La légende de Lilith

Au commencement

Lilith
LILITH
Au commencement des temps, il y avait la Grande Déesse. La Déesse était la terre, et la terre était aussi la Déesse. Les origines du culte de la Grande Déesse demeurent cachées dans le sombre crépuscule de l’époque préhistorique, et même encore avant.

La Déesse régna pendant des centaines de milliers d’années. Mais au fil du temps, la Déesse-Mère fut renversée et chassée par des archétypes plus patriarcaux comme Yahvé, Dieu le Père et Allah. Ceux-ci triomphèrent respectivement dans les mondes judaïques, chrétiens et musulmans. C’est seulement sous la forme apprivoisée de Marie, mère de Dieu, que certains aspects de la Déesse-Mère réussirent à survivre.

Cependant, différentes madones noires représentées dans les anciens sanctuaires sont autant de témoignages de Lilith. L’image de Lilith représente un aspect de la Grande Déesse. Mais qui était vraiment Lilith ? Il faut remonter à l’ancienne Babylone pour en trouver des traces. Elle était vénérée sous les noms de Lilitu, Ishtar ou encore Lamaschtu. La mythologie sumérienne, qui est à l’origine de toutes les mythologies, s’est déversée dans la mythologie juive où Lilith est dépeint de façon beaucoup plus sombre : un mauvais démon de la nuit, la compagne de Satan, elle est en attente de mâles, et c’est une meurtrière d’enfants. Aaaaagh !

La Lilith juive et chrétienne

Adam et Eve

La Genese


Selon les diverses sources disponibles et en particulier l’Ancien Testament, Lilith serait la première femme d’Adam, précédant Eve et créée à partir de la même terre qu’Adam au sixième jour de la Création. En ce sens, Lilith était l’égale d’Adam. De l’union d’Adam et de Lilith et d’un autre démon, Rahéma la sœur de Tubal Caïn, sont issus Asmodée, le démon exterminateur, et toute une race de démons.

D'autres informations ici : http://jccabanel.free.fr/th_lilith.htm

Mais la Genèse n’est pas claire quant à la création de la première femme, surtout si l’on compare Genèse 1 et Genèse 2, et c’est cette divergence qui a donné corps à la présomption de création d’une première femme antérieure à Eve. Lilith n’est mentionnée qu’une seule fois dans l’Ancien Testament, en Isaïe 34, 14. Ce sont les traducteurs de la bible de Jérusalem qui ont ajouté une référence à son nom au texte original dans Le Livre de Job 18, 15. Les Ecritures ont en effet été adaptées aux intérêts des prophètes et des évangélistes et des prêtres qui prêchaient la bonne parole tout en souhaitant en tirer une certaine puissance. Pour comprendre les livres sacrés il faut revenir à leurs origines et y intégrer les Textes Apocryphes qui ont été délibérément écartés pour satisfaire les intérêts de certains.

La mythologie sumérienne


On peut supposer que l’origine de Lilith provient d’une influence du culte de la déesse cananéenne Anat, culte féminin qui autorisait les femmes à avoir des rapports sexuels avant le mariage.

Le nom même de Lilith semble dériver du mot assyro-babylonien « lilitu » qui signifie « démon femelle » ou « esprit du vent ». Il faut savoir qu’en marge du panthéon principal des Dieux sumériens s’active une foule de démons, le plus souvent sans attributions bien définies, qui ne nous sont connus que par leurs incantations. Ils sont souvent considérés comme des esprits du vent et de l’orage.

Le démon mâle Lilû, héritier du Lil sumérien, est un esprit séduisant les femmes durant leur sommeil, un genre de Dorlis Martiniquais, un démon incube. Lilitû, ou Ardat Lili (servante de Lilû), joue vis-à-vis des hommes le même rôle funeste. C’est une vierge inassouvie, ravisseuse nocturne, qui attaque les hommes mariés et leur foyer. C’est un démon succube.

Lamme - Lilith
La démone sumérienne Lamme est également très proche de Lilith en de nombreux points. Lamme (akkadien Lamashtu), fille de An, a 7 noms, plus de nombreux titres. Elle apparaît dans les textes les plus anciens de la première dynastie babylonienne, et gagna l’Assyrie. La nature plurielle de ces démons aux multi-noms préfigure la descendance plurielle de Lilith, ainsi que sa multitude de noms.

Lamme est une démone stérile, ravisseuse d’enfants, attaquant les femmes enceintes et les mères. C’est un vampire femelle qui massacre les enfants, se repaît du sang des hommes et dévore leur chair. L’iconographie akkadienne la montre en femme nue représentée avec ses membres inférieurs en forme de serres d’oiseau de proie ; elle possède la tête et les oreilles d’une lionne, parfois d’un vautour.

Toutefois, Lilith apparaît déjà plus tôt sous la forme de « Liliake » dans des tablettes sumériennes d’Ur de deux mille ans avant notre ère, dont la fameuse tablette de l’épopée de Gilgamesh. L’étymologie hébraïque populaire fait dériver Lilith du mot « layil », la nuit, et c’est pourquoi elle apparaît souvent sous les traits d’un monstre de la nuit. Lilith est en effet considérée par les érudits comme une créature nocturne, souvent représentée par un chat-huant, dont les cris symbolisent la désolation des contrées maudites.

La première femme d’Adam


Lilith est citée à maintes reprises dans le Talmud et le Zohar, souvent dépeinte comme un démon femelle, doté d’ailes et portant de longs cheveux. Elle se manifeste essentiellement la nuit.

Mais c’est l’Ancien Testament qui semble le plus crédible, bien que très peu explicite à son sujet. C’est vrai, ni le Nouveau Testament ni la tradition chrétienne ne parlent expressément de Lilith, mais on sent sa présence dans des allusions. (Par exemple le démon de Midi dont parle le Psaume 91). Il faut savoir lire entre les lignes et suivre la logique du raisonnement. Les prostitués du "Jugement de Salomon" dans le Livre des Rois seraient, pour beaucoup de kabbalistes modernes, ainsi que suggéré dans le Zohar, Lilith et Agrat.

Pour approfondir le sujet : https://lillithu.wordpress.com/category/lilith-dans-la-bible/

La Genèse parle tout d’abord de deux créations de l’homme : d’abord Dieu créé l’homme et la femme à son image.

Dieu créa l’homme à son image.
A l’image de Dieu Il le créa.
Homme et Femme il les créa.
 

Plus tard dans le récit, il est dit que Dieu modèle l’homme avec de la glaise et qu’il lui insuffla la vie.

Si on s’en tient à ça il n’y aurait pas eu une seule création mais deux : un homme et une femme. Plus loin on apprend que la femme est faite à partir d’une cote d’Adam. Mais il n’est pas précisé s’il s’agit de la même femme qu’au début. C’est une contradiction.

C’est l’Alphabet de Ben Sira qui introduit la légende de Lilith comme étant la première femme d’Adam. Mais cette légende doit être beaucoup plus ancienne que cette transcription par écrit.

Selon la légende, Lilith refusa de servir Adam comme Dieu l’avait destinée à le faire. Les textes nous disent qu’Adam voulait que Lilith soit placée sous lui durant l’acte d’amour mais un jour celle-ci refusa. Adam essaya de la soumettre avec violence et Lilith, en rage, prononça le nom magique de Dieu et reçut miraculeusement des ailes qui lui permirent de s’échapper du Jardin d’Eden.

Adam s’en plaignit à Dieu qui envoya trois anges, Senoy, Sansenoy et Semangelof, à la recherche de Lilith. Le refus de Lilith de revenir aurait ainsi causé sa destitution au profit d’une Eve plus soumise et servile.
 

L’Alphabet de Ben Sira

Lilith
Lilith, peinture de John Collier, 1892
Après que Dieu eut crée Adam, qui était seul, il dit « il n’est pas bon pour un homme d’être seul ». Alors, il créa une femme pour Adam, à partir de la terre comme il avait crée Adam lui-même et il l’appela Lilith. Adam et Lilith commencèrent à se battre. Elle dit « je ne me coucherais pas » et il dit « je ne me coucherais pas en dessous de toi, mais seulement au dessus. Tu es faite uniquement pour être dans la position soumise, car je suis ton supérieur. »

Lilith répondit « nous sommes égaux car nous avons été crées de la même terre ».

Mais ils ne s’écoutaient pas. Quand Lilith s’en rendit compte, elle prononça le nom ineffable et s’enfuit dans les airs. Adam se mis à prier devant son créateur : « Souverain de l’univers, la femme que tu m’a donné est partie ».

Dieu envoya alors trois anges pour la ramener. Dieu dit à Adam que si elle acceptait de revenir, tout serait bien mais autrement elle devrait accepter de voir mourir cent de ses enfants chaque jour.

Les Anges partirent à la poursuite de Lilith. Ils la retrouvèrent mais elle ne voulu point revenir. Les anges dirent alors « nous te précipiterons dans la mer », « laissez moi », dit-elle, « je n’ai été créée que pour causer les maladies aux enfants. Si l’enfant est mâle, j’ai la domination sur lui pendant les huit jours après sa naissance, et si c’est une fille, pendant vingt jours ». Quand les anges entendirent les mots de Lilith, ils insistèrent pour qu’elle revienne mais elle leur proposa alors un marché : Chaque fois qu’elle verrait le nom de ces anges sur des amulettes, elle n’aurait aucun pouvoir sur l’enfant. Elle accepta aussi de voir mourir cent de ses enfants chaque jour. Ainsi, chaque jour, cent démons périssent et pour la même raison, on inscrit le nom des anges sur des amulettes pour de jeunes enfants. Quand Lilith voit ces noms, elle repart en souvenir de sa promesse et laisse l’enfant en vie.
(alphabet de Ben Sira, dixième siècle) 


Dévoreuse d’enfants ou femme libérée ?

Lilith est venue des temps où la place de la femme était bien différente, où la femme était vénérée pour sa capacité à donner la vie. Mais aussi d’un temps où le pouvoir de l’homme n’avait pas encore opprimé la liberté de son égale, la femme.

Elle est souvent représentée sous la forme d’une dévoreuse d’hommes. On lui prête une sulfureuse réputation, tentatrice absolue à la sexualité débridée, dévoreuse de nouveaux nés, castratrice… Mais au fond, qui est elle ?

Les écrits sumériens disent que Lilith est apparue sous le nom d’Inanna, la grande déesse sumérienne symbolisant la vie et la mort, et adressa ces mots à une prêtresse accompagnée de son enfant :

Votre rôle ici-bas n’est point de vivre recluses telles des bêtes apeurées. Vos vaines prières qui arrivent jusqu’à moi ne reflètent que la faiblesse de vos âmes mortes. Endurez comme j’ai enduré et ne haïssez point ce qui vous ont fait souffrir mais prenez les dans vos rangs. N’agissez point tel le troupeau car je ne suis point le berger, celui qui m’a bannie.

Je serais pour vous la mère des souffrances, votre unique espoir et le bourreau des faibles
 


Au travers de l’image misogyne habituelle, on découvre en fait une femme libre, indépendante, refusant l’ordre établi par les hommes et par Dieu, une révélatrice de nos pulsions les plus enfouies.

Elle est celle qui ose renverser l’ordre des choses, refusant toute morale imposée en une liberté alimentée par son caractère de femme non mère, sans responsabilité familiale qui pourrait l’attacher. Franche, elle n’hésite pas à encourir le courroux de Dieu dans son refus de la soumission.

Mais elle accepte aussi la souffrance pour conserver sa liberté et son libre arbitre : elle accepte le sacrifice journalier de cent de ses enfants.

Démonologie gréco-latine

Divers mythes sont apparentés à la légende de Lilith.

Les sirènes sont des créatures séduisantes et enchanteresses, avec un buste et un visage de jeune fille, le dos doté d’ailes (bien que monstres marins), des griffes à la place des mains. Elles attirent les marins par leur chant puis dévorent leur proies. Les traditions en connaissent de 2 à 8 (2 dans l’Odyssée).

Les harpies s’emparent des enfants et des âmes. Elles sont des femmes ailées ou des oiseaux à tête de femme. Elles ont des serres aiguës et parfois une crinière de cheval. Elles sont mentionnées dans la Toison d’Or.

Il en existe bien d’autres qui ne peuvent être tous cités ici par manque de place.

Culte de Lilith en sorcellerie

Lilith, Reine de la nuit
Certains sorciers vouent un culte pour Lilith qu’ils appellent la Déesse Noire. Le culte se pratique en règle générale pendant la nouvelle Lune : Culte de la Lune Noire.

La Lune Noire décrit notre relation avec l’Absolu, le sacrifice comme tel, et montre comment nous lâchons prise.

Les prémices de la vénération de la déesse noire ont vus le jour en ancienne Mésopotamie et plus particulièrement à Sumer, le berceau des « religions du livre ».

Les premiers cultes liés à Lilith sont curieusement apparus dans la même période ou l’on date la création de la première écriture (le sumérien), soit 3300 ans avant JC.

Les premiers mouvements de l’époque furent constitués exclusivement de femmes meurtries, rabaissées ou qui étaient mises au ban de la société.

Au départ, ce n’était que de petits groupes ne dépassant pas une dizaine de membres. Malgré les commandements de Lilith, certaines communautés décidèrent de fusionner entre elles et bien entendu leurs activités attirèrent l’attention. L’amalgame fût rapidement fait entre Sectes infernalistes et les Cultes de la nuit. Les groupes qui suivaient les enseignements de Lilith furent persécutés et détruits. Samiel s’engagea dans une croisade avec toute la fureur qui lui est connue. Il ne fît aucun compromis.

Les purges organisées par Samiel et ses suivants occasionnèrent d’irrémédiables dégâts. La quasi-totalité des écrits de cette époque furent détruits et la pérennité du culte ne put être assurée que grâce à une forte tradition orale.

Les adeptes en fuite s’en retrouvèrent disséminés dans le monde. Un groupe arriva jusqu’en Inde et ce fut bien plus tard les fondements de la croyance en la déesse Kali. D’autres arrivèrent en Europe et particulièrement en Grèce puis dans l’Empire Romain.

Les adeptes voués à Lilith se retrouvèrent au sein de mouvements pour la plupart animistes ou qui adoraient une divinité féminine. Les vicissitudes du passé leur apprirent qu’il leur faudrait vivre leur « foi » dans la clandestinité et l’infiltration au sein de cultes déjà existants fut la pratique la plus couramment utilisée jusqu’à l’apparition du judaïsme puis du christianisme et de l’Islamisme.

Les Lilins, comme on les appelle, ne surent s’intégrer à ces religions et ce pour plusieurs raisons. La plus évidente est qu’il leur était insupportable de vénérer celui qui avait banni leur mère à tous. La seconde est que les rites de ces trois traditions étaient bien différents de ceux des religions païennes. Ici, point de mère nature à vénérer ou d’esprit lié aux vents, aux étoiles ou à la lune.

Les religions monothéistes étaient tout simplement impossibles à intégrer pour les Lilins qui ne purent s’adapter au développement fulgurant de ces croyances. Alors que la tradition chrétienne se renforçait siècles après siècles, la fixation du texte du Coran vers l’an 653 après J.C ferma à jamais aux Lilins les terres d’orient qui virent pourtant la naissance de la Voie de Lilith.

Le mythe s’éteignit donc peu à peu parmi les peuples et seuls certains initiés aux pratiques rituelles liées à Lilith conservèrent cet héritage des temps anciens.

L’inquisition, qui fît rage dès le quinzième siècle par le biais de véritables purges, mis définitivement fin à l’existence du « Culte de Lilith » parmi les derniers et rares fidèles. Il n’en reste à présent qu’une légende.

La seule partie du monde ou une manifestation de Lilith est encore présente reste l’Inde au travers de Kali.

On vit cependant resurgir en Europe des rituels liés à Lilith au cours du XIXe siècle. Les enseignements du culte aurait-ils donc réussi à se transmettre en secret alors qu’on les croyait complètement disparus ou est-ce tout simplement de nouvelles pratiques sorcières modernes n’ayant aucun rapport avec les rites antiques ?



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