Igigu et Anunnaki

Les Igigu
Le terme sémitique Igigu (parfois orthographié Igigi) décrit un groupe de dieux dans le panthéon mésopotamien. Il est probable que le dieu Marduk était l'un d'entre eux, mais la composition totale de ce groupe n'est pas claire et a probablement changé au fil du temps. Il est difficile de savoir quelles divinités ont été incluses dans le groupe des Igigu.

Les Igigu sont indissociables des Anunnaki et il semblerait que les Igigu soient subordonnés aux Anunnaki. C'est peut-être pourquoi certains historiens font souvent la confusion et comptabilisent les Anunnaki en croyant comptabiliser les Igigu.

Selon le baron Wolfram von Soden (19 juin 1908- 6 octobre 1996), en 1966, il est possible que le groupe n'inclue que sept dieux. Pour Burkhart Kienast (1929-2014), en 1965, il y en aurait huit. Pour J. Black et A. Green dans « Dieux, démons et symboles de la Mésopotamie ancienne. Un dictionnaire illustré  », en 1998, il y en aurait dix, mais ceci est également incertain.

Le dieu Marduk semble appartenir à ce groupe avec certitude car dans le prologue du célèbre Code de Hammurabi, il est indiqué que les Anunnaki ont élevé le dieu Marduk parmi les dieux Igigu (pour une traduction, voir Roth 1997 : 76-142; voir aussi von Soden 1966 : 144), mais il est difficile d'évaluer la signification de ce passage. Les autres dieux pouvant appartenir à ce groupe sont Ištar, Asarluhi, Naramṣit, Ninurta, Nuska et Šamaš (Kienast 1965 : 149). Certains dieux semblent appartenir à la fois aux Anunnaki et aux Igigu (Kienast 1965 : 152), mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre cette situation au cours du premier millénaire avant notre ère.

La vérité est peut-être beaucoup plus simple qu'il n'y parait et pour comprendre qui étaient les Igigu il faut revenir à leur création par les dieux primordiaux An et Enlil.

Les Igigu ont grandi comme des plantes

Plantes qui germent
On se souvient qu'à l'origine le ciel et la terre étaient mélangés et c'est leur fils, Enlil, dieu de l'air et des tempêtes, qui a séparé le ciel (An) et la terre (Ki). Enlil est parti avec sa mère la Terre. Mais il ne s'est pas arrêté là !

Dans un hymne sumérien de louange aux divinités, il est raconté que le dieu le plus puissant, Enlil, a séparé le ciel de la terre. Au « lieu où pousse la chair vivante », les premières personnes sont sorties du sol comme des plantes, et Enlil a été heureux.

Il est fort possible que ces personnes qui ont germé n'étaient pas des humains mais des Igigu. Car on apprend par la suite que l'humanité a été créé à la suite de la révolte des Igigu. Enlil étant un dieu, ses enfants, les Igigu, étaient donc des dieux également.

Quand les autres dieux primordiaux virent les Igigu germer, ils prièrent Enlil, plein d'admiration, afin de faire en sorte que les Igigu soient à leur service et répondent à leurs besoins. La déesse mère Ninmena, la « dame de la couronne », créa les dirigeants et c'est ainsi que l'ordre fut apporté à l'humanité. Ces dirigeants n'étaient autre que les Anunnaki : les Grands Dieux.

Voici comme tout ceci est raconté dans les tablettes sumériennes :

Enlil, le Seigneur qui a décidé de produire ce qui est utile.
Enlil, le Seigneur dont les décisions sont immuables,
imagina de séparer le Ciel de la Terre
Quand le Ciel eut été éloigné de la Terre (Ki)
Quand la Terre eut été séparée du Ciel
Quand le nom de l'Homme eut été fixé,
Quand An eut emporté le Ciel
Quand Enlil eut emporté la terre...
Enlil fit germer de la terre la semence du pays.
Sur la Montagne du ciel et de la terre, An / Anu engendra les
Anunnaki, les Grands Dieux.

Lorsque les dieux tenaient le rôle de l'homme,
Ils étaient de corvée et travaillaient :
Énorme était leur besogne,
Leur corvées, lourdes, infini leur labeur.
Car les grands Anunnaki, aux Igigus,
Imposaient une corvée septuple !
Leur père à tous, Anu était leur Roi;
Enlil-le-preux, leur souverain;
Ninurta, leur préfet,
Et Ennugi, leur contremaître.
 

Les fonctions des Igigu

Ce qui distingue l’Igigu de l’Anunnaki n’est pas tout à fait clair. Les Anunnaki seraient de Grands Dieux, des « contremaîtres », alors que les Igigu seraient des Dieux Travailleurs, des mineurs.

L'histoire d'Atrahasis, l'histoire babylonienne du déluge et un précurseur du récit du déluge dans l'épopée de Gilgameš (Tablette XI), offre des éléments de preuve sur la relation entre les Anunnaki et les Igigu. Le poème commence par les lignes suivantes :

Lorsque les dieux comme les hommes portaient le travail et subissaient le travail, le travail des dieux était grand, le travail était lourd, la détresse était beaucoup
  (lignes 1-4) (Lambert et Millard 1999 [ 1969] : 43).

La composition se poursuit ainsi :

Les Sept grands Anunnaki faisaient souffrir les Igigu
  (lignes 5 et 6) (Lambert et Millard 1969 [1999] : 43).

On apprend donc ici que les Anunnaki étaient sept et c'est sans doute ce qui a trompé le baron Wolfram von Soden quand il affirmait que les Igigu n'étaient que sept. Il est plus probable que les Igigu soient en réalité des centaines car ils ont poussé comme des graines.

Ce qui suit est en partie fragmentaire, mais semble indiquer que les dieux Igigu ne voulaient plus travailler et que les Anunnaki devaient donc trouver une solution. En fin de compte, cela a conduit à la création d'humains, qui doivent désormais porter le travail des dieux. Dans cette histoire, il apparaît que les Igigu étaient subordonnés aux Anunnaki (von Soden 1989 : 341-2).

Certains textes mythologiques, tels que le mythe d'Anzu, parlent d'une assemblée des dieux Igigu, mais il reste à savoir s'il s'agit d'une assemblée institutionnalisée, comme le suggère Kienast en 1965.

La création des humains en tant qu'esclaves

L'un des plus anciens récits de la création de l'humanité est l'épopée mésopotamienne connue sous le nom d'Atra-Hasis.

Nous savons par les écritures cunéiformes des sumériens que les dieux ont créé les humains comme esclaves. Nos ancêtres ne pouvaient pas le comprendre. Ils croyaient, à tort, que ces extraterrestres étaient des dieux, car ils étaient descendus du ciel, ils avaient influencé les humains et ils avaient des forces surnaturelles. Ce n'étaient certainement pas des esprits ou des fantômes.

L'histoire de la création mésopotamienne parle de plusieurs éléments à prendre en compte dans la création de cette course au travail que les dieux extraterrestres voulaient créer. Pour que le corps fonctionne, vous devez y attacher une âme pour le faire fonctionner. Les dieux ont conçu le corps comme une sorte de prison qui emprisonnerait les étincelles divines ou les âmes des êtres de lumière sous une forme humaine.

On commence à se demander si cet aspect dualiste ou hybride de l'humanité est en quelque sorte un jeu pour ces dieux extraterrestres :
Créons des conflits entre ces humains.
Mettons-les sur cette planète.
Voyons ce qui se passe.

Les humains sont essentiellement des êtres hybrides. Nous sommes des êtres en conflit. Une partie de nous est immatérielle et légère, et l'autre partie est matérielle et sombre. Et c’est ce conflit constant qui régit nos vies et définit notre civilisation.

Est-il possible que les humains n'aient pas seulement été la création d'êtres extraterrestres, mais aussi un être délibérément conçu pour posséder des attributs à la fois de bien et de mal ? Et si oui, les forces de la lumière et des ténèbres sont-elles dans une lutte épique pour influencer le chemin de l'humanité ?

Lieux de culte des Igigu

Nous ne connaissons actuellement aucun lieu de culte pour les Igigu. Kienast (en 1965 ; 1976-1980) a maintes fois suggéré que les Igigu ne sont attestés que par des textes littéraires et mythologiques. Cependant, von Soden (en 1966) a présenté des éléments de preuve qui pourraient indiquer qu'il existe très peu de noms de personne théophores qui invoquent les Igigu, offrant ainsi une preuve de leur vénération, bien que celle-ci soit très rare.

Dans un sens ça se comprend car l'humanité aurait été créée pour remplacer les Igigu et devenir des esclaves du travail à leur place. Il n'y a donc pas à trop les vénérer...

Périodes attestées

Le terme Igigu est d'abord attesté dans des textes de l'ancienne période babylonienne et n'apparaît que dans des contextes akkadiens. L'équivalent logographique sumérien du terme Igigu est non-gal-e-ne, à traduire par « les grands princes / souverains ». Ce terme est mentionné dans un texte littéraire attribué à la princesse Enheduanna, fille du roi Sargon, fondateur de la vieille dynastie akkadienne. Cette composition particulière n’est attestée que dans des manuscrits vieux-babyloniens et il n’est pas clair si une date plus ancienne peut être prouvée. Selon Edzard, il est possible que la non-gal-e-ne soit à l'origine un épithète des dieux Anunnaki qui a ensuite été identifié à l'Igigu sous l'influence de l'Akkadien.

Les Igigu et les Anunnaki sont fréquemment attestés dans des textes littéraires, mythologiques et religieux (incantations et prières) jusqu'à la fin de la tradition cunéiforme. Les Igigu sont mentionnés, entre autres, dans le mythe Anzu, dans Enāma eliš et dans le poème Erra. Ils sont attestés dans des manuscrits du premier millénaire avant notre ère.

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