Chronologie historique de l'Inquisition

Le début de l'Inquisition

Chronologie de l'Inquisition

Du 11 au 30 novembre 1215 à lieu le concile de Latran. Le canon 3 organise la répression de l'hérésie cathare. Il établit des tribunaux ecclésiastique et l'essentiel de la procédure pour juger les hérétiques. C'est l'embryon de la future Inquisition. Le concile décide également que les juifs comme les musulmans doivent porter sur eux une marque distinctive de leur différence (signum).


En 1231, Grégoire IX confère à l’inquisiteur allemand, Conrad de Marburg, de l’ordre de Prémontré, des pouvoirs très étendus pour poursuivre les hérétiques, et particulièrement la secte cathare extrémiste des lucifériens, qui s’adonne à des pratiques proches de la sorcellerie. Avec ses auxiliaires Dorso et Jean, Conrad agit avec un tel fanatisme qu’il soulève le mécontentement d’un grand nombre d’habitants et il est massacré par des chevaliers dans le voisinage de Marburg.


En 1232, une bulle de Grégoire IX accuse de pratiques sacrilèges les cathares du Nord. Une première croisade a lieu contre les Stedinger du Bas-Weser.


En 1233 et 1234, deux autres croisades font des milliers de morts.


Le 13 juin 1233, dans la bulle Vox in Rama, Grégoire IX décrit les rites d'intronisation par lesquels les sorciers deviennent des adorateurs du diable lors d'une cérémonie d'initiation se déroulant dans une sorte de temple voué à Lucifer.


En 1248, à Toul, des femmes sont brûlées comme sorcières.


En 1270, la Summa de officio Inquisitionis, un manuel d’Inquisition, mentionne les « augures et idolâtres qui s’adonnent au culte du démon ».


En 1275, à Toulouse, a lieu le procès d'Angèle de la Barthe, reconnue coupable d'entretenir des relations avec le démon et de « concupiscence diabolique ». Elle est brûlée.


Sous le règne de Louis X (1314-1316), Enguerrand de Marigny, garde du trésor, est arrêté sous l'inculpation du crime de concussion et d'altération des monnaies. Le roi est disposé à le traiter avec modération, lorsque les ennemis du trésorier rapportent à Louis X « qu'un nécromant de profession, à la sollicitation de la femme et de la sœur d'Enguerrand, a fabriqué certaines images de cire à la ressemblance du roi, du comte Charles et d'autres barons, afin de procurer par sortilège la délivrance d'Enguerrand et de jeter un maléfice sur lesdits roi et seigneurs ». Pour donner quelque poids à ces allégations, on montre au roi des figures percées et sanglantes que l'on assure avoir été trouvées chez le nécromant. Louis X, épouvanté, consent à la condamnation de son favori qui est pendu le 30 avril 1315 au gibet de Montfaucon, où son cadavre demeurera exhibé pendant deux ans.


En 1317, par le décret Spondent quas non exhibent, Jean XXII condamne les alchimistes à des amendes, déclare infâmes les laïques qui s’adonnent à l’art hermétique, et dégrade les ecclésiastiques convaincus du même cas ; l'évêque Hugues Géraud de Cahors est condamné au bûcher pour avoir essayé de tuer le pape avec des images de cire.


En août 1326, Jean XXII publie la bulle Super illius specula, assimilant la sorcellerie à de l'hérésie. Cependant, la tradition rapporte qu'il composa en latin un livre sur l’alchimie qui fut traduit en français en 1557 (Ars transmutatoria). Il est dit au commencement de cet ouvrage que le pape transforma son palais d’Avignon en un laboratoire immense consacré à la fabrication de l’or.


En 1335, l'Inquisition de Toulouse condamne Anne-Marie de Goergel, laquelle, pour preuve de son allégeance à Satan, se rendait la nuit sous le gibet afin d'arracher aux pendus leurs vêtements, leur corde, leurs cheveux et leur graisse pour en tirer des sorts et des potions magiques.


La même année, le même tribunal condamne Catherine, épouse de Pierre Delort, qui confessa, sous les rigueurs de la question, avoir contracté un pacte avec Satan.


La même année, une ordonnance du roi de France, Charles V dit le Sage (1364-1380), récompense ceux qui dénoncent les sorciers, menace de poursuivre comme complices ceux qui se taisent et de priver de leur charge les juges indulgents.


Les grands procès en sorcellerie

1390 : premier procès en sorcellerie à Paris. Jugée par le Parlement, Jeanne de Brigue est brûlée vive.


L'antipape Jean XXIII est déposé le 29 mai 1415 pour « simonie et façon de vivre scandaleuse » et en tant que « forban et sodomite » par le concile de Constance. En fait, Jean XXIII était très violent (on lui reproche beaucoup de meurtres) et débauché : on raconte qu'il vivait entouré de vierges, de femmes mariées ou de veuves et de nones. Ça n'a pas beaucoup changé depuis.


Le mercredi 30 mai 1431, vers 9 heures, l'exécution de Jeanne d’Arc a lieu à Rouen, sur la place du Vieux Marché. Sur la place noire de monde, une pancarte placée au sommet du bûcher rappelle que celle qu'on va brûler pour le bien de tous est « menteresse, pernicieuse, abuseresse du peuple, devineresse, superstitieuse, blasphématrice de Dieu, présomptueuse, malcréante de la foi de Jésus-Christ, vanteresse, idolâtre, cruelle, dissolue, invocatrice de diables, apostate, schismatique, hérétique et relapse ».


Le 25 octobre 1440, à Nantes, le baron Gilles de Montmorency-Laval, plus connu sous le nom de Gilles de Rais, comte de Brienne, maréchal de France, petit-neveu de Du Guesclin et compagnon d’armes favori de Jeanne d’Arc, est poursuivi pour « apostasie hérétique, évocation des démons, crime et vice contre nature avec des enfants de l’un et de l’autre sexe selon la pratique sodomite ». Il aurait pratiqué durant huit ans d’infâmes sacrifices humains et le pire satanisme, avec la complicité de son magicien, François Prelati. On évalue à 140 les enfants égorgés, sans compter, peut-être, un certain nombre de femmes…Pour éliminer les traces de ses forfaits, Gilles faisait brûler les cadavres et jeter les restes dans les fosses d'aisances ou dans les douves. Le Tribunal de l'inquisition le condamne à être pendu et brûlé le lendemain.


Louis XI (1461-1483) aurait empêché que le parlement et l'université de Paris ne poursuivent comme sorciers les premiers imprimeurs venus d'Allemagne.


En 1484, l’inquisiteur général pour l’Espagne, Torquemada, promulgue un code de procédure pour agir contre les juifs, les morisques, les hérétiques et les gens coupables de sorcellerie, de bigamie, d’usure, etc.


Le marteau des sorcières

En 1484, le 5 décembre, Innocent VIII publie la bulle Summis desiderantes qui organise la lutte contre la sorcellerie et étend les pouvoirs des deux inquisiteurs de Cologne, les dominicains Henri Institoris (Heinrich Kramer de Sélestat) et Jacob Sprenger, officiant dans la Germanie supérieure entre Cologne et Mayence et en butte à la mauvaise volonté des autorités locales. La bulle ordonne de pourchasser les coupables de sorcellerie, jeteurs de sorts et magiciens, et énumère une longue liste de leurs crimes.


En 1485, quarante et une sorcières, supposées de relations avec des incubes, sont brûlées à Côme, en Lombardie.


En 1486, avec l’approbation du pape, les dominicains Heinrich Kramer dit Institoris et Jakob Spenger publient à Strasbourg leur traité de démonologie Malleus maleficarum (le Marteau des Sorcières) qui explique comment trouver et éliminer les sorcières. Ce fascicule va être fatal à des milliers d'innocentes.


Le 9 octobre 1490, le roi Charles VIII prend une ordonnance contre les enchanteurs :

Nous Charles, par la grâce de Dieu, Roy de France, au Préfet de Paris, salut. Nous voulons et entendons que tous les enchanteurs, devins, invocateurs des esprits malins et nécromanciens soient incessamment arrêtés et punis selon la rigueur des lois, parce que tous leurs crimes attaquent directement Dieu et la foi catholique.  


En 1493, Jeannette Relescée, convaincue de sorcellerie, est jugée et brûlée à Fribourg. Battue par son mari, elle s’était rendue de nuit dans un bois pour quémander l'aide de Dieu ou du diable. Ce dernier lui était apparu « en forme obscure, noire », et lui avait promis que si elle reniait Dieu et le choisissait pour maître, son mari cesserait de la battre.


En 1500, le pape Alexandre VI écrit au prieur de Klosterneuburg et à l'inquisiteur Institoris pour s'informer des progrès de la sorcellerie en Bohême et en Moravie.


En 1513, le pape Jules II demande aux prélats allemands de renforcer la répression de la sorcellerie ; il ordonne à l'inquisiteur de Crémone de poursuivre ceux qui abusent de l'Eucharistie dans un but maléfique ou qui adorent le diable.


En 1514, à Bormio en Lombardie, 30 femmes accusées de sorcellerie sont brûlées vives.


En 1518, dans la Valcamonica, 80 femmes sont brûlées vives pour sorcellerie.


En 1521, par la bulle Honestis petentium votis, Léon X proteste contre l'attitude du Sénat vénitien qui s'oppose à l'action répressive des inquisiteurs de Brescia et de Bergame contre les sorciers.


La chasse aux sorcières s'intensifie

Luther, condamné par l’Édit de Worms le 26 mai 1521, est hébergé par Jean-Frédéric de Saxe dans le château de Wartburg où il demeure jusqu’au 6 mars 1522 sous le pseudonyme de « chevalier Georges ». Un jour que le Diable vient, une fois de plus, le tourmenter, l’empêchant de travailler à la traduction de la Bible, il lance son encrier contre lui, occasionnant ainsi une tache sur le mur, laquelle est encore visible aujourd’hui. Pour les démonologues, c'est le démon Caym qui aurait eu une discussion avec Luther.


Le 17 avril 1529, en place de Grève à Paris, le Chevalier Louis de Berquin (dont les livres ont été brûlés), correspondant et traducteur de Érasme, accusé d’hérésie est étranglé au poteau, puis son corps est brûlé.


En 1532, Charles-Quint promulgue la Constitutio Criminalis Carolina codifiant le droit pénal et le droit judiciaire criminel applicables dans l’Empire romain et germanique et comprenant trois passages relatifs à la sorcellerie.


En 1536 et 1550, les conciles de Cologne condamnent à l'excommunication les membres du clergé qui s'adonnent à la sorcellerie.


En 1538, le concile de Trêves livre à l'official ceux qui usent des arts divinatoires ou qui adorent Satan.


En 1545, l'abbesse d'un couvent de Cordoue, Madeleine de La Croix, est accusée du crime de sorcellerie et n'échappe à la mort qu'en obtenant sa grâce du pape Paul III.


Nantes en 1549 et Poitiers en 1564 voient brûler plusieurs sorciers.


En 1551, Jean de Mansencal, premier président du Parlement de Toulouse, écrit un ouvrage intitulé De la vérité et autorité de la justice en la correction et punition des maléfices.


La même année, à Louvain, Josse de Damhouder, le juriste le plus écouté de son temps aux Pays-Bas traite de la sorcellerie dans sa Praxis rerum criminalium.


Le 27 octobre 1553, Michel Servet, théologien et médecin, est brûlé vif à Genève. Le bois étant humide, son supplice dure trois quarts d'heure.


Sous Charles IX (1560-1574), un prétendu sorcier, nommé Trois-Echelles, condamné à mourir sur la place de Grève et à qui on promet sa grâce s'il dénonce ses complices, déclare qu’il y a 100 000 sorciers en France dont 30 000 à Paris.


En 1562, en Allemagne, 300 personnes sont brûlées vives pour sorcellerie à Oppenau, 63 femmes à Wiesensteig et 54 à Obermachtal.


Jean de Wier, dans son traité intitulé De praestigiis daemonum (1564), estime qu’il y a plus de sorcières que de sorciers à cause de « l'emprise qu'a le diable sur le sexe féminin, lequel est inconstant, à raison de sa complexion, de légère croyance, malicieux, impatient, mélancolique, pour ne pouvoir commander à ses affections, et principalement les vieilles débiles, stupides et d'esprit chancelant ».


Le 24 mai 1564, Jean Calvin, l'un des initiateurs de la Réforme protestante, recommande fortement la chasse aux sorcières qu'il accuse d'être responsables des maladies (telles que la peste) et leur exécution.


En 1565, le concile de Cambrai défend aux fidèles de chercher dans la magie la guérison des personnes et des animaux et excommunie ceux qui, sous quelque motif que ce soit, se livrent aux arts défendus.


En mai 1571, 21 sorcières sont brûlées à Genève.


Le 10 novembre 1571, Anne Hendricks est conduite au bûcher à Amsterdam. On remplit sa bouche de poudre à canon, l'attache sur une échelle et la précipite dans un brasier.


En 1573, le Français Gilles Garnier admet avoir assassiné plusieurs enfants, dont les corps ont été découverts mutilés et à moitié dévorés : il a déchiqueté des enfants avec ses griffes et les a dévorés. Il affirme être un loup-garou ; c'est un démon qui lui a appris à se changer en loup en se frottant le corps d’un onguent. Il admet qu’il aime manger de la chair humaine... et qu’il a les mêmes inclinaisons anormales qu'il soit dans son état d’être humain ou dans celui de loup.


En 1577, le parlement de Toulouse condamne 400 cents femmes, marquées, dit-on, des stigmates du démon.


En 1580, Jean Bodin, jurisconsulte et favori d'Henri III, publie De la démonomanie des sorciers ; il raconte des histoires diaboliques pour justifier l’envoi des sorciers au bûcher. Jean Bodin estime qu'il y a 50 sorcières pour un seul sorcier.


Le concile de Reims de 1583 excommunie les sorciers « qui font pacte avec le diable, qui empêchent les relations sexuelles, qui pratiquent l'envoûtement et prétendent guérir par le pouvoir de Satan ».


En 1585, le concile de Liège dénonce comme hérétiques et dignes du feu ceux qui se livrent à la magie.


Le 5 janvier 1586, la bulle Cœli et terrae de Sixte V condamne la pratique de la magie : elle précise que les sorciers acquièrent leur pouvoir en passant un pacte avec l'enfer. Elle bannit la divination du christianisme et sépare l'astrologie de la théologie.


En 1589 on raconte que Catherine de Médicis portait, sur l'estomac, en guise de protection, une peau d'enfant égorgé parsemée de figures et de caractères cabalistiques. Elle entretenait auprès d'elle une troupe d'astrologues, alchimistes, mages et sorciers, dont Cosme Ruggieri, son conseiller florentin, confectionneur de figurine d’envoûtement.


Le 13 juin 1590, au sujet des gamins et des fillettes convaincus de sorcellerie, l'évêque de Tournai ordonne de :

premièrement bien catéchiser et instruire et, par après, induire à bonne contrition et abomination d'un exécrable péché, puis après les envoyer à la confesse et d'en user aussi des exorcismes, s'il est besoin.  


Les synodes de Montauban (1594) et Montpellier (1598) condamnent le « nouement de l'aiguillette » et en excommunient les auteurs.


En 1599, dans ses Six livres de discussions magiques, le jésuite Martin Del Rio affirme qu’en matière de sorcellerie, tous les témoignages sont acceptables pour soumettre un suspect à la torture.


Entre la fin du XVIe siècle et le milieu du XVIIe, environ 100 000 personnes (la plupart des femmes), condamnés par des tribunaux laïcs, sont brûlés pour sorcellerie dans le Sud de l’Allemagne, particulièrement dans la région de Trêves.


En 1604, le concile de Namur interdit l'usage des livres traitant de magie et excommunie ceux qui pratiquent le « nouement de l'aiguillette ».


Lors de son procès en sorcellerie, Madeleine des Aymards, quinze ans, raconte au lieutenant général criminel de Riom, en Auvergne, le sabbat auquel elle a assisté plusieurs fois en 1606.


Le 14 août 1606, François de Nobilibus, moine franciscain, est condamné au bûcher par le Parlement de Grenoble pour des pratiques de sorcellerie ; il est pendu avant d'être brûlé avec ses livres, amulettes, parchemins, effigies, aiguilles, etc.


En 1607, le concile de Malines, après avoir condamné les sorciers et les devins, mande aux juges ecclésiastiques et exhorte les juges laïques de châtier de l'exil ceux qui y ont recours.


Dans un livre publié à Lyon en 1609, Bocquet, chef du tribunal du chapitre de l'abbaye de Saint-Claude (Jura), se vante d'avoir fait brûler 600 sorcières dans l'espace de 10 ans et dans le seul pays de Saint-Claude.


Entre 1608 et 1610, Pierre de Lancre, juge de Bordeaux, mène une longue enquête sur la sorcellerie dans le Labourd (région de Bayonne) dont il tirera en 1612 son fameux Traité de l'inconstance des mauvais anges et des démons. Jeannette d'Abadie, qui n'avait que seize ans lorsqu'elle fut conduite au sabbat par une certaine Gratiane, lui confie « qu'elle y vit le diable en forme d'homme noir et hideux, avec six cornes en la tête, parfois huit, et une grande queue derrière, un visage devant et un autre derrière la tête, comme on peint le dieu Janus, que ladite Gratiane l'ayant présentée, reçut une grande poignée d'or en récompense, puis la fit renoncer et renier son Créateur, la Sainte Vierge, les saints, le baptême, père, mère, parents, le ciel, la terre et tout ce qui est au monde, laquelle renonciation elle lui faisait renouveler toutes les fois qu'elle allait au sabbat, puis elle l'allait baiser au derrière ».


En 1610, le concile de Metz réprouve ceux qui usent de l'Eucharistie, de reliques ou d'images saintes en vue de maléficier.


1611, le 2 janvier, débute en Hongrie le procès de la comtesse sanglante, Erzsébet (Elisabeth) Bathory, et de quatre serviteurs complices, qui dure 5 jours. Arrêtés le 29 décembre 1610, sur ordre du roi Matthias, par le comte Gyorgy Thurzo (dont les hommes ont trouvé une fille morte, une mourante, une blessée et d’autres enfermées), les accusés sont : Erzsébet Bathory, Janos Ujvari (Ficzko), Jo Ilona, Dorottya Szentes (Dorko) et Katalin Beniezky. Tous sauf Bathory (qui s’enferme dans un mutisme total) avouent les crimes et tortures. La comtesse, qui s'adonnait à la magie noire, envoyait ses complices trouver et ramener des jeunes filles au château pour les sacrifier afin de boire leur sang ou de se baigner dedans (le nombre de jeunes filles torturées et tuées reste indéterminé ; on en a mentionné une centaine). Bathory était persuadée que le sang des jeunes filles, accompagné de rituels adaptés, allait ralentir sa vieillesse et maintenir sa beauté. Jo Ilona, Ficzko, Dorko et Katalin Beniezky sont condamnés à la décapitation et exécutés. Le 17 avril, Bathory est condamnée à être emmurée dans sa chambre (avec juste une ouverture permettant de lui transmettre de la nourriture) où elle meurt le 21 août 1614. La légende en a fait un vampire.


En 1611, Louis Gaufridy, curé de Notre-Dame des Accoules à Marseille, après avoir subi les questions ordinaire et extraordinaire, est condamné pour avoir introduit le démon dans un couvent d'ursulines : il est brûlé vif le 30 avril.


En 1611, le 6 juin, en Navarre, l'Inquisition frappe sévèrement une secte de plus de 12 000 adeptes qui « adorent le démon, lui élèvent des autels et traitent familièrement avec lui à tout propos ».


De 1611 à 1618, à Ellwangen, petit territoire catholique dans le Sud-ouest de l'Allemagne, 400 personnes sont condamnées puis exécutées au cours d'une des plus importantes chasses aux sorcières de l'histoire européenne (sans compter la Suisse).


Le 20 août 1612, exécution des sorcières de Pendle à Lancaster en Angleterre.


En 1615, la chasse aux sorcières atteint le petit village suisse de Golion (Vaud) : sur ses 200 habitants, 25 seront brûlés vifs pour sorcellerie sur une période de 16 ans.


Le 8 juillet 1617, Léonora Galigaï (épouse de Concino Concini, marquis d’Ancre et maréchal), accusée de judaïsme, de magie, de sortilèges (notamment d’avoir ensorcelé la reine mère, Marie de Médicis, dont elle était l’amie et la femme de chambre) et condamnée comme sorcière malgré ses dénégations, est décapitée puis brûlée en place de Grève.


En 1619, à Bordeaux, Pierre de Lancre, préside une commission qui, dans une seule année, fait conduire au supplice 500 prétendus sorciers.


En 1620, procès des sorciers de Nérac.


En 1622, le médecin Poirot est accusé d'avoir ensorcelé une grande dame à Nancy.


Urbain VIII, pape de 1623 à 1644, demande aux juges de faire preuve de discernement.


1631 : le concile de Cambrai excommunie ceux qui consultent les devins.


8 avril 1634, procès en sorcellerie d'Adrien Bouchard et de ses complices devant le Parlement de Paris.


Le 18 août 1634, Urbain Grandier, curé libertin de Saint-Pierre de Loudun (Vienne) depuis juillet 1617 et auteur d'un traité contre le célibat des prêtres et d'un pamphlet contre Richelieu, qui a toujours juré être innocent (même sous la torture), est brûlé vif pour crime de sorcellerie suite à l’affaire des "possédées de Loudun" (23 religieuses ursulines). Urbain Grandier fut notamment condamné pour avoir mis enceinte la fille de Louis Trincant, procureur du Roi à Loudun et proche du chanoine Mignon, le confesseur du couvent des Ursulines. Malgré l'exécution, la "possession" continue. En mars 1643, suite au témoignage du démon Léviathan, Madeleine Bavent est accusée de sorcellerie : elle est dépouillée du voile et condamnée à la prison à vie dans les geôles de l’Officialité (elle sera la seule religieuse reconnue responsable).


En 1638, les statuts de Narbonne établissent la hiérarchie suivante : magiciens, devins, enchanteurs, sorciers.


La fin de la chasse aux sorcières

En 1640, un arrêt sans appel du Parlement de Paris interdit à tous les Tribunaux de France de « procéder à l'instruction et au jugement de procès criminel des accusés de crime de sortilège ». C'est la fin de la chasse aux sorcières en France. Mais ailleurs ça continue.


Matthew Hopkins, chasseur de sorcières anglais, commence sa "carrière" quand il entend des femmes parler de leurs rencontres avec le Diable en mars 1644 à Manningtree. Suivant l'accusation de Hopkins, 18 sorcières présumées sont pendues à Bury St Edmunds le 27 août 1645, et quatre autres meurent en prison. Hopkins parcourt ensuite l'est de l'Angleterre, prétendant, peut-être à raison, être officiellement mandaté par le Parlement pour trouver et poursuivre les sorcières. Sa carrière de chasseur de sorcières durera jusqu'à sa mort en 1647. La torture étant, en pratique, illégale en Angleterre, il utilise diverses méthodes pour extirper des confessions de certaines de ses victimes. Il les prive de sommeil, une torture sans effusion de sang. Il les plonge liées dans l'eau, pour voir si les accusées flottent ou coulent, d'après la théorie que l'eau rejette les sorcières de façon surnaturelle, puisqu'elles ont renoncé au baptême. Il emploie également des « piqueurs de sorcières » qui enfoncent des aiguilles et des couteaux à la recherche des marques du diable, supposées insensibles à la douleur et dépourvues de sang. Hopkins et son associé John Stearne, accompagnés d'assistantes féminines, sont bien payés pour leur besogne, gagnant 20 livres pour une visite à Stowmarket, Suffolk, ce qui est alors plus qu'un an de salaire pour la plupart des gens.


Le 6 avril 1652, Michée Chauderon est la dernière « sorcière » brûlée à Genève.


10 au 13 mars 1662, procès des sorcières de Bury St. Edmunds au Suffolk en Angleterre : deux veuves âgées, Rose Cullender et Amy Denny, accusées de sorcellerie par leurs voisins, sont pendues le 17 mars.


Le 24 avril 1662, un arrêt du Conseil accorde la liberté à toutes les personnes détenues dans les prisons de Normandie pour cause de magie et de sortilège.


Le 26 août 1670, Louis XIV prend une ordonnance criminelle sur la déculpabilisation pénale de la sorcellerie.


Les procès pour empoisonnements et la Cour des Poisons

En 1676, après l'exécution de la marquise de Brinvilliers le 17 juillet, suite à sa condamnation à mort pour empoisonnements de son père et de ses deux frères, les enquêteurs découvrent tout un monde de tireuses de cartes, magiciennes, sorcières, devineresses, avorteuses, empoisonneuses, sorciers et prêtres défroqués qui trafique et vendent philtres et poisons à des acheteurs issus de toutes les classes de la société, de la noblesse de cour au menu peuple.


Le 5 décembre 1677, le lieutenant de police Gabriel-Nicolas de La Reynie fait arrêter, à Paris, Louis de Vanens, gentilhomme de Provence et homme de cour, qu’il croit être un espion. Les papiers qu'on trouve chez le suspect révèlent l'existence d'une bande d'alchimistes, de faux monnayeurs et de prostituées, à laquelle sont mêlés des gens du monde et quelques prêtres ; Vanens est alors considéré comme sataniste.


Début 1679, le lieutenant de police fait arrêter la dame Vigoureux et une dénommée Marie Bosse, avec ses enfants. Marie Bosse apprend à ses interrogateurs qu'il y a, à Paris, plus de 400 devineresses et magiciens qui « perdent bien du monde, surtout des femmes ».


Le 12 mars, à la Villeneuve-sur-Gravois, la police arrête Catherine Deshayes, épouse Monvoisin, alias la Voisin ; le 17, c’est le tour de son principal auxiliaire, le magicien Adam Coeuret, dit Dubuisson, le faux abbé Le Sage.


Le 7 avril 1679 le roi créé une commission spéciale, la Chambre ardente dite « Cour des Poisons » qui siège à l'Arsenal. Trois cent soixante-sept personnes comparaissent. Les interrogatoires aboutissent rapidement à la mise en cause de personnalités de plus en plus proches du roi et de Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan. La Voisin, principale accusée, est soupçonnée d'empoisonnements, d'avortements, de participation à des messes noires. Soumise à la question ordinaire, elle avoue tout, mais se refuse à parler de Madame de Montespan, la maîtresse du roi.



Le 22 février 1680, Catherine Deshayes épouse Monvoisin, dite la Voisin, est brûlée à Paris, place de Grève. Elle a été condamnée au bûcher pour avoir fourni du poison. Compromise avec la Vigoureux dans l’affaire des Poisons appelés poudres de succession en 1679, elle aurait fourni à la duchesse de Montespan des aphrodisiaques administrés au roi à son insu (mais peut-être aussi du poison) et pratiqué la sorcellerie, influencée par le magicien Le Sage et complice de l’abbé Guibourg, ancien aumônier du comte de Montgomery, pour ses messes noires. Elle aurait participé à l’égorgement d’enfants en bas âge ; elle a avoué avoir « brûlé dans le four, ou enterré dans son jardin, les corps de plus de 2 500 enfants nés avant terme ».


La Chambre ardente aura tenu 210 séances, lancé 319 décrets d’arrestation, fait incarcérer 194 personnes, prononcé 104 jugements dont 36 condamnations à mort, 4 aux galères, 34 au bannissement et 30 acquittements ; Le Sage, l'abbé Guibourg et Marguerite Monvoisin échapperont au bûcher.


L’édit du 30 août 1682 interdit toutes pratiques de magie noire ou divination et réglemente sévèrement les manipulations de produits pharmaceutiques ; les sorciers sont chassés du royaume de France ; la charge d’astrologue du roi est supprimée.


En 1691, un arrêt de mort est prononcé contre huit bergers de Pacy-en-Brie, accusés d'avoir jeté un sort sur leurs troupeaux.


Le procès des sorcières de Salem et les dernières condamnations

Le 2 juin 1692 est ouvert dans le Massachusetts le procès des sorcières de Salem. Les magistrats n'ont pas de preuves mais l'attitude des accusés leur en fournit : cris déments, bouches baveuses, yeux révulsés, membres tordus, etc. Le 10 juin, Bridget Bishop est pendue. Cinq autres accusées dont Rebecca Nurse et Sarah Good sont pendues le 19 juillet. Le 19 août, c’est le tour d’une femme et de quatre hommes dont le révérend Burroughs.


En 1718, dernière condamnation d’un sorcier en France. Le Parlement de Bordeaux ordonne le supplice d’un homme accusé d’avoir « lié » un seigneur, sa femme et ses servantes.


En 1722, on brûle un sorcier en Ecosse.


En 1731, le fameux jésuite Girard manque d’être brûlé vif pour fait de sortilège envers la belle Cadière, qu'il avait tout simplement séduite.


En 1750, on brûle, à Wurtzbourg en Bavière, une religieuse qui avoue avoir pratiqué divers maléfices, mais sans résultat, pour faire périr plusieurs personnes.


Dans les années 1750, Francis Dashwood, Le Despenser (1708-1781), baron et héritier d'une des plus grosses fortunes d'Angleterre, fonde, dans la petite ville anglaise de West Wycombe, The order of the friars of saint Francis of Wycombe (ordre des moines de saint Francis de Wycombe) surnommé Hell fire Club (Club du Feu de l'Enfer) dont les réunions se déroulent dans l'abbaye de Medmenham puis, après 1760, dans un temple souterrain sous la demeure de Dashwood à West Wycombe.


En 1764, Pierre Sirven est accusé du meurtre de sa fille par sorcellerie : en fait, elle était épileptique.


Le 31 décembre 1768, l'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche promulgue le code thérésien de procédure pénale (Constitutio Criminalis Theresiana) qui ne prévoit pas de procès en sorcellerie.


Le 18 juin 1782, Anna Göldi (ou Göldin), condamnée pour avoir ensorcelé une fillette, est décapitée à Glaris en Suisse : c’est l’une des dernières sorcières exécutées en Europe (deux "sorcières" polonaises auraient été exécutées en 1793). Le parlement glaronais a réhabilité Anna Göldi le 27 août 2008.


En 1857, à Morzine (Savoie), deux fillettes accusent une femme d’un village voisin de les avoir envoûtées ; et, bientôt, toute l’école est possédée. En 1860, 120 personnes se trouvent possédées. La possession touchera 200 personnes en 6 ans, jusqu’à ce que, le sermon d’un nouveau curé, l’intervention d'un détachement de gendarmerie menaçant d’emprisonnement les plus excités, la venue de l’inspecteur du service des aliénés et la répartition des malades dans différents hôpitaux, ramènent le calme.


1872 : le New-York Herald annonce qu'une vieille indienne, accusée d'avoir causé la mort de plusieurs de ses parents par ses sortilèges et ses maléfices, a été condamnée par le grand conseil de la vallée de Pina-Nut (Nevada) à être lapidée et a subi ce supplice.


Au Mexique, le 4 avril 1874, Castillo, l'alcade de Jacobo, arrête, juge et fait brûler vifs comme sorciers, Jose-Maria Bonilla et sa femme Diega.


Le 20 avril 1884, le pape Léon XIII publie l'encyclique Humanum genus contre les francs-maçons.



Sources :
Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
http://pagesperso-orange.fr/compilhistoire/




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