. Ils ont une grande expérience de la vie et ont réussi à décoder les propriétés curatives de diverses herbes et plantes médicinales. Ils sont érudits et ce sont les détenteurs de la Connaissance avec un grand C. Les sorcières au Moyen Âge n'étaient pas seulement des sorcières de magie noire, elles procédaient aussi aux accouchements et, pendant longtemps, elles tinrent le rôle de sages-femmes.

 

Les chasses aux sorcières

Anne Hendriks conduite au bûcher
Anne Hendrinks conduite au bûcher - Amsterdam 1571
Au fil du temps la sorcellerie a progressivement été considérée comme un mal. On se souvient des chasses aux sorcières du Moyen-Age qui ont fait des ravages, y compris aux États-Unis avec le tragique épisode des Sorcières de Salem. De nombreuses femmes ont péri brûlées sur le bûcher pour acte de sorcellerie. Tout cela est principalement dû à la superstition et aux religions. L'onanisme était même considéré comme un acte de sorcellerie.

La sorcellerie regroupe des pratiques qui font plus d'elle un « métier » qu'une religion. Mais les sorcières ne suivent aucune religion si ce n'est la leur, qu'on appelle souvent Wicca. Ce courant de pensée pose la base des croyances et des principes de la sorcellerie, un genre de dogme. Par conséquent, la sorcellerie est souvent identifiée à une religion. Ceci n'a jamais été accepté par la religion catholique qui rejette toute autre religion. Selon la religion catholique monothéiste, il ne peut exister qu'un seul Dieu et donc qu'une seule religion. Toutes les autres formes de pensée sont rejetées et considérées comme du paganisme ou des rituels païens. Le Clergé catholique voyait en elles la signature du Diable et s'est mis à monter la population contre les sorcières pour s'accaparer les fidèles. En effet, toute personne qui avait des contacts avec les sorciers était déclarée infidèle et ne pouvait prétendre au salut de son âme au Paradis. La seule destinée après leur mort était l'Enfer. De quoi facilement persuader une population qui n'avait que très peu d'instruction.

Rassemblement de sorcières

Chaque année, la fête des Cucurbitades à Marchiennes ravive le souvenir des procès en sorcellerie
Le phénomène de la chasse aux sorcières n'a pas fini de hanter l'Occident. Une telle manifestation de haine et de violence à l'égard des femmes accusées de sorcellerie dépasse l'entendement. Honorer la mémoire de ces femmes c'est faire l'éveil devant la crainte de nouvelles formes d'inquisition, c'est dénoncer tout discours fondamentaliste qui se présente comme une vérité immuable. Il faut être conscient qu'on cherche des boucs émissaires responsables de tous les maux de la société. Le Moyen-Age n'est pas si loin et de nos jours on rencontre encore dans certaines région du globe des pratiques barbares qui s'apparentent à l'Inquisition. Le monde ferme les yeux pour ne pas déranger.

Comment se pratique le métier de sorcière ?

Les sorcières travaillent seules ou en groupes appelés clans (ou « coven »). Le principal avantage de travailler seule est de pouvoir pratiquer son art immédiatement. L'initiation se fait à son propre rythme et on ne doit pas attendre que le groupe se décide à vous initier à la magie. Il n'y aura pas d'étape à franchir ni de diplôme à obtenir. C'est vous qui décidez quand vous serez prête. Alors que dans un clan il faut respecter les règles et faire ses preuves avant de pouvoir enfin pratiquer des rituels de sorcellerie par soi-même. Un clan fonctionne un peu comme une société secrète avec ses lois et ses interdits.

Une assemblée de sorcières
Assemblée de sorcières

L'avantage de travailler dans un clan est de pouvoir apprendre plus de choses et plus rapidement grâce à l'expérience de tous les autres membres. Une prière collective démontre également plus de puissance qu'une incantation individuelle. Elle permet notamment d'invoquer des égrégores. La magie sera plus forte.

Les cultes et les rituels

Cérémonie de sorcellerie
Les sorcières connaissent le pouvoir de la prière et pratiquent des cultes et des rituels. Elles utilisent tout ceci pour résoudre les problèmes qui affligent le peuple. Elles l'ont fait dans le passé et elles continuent de le faire dans le présent. Les chants positifs sont bien souvent utilisés dans les prières. Lorsqu'elles sont utilisées avec attention et avec conviction, les incantations produisent une puissante énergie.

L'environnement de culte doit être spécial pour qu'il soit propice à la performance de la magie. Les sorcières utilisent souvent des bougies parfumées et brûlent de l'encens. Elles dessinent des cercles sur le sol tout en prononçant des paroles ou des chants adaptés au besoin du rituel.

Les sorcières croient aussi en la théorie du karma. Elles s'imaginent que les bonnes actions, tout comme les mauvaises, reviennent toujours par trois fois. C'est ce qu'elles appellent la loi du triple retour.
 

La vérité sur les sorcières

Lac Trévis
Le Lac Trévis : un repaire de sorcières
Les sorcières aiment et adorent la nature dans toutes ses manifestations. Elles vénèrent profondément la terre, le soleil, la lune, les étoiles, les planètes, les arbres, les animaux, les forêts, les nuages, la pluies, les océans, les rivières et lacs. Elles se sentent intimidées et mystifiées face aux humeurs changeantes et aux formes de la nature et les considèrent comme des signes avant-coureurs du changement, de bon augure ou inquiétants. La sorcellerie est proche du paganisme.

Les sorcières d'antan avaient une connaissance profonde des propriétés des arbres, des plantes et des herbes. Elles avaient par exemple des penchants pour les chênes qui étaient considérés comme sacrés. C'est d'ailleurs dans les chênes que les druides partaient cueillir le gui. Cette plante était considérée comme précieuse. Elle était utilisée pour la guérison de certaines maladies et entrait dans la réalisation de nombreux rituels. Le gui était récolté au solstice d'été en utilisant une faucille en or. Il était ensuite haché, puis déposé sur un morceau de tissu pour l'empêcher de tomber sur le sol. La poudre de gui servait d'ingrédient à différentes potions magiques.
 

Des études historiques

La sorcière de Michelet
La Sorcière de Michelet
Le premier historien occidental à avoir fait de la magie un sujet d'étude à part entière est Jules Michelet (1798-1874), dans La sorcière (1862). Son étude est considérée aujourd'hui comme une véritable œuvre littéraire.

Il est vrai que l'histoire telle qu'il la pratique n'a pas les mêmes enjeux que de nos jours. Néanmoins, il est le premier à s'être penché sur ce que pouvait représenter la magie au Moyen Âge et à l'époque moderne. Il fut le premier à avoir utilisé la figure de la sorcière au moyen âge pour mettre en évidence le système de domination religieuse médiéval fondé sur le patriarcat. Il n'est donc point étonnant que La sorcière soit une apologie de la femme, en tant que victime de ce système oppressif, et de la sorcière, exaltation de la féminité à travers sa transgression de l'ordre patriarcal.


Cette étude occulte tout à fait l'histoire de la magie écrite, s'adonnant dans une première partie à la description d'une figure fictive de sorcière. C'est la seconde partie, consacrée aux procès de sorcellerie qui est véritablement historique. Néanmoins, le travail de Michelet demeure pionnier et ne peut qu'être loué, ne serait-ce que pour la beauté de sa prose.

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