Chronologie historique de la sorcellerie depuis l'antiquité

La sorcellerie dans l'Antiquité

Chronologie sorcellerie

Dès l'antiquité, la sorcellerie entraîne pour ceux qui s'y livrent les peines les plus sévères. On rencontre les premières traces de cela dans la Bible. Chez les anciens Hébreux, les coupables de sortilèges sont punis de mort.


Dans le Lévitique (19,31 ; 20,6), Moïse prononce la peine de mort contre les nécromanciens. Cependant, il parait que ces croyances persistèrent malgré les sévères défenses de Moïse.


On trouve chez les Juifs comme chez les Syriens une horrible pratique de nécromancie : ils tuent un enfant en lui tordant le cou, lui coupent la tête, salent ou embaument cette tête et la placent sur une laine de métal où est gravé le nom de l’esprit ou de la divinité qu'ils veulent évoquer. Il en tirent des oracles.


En Grèce, la nécromancie est ouvertement reconnue : elle a ses temples. Les Thessaliens, surtout, sont renommés comme nécromanciens ; ils arrosent de sang chaud un cadavre et en tirent des réponses concernant l'avenir. Cette pratique s'appelle la sanguimancie.


Des pratiques à peu près semblables se retrouvent à Rome ; mais au lieu de cadavres, ce sont les ossements du mort qu’on arrose du sang de la victime, et d’ordinaire on choisit les os du crâne.


Chez tous les peuples anciens l'évocation des ombres est en grand honneur : on la pratique dans l'Inde, chez les Perses et les Assyriens, et, de la haute Asie, elle passe en Grèce, puis chez les Latins.


En 51, le Sénat romain chasse les astrologues d'Italie.


Vers 222, Le théologien Tertullien met en garde ceux qui pratiquent la nécromancie car les démons les trompent en se faisant passer pour les esprits des morts invoqués.


En 319, un édit de Constantin limite les activités des aruspices et proscrit les pratiques de magie.


En 331, le philosophe porphyrien Sôpatros, accusé de magie, est décapité à Constantinople. Ce n'est que le début d'une longue série de condamnations qui ne vont s'arrêter qu'au milieu du XXème siècle.


Les conciles de l'église catholique

Du 20 mai au 25 juillet 325 se tient le premier concile de Nicée, en Bithynie (Turquie). Il est considéré comme le premier concile œcuménique par les Églises chrétiennes. Les anathèmes condamnant les enseignements d'Arius y sont annexés. L'arianisme fut dès lors qualifié d'hérésie. Les Wisigoths d'Hispanie restèrent cependant ariens jusqu'à la fin du VIe siècle et les Lombards jusqu'au milieu du VIIe siècle. Mais ce qu'il faut retenir est le concept d'hérésie car il sera appliqué plus tard à la sorcellerie.


En 364, le concile de Laodicée en Phrygie (Asie Mineure) défend aux prêtres et aux clercs d'être magiciens, enchanteurs, mathématiciens ou astrologues, de faire des ligatures ou des phylactères (amulettes) et commande de chasser de l'Église ceux qui en font l'usage. Il est intéressant de noter que les mathématiciens étaient à l'époque considérés comme des hérétiques par l'église catholique.


En 367, le concile de Rome, composé de 44 évêques, condamne les paterniens ou vénustiens, disciples de Symmaque le samaritain, qui attribuent au diable la formation des parties inférieures du corps humain et permettent qu’on s’en serve à des fins criminelles.


En 385 à Trèves, Priscillien est convaincu de « maléfice » et de pratiques immorales. Il est condamné à mort et exécuté, avec 6 de ses disciples dont une femme : ils sont les premiers dans l’histoire à subir la peine de mort pour hérésie (mais ce ne sont pas encore des mathématiciens).


En mars 415, à Alexandrie, l'évêque Cyrille accuse la mathématicienne, philosophe et astronome Hypatie, qui dirige l’école néoplatonicienne et dispense un enseignement public, d'être impie, de pratiquer la magie et d'ensorceler beaucoup de gens par ses dons sataniques. Elle est mise en pièces à coups de tessons puis ils chargent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les détruisent par le feu.


En 430, Augustin d'Hippone distingue deux types de magie : une forme « plus détestable », la goétie, et une forme « plus honorable », la théurgie.


En 447, le concile de Tolède condamne l’astrologie et d'autres pratiques divinatoires.


En 452, le concile d’Arles ordonne que « si quelqu'un allume des flambeaux, rend un culte à des arbres, à des fontaines ou à des pierres, ou bien néglige de les détruire, il soit réputé coupable de sacrilège ».


En 465, le 16e canon du concile de Vannes stipule que « sous peine d'excommunication, les clercs ne doivent se livrer à la divination par le sort des saints et la sainte écriture ».


La loi salique, écrite à la fin du règne de Clovis (481-511), le plus ancien de nos codes, mentionne, dans son paragraphe 67, le cas d'accusation sans preuve :

Quiconque en appellera un autre "sorcier" ou l'accusera d'avoir porté la chaudière au lieu où les sorciers s'assemblent et ne pourra le prouver sera condamné à 2 500 deniers d'amende.  


Dans la même loi salique on trouve un article à l'encontre des stryges :

Si une stryge a mangé un homme, et qu'elle en soit convaincue, elle paiera une amende de huit mille deniers, qui font deux cents sous d'or.  


En 517, le concile d'Epaone défend aux clercs de se livrer à la magie.


Le Concile de Braga (561-563), soutenu par le pape Jean III, dresse la liste des démons : Abigor, Abrasax, Adramelech, Agaliarep, Aguarès, Aloger, Amducias, Aamon, Andras, Asmodée, Astaroth, Ayperos, Azazel, Bael, Balan, Béhémoth, Bélial, Belphégor, Belzébuth, Berith, Caym, Empuze, Eurynomos, Fleurety, Furfur, Lucifer, Lucifuge, Malphas, Mammon, Moloch, Nébiros, Raum, Satanachia.

Le concile condamne également le manichéisme et le priscillianisme.


Le 17 novembre 567, le XXIIe canon du concile de Tours condamne les nécromanciens à l’amende et à l’exil.


En 584, le roi Chilpéric Ier fait condamner au feu et à la roue des gens accusés de maléfices.


La période des « Papes sorciers » et des antipapes

En 660, Eloi, l'évêque de Noyon-Tournai, exhorte les chrétiens en ces termes :

Je vous en supplie, n'observez aucune des coutumes sacrilèges des païens. Ne consultez pas les graveurs de talismans, ni les devins, ni les sorciers, ni les enchanteurs, pour aucune cause ou maladie que ce soit ; ne prenez garde ni aux augures, ni aux éternuements ; ne faites point attention au chant des oiseaux, que vous entendez dans votre chemin... Qu'aucun chrétien ne remarque quel jour il sortira d'une maison et quel jour il y rentrera... Que nul à la fête de saint Jean ne célèbre les solstices par des danses et des chants diaboliques... Que nul ne pense à invoquer les démons comme Neptune, Pluton, Diane, Minerve ou le Génie... Que nul ne garde le repos, le jour de Jupiter... Que nul chrétien ne fasse des vœux dans les temples ou auprès des pierres et des fontaines, des arbres et des enclos... Que nul ne fasse des lustrations, ni des enchantements sur les herbes, ou ne fasse passer ses troupeaux par le creux d'un arbre ou à travers un trou creusé dans la terre... Que personne ne pousse de grands cris, quand la lune pâlit... Que personne ne nomme son maître la lune ou le soleil...  


En 687, l'antipape Pascal Ier, convaincu de magie et, refusant de se soumettre au pape légitime Serge Ier, est relégué dans un monastère où il mourra au bout de 5 ans.


En 789, le capitulaire de Charlemagne est l'un des premiers textes juridiques à se préoccuper des actes de cannibalisme.


Les capitulaires de Charlemagne et de Louis-le-Débonnaire imposent également de graves peines aux fantômes enflammés, qui apparaissaient dans les airs. Ces apparitions lumineuses étaient en fait des aurores boréales


En 900, Réginon de Prüm, illustre moine lettré, dénonce la sorcellerie.


955-963 : Des chroniqueurs qualifient le pape Jean XII d' « Antéchrist siégeant dans le temps de Dieu ». Ils racontent que le pape se livrait aux cruautés les plus diverses, faisant crever des yeux et châtrer des dignitaires, et qu'on buvait à la santé du Diable pendant les orgies offertes au Latran.


En 999, le Pape Sylvestre II passe pour être un sorcier.


Burchard, évêque de Worms de 1000 à 1025, croit en l'existence des stryges.


En 1033, le Pape Benoît IX passe pour être un sorcier.


En 1090 les villageois de Freising soupçonnent trois femmes de préparer des poisons et de corrompre les hommes et les fruits. Ils s'emparent d'elles et les soumettent à l'ordalie, le jugement de Dieu par l'eau. L'une des malheureuses était enceinte.


En 1119, le pape Calixte II dénonce l'Église cathare comme hérétique.


En 1155, l'empereur germanique Frédéric Barberousse passe pour être un sorcier.


En mai 1165, le concile de Lombers condamne la secte d'Olivier (évêque cathare) et ses compagnons comme étant hérétique.


En 1209, le pape Innocent III organise une expédition contre les cathares albigeois. C'est la croisade des barons.


22 juillet 1209 : Massacre de Béziers par la Croisade catholique. Plus de la moitié des habitants de la ville sont massacrés. Ce fut un carnage systématique et on décompte plus de 20 000 morts, y-compris femmes, enfants et vieillards. Après cet énorme massacre, la cité tout entière a été pillée et brûlée. « La vengeance divine a fait merveille » rapportent les envoyés du Pape à Sa Sainteté.


15 août 1209 : Carcassonne est prise par les croisés du pape et ses habitants chassés "nus" de la ville.


22 novembre 1210 : Termes (Aude) se rend aux croisés catholiques acteurs d’une politique de terreur digne du nazisme.


3 mai 1211 : Les croisés du pape prennent Lavaur, égorgent, lapident et brûlent hommes et femmes.


Vers 1225, à Notre-Dame de Paris, les gargouilles apparaissent sur les corniches supérieures à l'occasion de leur réfection. D'aspect terrifiant, elles sont censées faire fuir tout esprit malin ou être démoniaque. C'est bon... nous sommes sauvés !



Sources :
Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
http://pagesperso-orange.fr/compilhistoire/


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Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le . Il est un peu ancien mais toujours d'actualité.