L’origine de la Franc-Maçonnerie

Symbole franc-maçonnique
Les Francs-Maçons ont un secret qu’ils cachent soigneusement ; on a toujours été d’accord là-dessus. Mais d’après tout ce qu’on peut recueillir de leurs propres rapports sur la Maçonnerie, leur véritable secret n’est rien autre chose que leur origine, que peu d’entre eux connaissent, et que ceux qui ne l’ignorent pas couvrent des ombres du mystère.

Certains prétendent que l’origine de la Franc-Maçonnerie est liée aux bâtisseurs de cathédrales. D’autres vont encore plus loin en l’associant à la construction des pyramides. Mais ce ne sont que des mensonges pour mieux dissimuler la véritable origine de la Franc-Maçonnerie.
 

La société des Maçons est formée de trois classes ou degrés :
1° Apprenti,
2° Compagnon,
3° Maître-Maçon.

L’apprenti ne connaît guère autre chose de la Maçonnerie que l’usage de signes, d’attouchements, de certains pas, et quelques mots d’ordre, par lesquels les Maçons peuvent se reconnaître entre eux, sans être découverts par qui ne serait pas Maçon.

Le compagnon n’est guère plus instruit que l’apprenti.

C’est dans la loge du maître maçon seulement que tout ce qu’on sait de l’origine de la Maçonnerie se conserve et se tient caché.
 

La construction de la Tour de Babel

En 1730 Samuel Pritchard, membre d’une loge constituée en Angleterre, publia un traité intitulé : Maçonnerie Disséquée, et fit serment devant le maire de Londres que c’était la véritable instruction que recevaient les francs-maçons.

Dans son ouvrage il donne le Catéchisme, ou examen par demandes et par réponses, de l’apprenti, du compagnon et du maître maçon. Il n’y avait pas grande difficulté à cela, car ce Catéchisme n’est ici qu’une affaire de forme.

Il dit dans son Introduction : « L’institution primitive de la Maçonnerie consiste dans la fondation des sciences et des arts libéraux, mais plus spécialement de la Géométrie ; car lorsqu’on bâtissait la Tour de Babel, l’art et le mystère de la Maçonnerie furent d’abord introduits, transmis ensuite à Euclide, digne et excellent mathématicien des Egyptiens, et communiqués par lui à Hiram, maître maçon, chargé de bâtir le temple de Salomon à Jérusalem ».

Outre l’absurdité de faire dériver la Maçonnerie de la construction de la Tour de Babel, où, suivant l’histoire, la confusion des langues empêcha les bâtisseurs de s’entendre les uns les autres, et par conséquent de se communiquer mutuellement leurs connaissances, on voit là une contradiction manifeste en point de chronologie.

Le Temple de Salomon fut bâti 1004 ans avant l’ère chrétienne, et Euclide, suivant les tables chronologies, vivait 277 ans avant cette ère-là ; il est donc impossible qu’Euclide ait pu communiquer quelque chose à Hiram, puisque cet Euclide n’a vécu qu’environ 700 ans après Hiram.

L’origine du monde

En 1783, le capitaine George Smith, inspecteur de l’académie royale d’artillerie à Woolwich en Angleterre, et grand-maître provincial de la maçonnerie pour le comté de Kent, a publié un traité intitulé : De l’usage et de l’abus de la Franc-Maçonnerie. Dans on chapitre intitulé : De l’antiquité de la Maçonnerie, il la fait contemporaine de la création.

Il dit que le souverain architecte composa, sur des principes maçonniques, le beau globe, et commanda à la maîtresse science (géométrie) de tracer le monde planétaire, et de régler par ses lois tout le merveilleux système dans une juste et inaltérable proportion, roulant autour du soleil central. Il poursuit par :

mais je n’ai pas la liberté de tirer le rideau et de m’étendre ouvertement sur ce chapitre. Il est sacré et restera toujours sacré. Ceux qui ont été honorés de ce secret ne le trahiront pas ; ceux qui l’ignorent ne pourront le trahir.  

Par cette dernière partie de la phrase, Smith veut parler des deux classes inférieures, le compagnon et l’apprenti ; car il dit, à la page suivante :

Ce n’est pas à tous ceux qui sont purement initiés dans la Maçonnerie que l’on en confie tous les mystères : ils ne s’obtiennent ni par le temps ni par toutes sortes d’individus.  

Mais qui pourrait bien croire que la maçonnerie a pour origine la naissance du monde ?

La construction du Temple de Salomon

Le très savant, mais infortuné Docteur Dodd, grand-chapelain de la Maçonnerie, dans son discours pour la dédicace de la salle des Francs-Maçons, à Londres, nous montre la Maçonnerie dans une infinité de stages. « Les Maçons, dit-il, sont Bien-Informés par leurs archives particulières et intérieures, que la construction du temple de Salomon est une ère importante, d’où ils dérivent beaucoup de mystères de leur art ; maintenant, dit-il, il faut se rappeler que ce grand événement eut lieu plus de mille ans avant l'ère chrétienne, et conséquemment plus d’un siècle avant Homère, le premier des poètes grecs, et plus de cinq siècles avant que Pythagore eût apporté de l’Orient son sublime système de véritable instruction maçonnique, pour illuminer notre monde occidental.

Mais, quelque éloignée que soit cette période, nous ne datons pas de là le commencement de notre art ; car quoiqu’il puisse devoir au sage et glorieux roi d’Israël quelques-unes de ses mille et mille formes mystiques et cérémonies hiéroglyphiques, il est certain que l’art lui-même est contemporain de l’Homme, son grand objet.

Nous pouvons suivre sa route, continue-t-il, à travers les siècles les plus reculés et chez les nations les plus éloignées. Nous le trouvons parmi les premiers peuples civilisés et les plus célèbres de l’Orient. Nous le voyons descendre régulièrement des premiers astronomes des plaines de la Chaldée, jusqu’aux sages et mystiques rois et prêtres de l’Egypte, jusqu’aux sage de la Grèce et aux philosophes de Rome. »

Une religion ancienne sans aucun rapport avec la Bible

D’après ces rapports et les déclarations des écrivains de l’ordre le plus élevé de l’Institut maçonnique, nous voyons que la Maçonnerie, sans le déclarer publiquement, oserait prétendre à quelque communication de la part du créateur transmise d’une manière différente et sans nul rapport avec le livre que les chrétiens appellent la Bible ; et le résultat naturel de toutes ces insinuations, est que la Maçonnerie dérive de quelque ancienne et très-ancienne religion, entièrement indépendante de la Bible, et sans aucune liaison avec ce livre là.

Pour arriver au point principal, la Maçonnerie est dérivée, et n’est que les débris de la religion des anciens Druides, qui, semblables aux Mages de la Perse, aux Prêtres d’Héliopolis en Egypte, étaient Prêtres du Soleil. Il rendaient un culte à ce grand luminaire, comme au grand agent visible d’une grande cause invisible, qu’ils appelaient le Temps sans limites.

La religion des anciens Druides

Dans la Maçonnerie, plusieurs cérémonies des Druides sont conservées dans leur état naturel, ou du moins sans parodie. Avec eux le Soleil est toujours le Soleil ; et son image, sous la forme du Soleil, est le grand emblême des loges et des ornements maçonniques. C’est la figure centrale de leurs tabliers, et ils le portent aussi sur le sein, dans leurs loges et dans leurs processions.

A quelle période de l’antiquité ou chez quelle nation cette religion a-t-elle été d’abord établie ? c’est une chose perdue dans le labyrinthe des siècles écoulés. On l’attribue généralement aux anciens Egyptiens, aux Babyloniens, aux Chaldéens ; réduite ensuite dans un système régulier par le cours apparent du Soleil à travers les douze signes du Zodiaque, à Zoroastre, le législateur de la Perse, d’où Pythagore la transporta en Grèce.

Le culte du soleil

Le culte du soleil, comme le grand agent visible d’une grande première cause invisible, (le temps sans limites) se répandit dans une partie considérable de l’Asie et de l’Afrique, de la Grèce, à Rome, à travers les anciennes Gaules et dans la Bretagne et l’Irlande.

Les Druides étudiaient et contemplaient le créateur dans ses œuvres ; le grand agent visible de cet être, le soleil, était l’objet visible de leur adoration : tous les rites, toutes leurs cérémonies avaient rapport au cours apparent de cet astre dans le Zodiaque, et à son influence sur la Terre. La Maçons ont adopté les mêmes pratiques : la voûte de leur temple ou loge est ornée d’un soleil, et le plancher est une représentation de la face variée de la terre, en tapis ou en mosaïque.

Le sens emblématique du soleil est bien connu du Maçon éclairé et Inquisitif. Et comme le soleil réel est situé au centre de l’Univers, ainsi le soleil emblématique est le centre de la réelle Maçonnerie.


Une origine qui garde tout son mystère

Malgré ceci, depuis plus d'un siècle, les ouvrages spécialisés se sont répétés à l'envi pour tenter d'expliquer le mystère de la naissance de la franc-maçonnerie. La franc-maçonnerie moderne résulte en fait de la transformation progressive, en Angleterre et en Écosse, de confréries de bâtisseurs-maçons en loges maçonniques. Or, ce « roman des origines », celui de la tradition de la « maçonnerie opérative » à la « maçonnerie spéculative », après la fin des grands chantiers des cathédrales, est aujourd'hui totalement remis en cause par des chercheurs anglo-saxons.

Seuls deux faits historiques sont avéré : en Écosse, au début du XVIIe siècle, quelques gentlemen masons  n'ayant rien à voir avec le bâtiment sont reçus à titre honorifique dans des loges de maçons, où, d'ailleurs, ils ne retournent guère après leur intronisation ; puis, vers 1640, en Angleterre, sont attestées les premières réunions de francs-maçons spéculatifs, qui n'ont aucun rapport avec la maçonnerie opérative. Or, entre ces deux phénomènes, écossais et anglais, on n'a pu établir aucun lien... C'est dire si le mystère des origines reste épais.

Au début du XVIIIe siècle, les loges anglaises forment encore une société secrète parmi d'autres, relativement modeste, même, puisqu'elle regroupe surtout des boutiquiers de Londres et de sa région, auxquels elle sert d'abord de société d'entraide. Tout change en 1714, avec l'avènement de l'électeur de Hanovre sur le trône d'Angleterre. La dynastie étrangère doit imposer sa légitimité, ainsi que celle de toute une nouvelle aristocratie. Pourquoi jette-t-elle, pour ce faire, son dévolu sur la franc-maçonnerie ? C'est un mystère de plus... La société secrète devient en tout cas un instrument de domination et de légitimation des nouvelles élites, qui y entrent aussitôt en masse. Le 24 juin 1717, dans une taverne du quartier Saint-Paul, est ainsi créée la Grande Loge de Londres. La riche histoire de la franc-maçonnerie peut enfin commencer.

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