L'exercice des Questions - Réponses

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Stéphanie C. : et pour les maladies cardio-vasculaires, le cholestérol et l'obésité ? La viande y joue-t-elle un rôle ?

Dr. Causse : Oui, là encore en cas de surconsommation. Plusieurs études épidémiologiques aux US disent que oui, mais des études épidémiologiques en Europe ne voient pas trop de différence à ce niveau...


Ce qui est certain c'est qu'un "omnivore" en Europe et aux US, ce n'est pas du tout la même quantité de viande consommée. Mais il y a là aussi des incertitudes : consommation de sucre très différente aussi, notamment. En Asie, l'augmentation de consommation de viande est associée à une augmentation aussi des maladies cardiovasculaires. Mais c'est plus délicat : il y a aussi une diminution des autres causes de mortalité associés aux pays en voie de développement (et donc forcément, plus de maladies CV). Donc ça peut être la viande, ou ça peut être toutes les centaines d'autres facteurs liés au développement du niveau de vie...

Concernant l'Homme avec un grand H et l'environnement. Pour le coup, là encore, les études tendent à indiquer que les plus écologiques sont les régimes ovopescolactovégétariens, suivis par un régime omnivore à 20% de viande, le véganisme ne vient qu'après ces deux là, de mémoire. Ça c'est en termes de surface totale utilisée. Concernant les GES, il est clair que la viande de ruminant est très mauvaise à ce niveau, si elle vient de fermes intensives. Sur des fermes extensives et des pâturages, ça a un impact faible, voire dans certains cas positif (certains pâturages dits « holistiques » devenant des puits de carbone). Même constat en ce qui concerne la consommation d'eau, et la biodiversité. De manière générale, les élevages intensifs sont néfastes, et extensifs bien meilleurs, voire neutre ou positifs (en fonction de l'animal élevé, et le contexte). Les volailles par exemple peuvent être très bénéfiques dans certains contextes.

Stéphanie C. : Et les œufs et les produits laitiers ? Je suis devenue végétalienne pour ma santé et pour l'environnement. Je ne mange pratiquement que des légumes et fruits bio issus de circuits courts, des oléagineux et des légumineux. Et je me sens beaucoup beaucoup plus énergique qu'avant et mes analyses de sang sont très bonnes.

Dr. Causse : Pour le lait et les œufs, c'est la même question que pour la viande : est-ce d'un élevage intensif ou extensif ? Pour le lait et les œufs (et les viandes aussi d'ailleurs). Leur qualité nutritionnelle dépend beaucoup du mode d'élevage. Le lait et les œufs ont souvent été diabolisés, notamment à cause de l'IGF1 et les matières grasses, par le passé. A présent ce n'est plus trop d'actualité... L'IGF1 sanguin augmente avec n'importe quelle consommation de protéines, animales ou végétales... Quant aux matières grasses, elles sont souvent riches en insaturés à longue chaîne. Parmi les plus intéressants, donc. Et le cholestérol de l'œuf n'augmente pas le sanguin : notre corps a besoin de 900mg de cholestérol par jour, si on en mange pas assez (ce qui est normalement le cas : notre alimentation apporte 300mg par jour en moyenne), le foie produit le cholestérol qui manque. Et vu que c'est une molécule qui se recycle, si on en mange plus de 900 un jour, le corps ajustera le jour suivant...

L'œuf et le lait sont aussi d'excellentes sources de protéines, elles sont très digestibles et particulièrement riches en aa essentiels. [NDLR : Acides Aminés]

Et c'est là qu'intervient Aurélie, une future diététicienne à moitié végan et antispéciste qui nous récite sa leçon (notez-bien qu'elle n'est en rien une diététicienne) :

Aurélie S. : La viande de bœuf élevé en plein air, nourri aux fourrages et à l’herbe, qui a grandit selon un rythme « naturel » ne pose pas de problème au sein d’une alimentation équilibrée, il en va de même pour les poulets nourris au grain etc. Malheureusement c’est de plus en plus rare et la majeure partie des consommateurs veulent de la viande bon marché et en manger tous les jours, on retrouve donc de la viande cancérigène.

En ce qui concerne les œufs c’est le même problème, aujourd’hui les œufs contiennent plus d’oméga 6 que d’oméga 3, alors que l’équilibre est important. Si les poules mangent des graines, de lin notamment, les œufs contiennent un apport intéressant. Les ALA et la DHA des œufs des poules élevées au grain sont bénéfiques, en sachant que la DHA se trouve difficilement dans une alimentation végétalienne.

L’œuf et la viande, qui ont été accusés de bien des maux, retrouvent aujourd’hui leur place. Les études démontrent que les maladies cardiovasculaires et le cholestérol seraient plutôt une conséquence du sucre, des aliments ultra-transformés etc.

Quant au lait, même rengaine, il faut savoir le choisir. Dans l’absolu il ne pose pas de problème, dans une consommation raisonnée, si une personne le digère et est en bonne santé. En revanche, il faut le limiter en cas de maladie inflammatoire.

Voilà pour mon avis de future diététicienne (mais malheureusement ce n’est pas dans mes cours que j’apprends vraiment...)

Pour conclure, personnellement, j’ai fait le choix de ne plus manger de viande par sensibilité. Je dois limiter ma consommation de lait à cause de mon endométriose et l’exploitation des vaches me pose problème.

Les œufs et les poissons gras sont très utiles pour freiner ma maladie donc je mange des œufs et rarement du poisson gras.

Je mange beaucoup de graines et d’oléagineux et j’évite le sucre raffiné, les aliments transformés etc.

Pour ne pas s'attarder sur son cas névrotique, quelques énormités trouvées dans les conclusions et la FAQ du rapport de l'OMS sont alors relevées par notre envoyé spécial :

Emile : Point 6. Manger de la viande crue est-il plus sûr ?

Le Groupe de travail du CIRC ne disposait pas de données pour répondre à cette question

Alors ils affirment que la viande est cancérigène mais sur une question précise ils sont incapables de répondre. Pourtant il n'y a que 4 réponses possibles : crue, cuite, les deux, aucune. S'ils étaient vraiment convaincus de leurs affirmation ils auraient répondu « les deux » ou alors ils disposaient vraiment de données fiables pour choisir l'une des deux premières réponses. Mais ils ne savent pas. C'est donc qu'ils ne sont pas convaincus et/ou qu'ils ne disposent d'aucune donnée réellement fiable pour affirmer ce qu'ils disent.

Point 16. Devrait-on arrêter de manger de la viande ?

Réponse : la consommation de viande a des bénéfices reconnus pour la santé.

Ça c'est évident et on le sait depuis des centaines d'années pour ne pas dire des milliers d'années. Conclusion : il ne faut surtout pas arrêter d'en manger !

Point 19. Pouvez-vous comparer le risque de manger de la viande rouge et le risque de manger de la viande transformée ?

la consommation de viande rouge n'a pas été reconnue comme une cause de cancer.

Là c'est carrément contradictoire avec ce qu'ils annoncent au début. Donc la viande n'est pas reconnue comme une cause de cancer. Si c'est que la viande transformée qui est reconnue comme cause de cancer ça vient peut-être de la transformation et non de la viande elle-même. Par exemple si on mange des beignets au pommes cuits dans de l'huile de vidange c'est pas les pommes qui sont en cause.

Le Docteur Causse apporte quelques précisions :

Dr. Causse : Non, pas du tout. Ils le disent eux même : la viande transformée EST cancérigène, et ça c'est sûr. La viande rouge seule est cancérigène PROBABLE, c'est à dire qu'ils ont des indices crédibles, sans être sûrs à au moins 95%.

C'est une question statistique et de certitude. Lorsque l'on voit une « augmentation » en Science, il faut établir si cette augmentation n'est pas simplement due au hasard.

Pour prendre un autre exemple : le piment contient de la capsaïcine (la molécule qui donne le piquant). Or cette molécule endommage l'ADN de nos cellules. Elle peut donc en théorie provoquer un cancer. Mais personne n'a démontré que la consommation de piment ne provoque des cancers. Autre exemple : la poire contient du formaldéhyde, là encore cancérigène, mais manger des poires ne provoque pas pour autant des cancers (ou du moins on n'est pas sûrs).

Tout cela est parfaitement scientifique. Le rapport de l'OMS (ce n'est pas UNE étude au passage, hein, mais la compilation de plusieurs centaines d'études, avec souvent des résultats contradictoires). Quand un scientifique présente un résultat, il le fait toujours avec beaucoup de précaution. Et dans le domaine de la nutrition en particulier où il y a des centaines de paramètres confondants. UNE étude ne peut pas répondre à ce genre de question de manière définitive. A moins que vous ayez un protocole expérimental à proposer ?


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