Chez les autres peuples

La persuasion que la volonté des dieux pouvait être brisée par l'énergique volonté de certains hommes se trouve aussi chez les Perses, les Gaulois, les Germains, les Celtes, les Armoricains et tant d'autres anciens peuples.

Chez les celtes

Les druides se servaient de paroles magiques pour se rendre invulnérables ; pour arrêter les progrès d'un incendie, pour exciter ou calmer les tempêtes, pour troubler la raison de leurs ennemis. Les drottes, ou magiciens de l'Armorique, prétendaient ressusciter les morts au moyen de paroles mystérieuses ; c'était très certainement de la goétie. Ils assuraient pouvoir donner ou guérir toutes sortes de maladies.


En scandinavie

On trouve dans l'Havamaal scandinave ce curieux passage :

 Je sais des paroles que nul enfant des hommes ne connaît ;
des paroles qui chassent la plainte, les souffrances et les chagrins.
J'en sais qui émoussent le tranchant des armes,
qui brisent les plus fortes chaînes,
qui apaisent l'orage et ramènent la sérénité au ciel;
j'arrête les vents qui poussent les nuages,
et d'un regard je puis calmer la mer irritée.
Quand je trace des caractères sacrés,
les habitants des tombeaux se réveillent et viennent à moi.
Si je répands de l'eau sur l'enfant nouveau-né,
le fer ne peut plus rien contre lui.
Je dévoile la nature des dieux,
des génies et des hommes;
j'éveille le désir dans les cœur de la vierge la plus chaste ;
je sais inspirer l'amour ou la haine ;
rendre les femmes fécondes ou stériles ;
je puis redoubler ou abattre le courage des guerriers....
 


A Rome

Chez les peuples du Latium, les augures prétendaient aussi, en se servant de paroles magiques, pouvoir enchaîner les vents, calmer la tempête, diriger la foudre, enlever aux serpents leur venin, et, ce qui est plus fort, décrocher la lune du firmament pour la faire descendre sur Terre.

En Asie

Les Scythes avaient aussi leurs magiciens qui opéraient les mêmes prodiges que ceux des autres peuples ; néanmoins, il faut le dire à leur louange, ces enchanteurs étaient bien moins nombreux chez eux que chez les autres nations.

Monstre goétique
 

La légende de Circé

Si nous remontons les âges, nous voyons, aux temps héroïques de la Grèce, la magicienne Circé composer des breuvages dont le pouvoir métamorphose les compagnons d'Ulysse en animaux immondes ; fait allégorique, dont le vrai sens signifie que Circé composait, avec certaines plantes, un breuvage dont l'action sur le cerveau avait pour résultat la suspension momentanée de la raison et de la volonté. Mais ce fut surtout dans l'art des empoisonnements qu'excella cette magicienne. Le premier essai qu'elle fit de ses compositions fut sur son mari, ce qui la rendit si odieuse dans sa contrée, qu'elle se vit forcée de prendre la fuite. Elle changea, dit-on, Scylla en monstre marin, et Picus, roi d'Italie, en pivert.

Ulysse lui-même, plus heureux que ses compagnons, n'échappa aux enchantements de la magicienne qu'au moyen d'une plante nommée moly que Minerve lui avait donnée comme préservatif.

La légende de Médée

Médée était aussi très savante dans la connaissance des plantes ; elle parvint à rajeunir Éson, ou du moins à prolonger son existence au delà du terme naturel. De même que Circé, elle devint une célèbre empoisonneuse. Euripide lui attribue différents meurtres ; entre autres ceux de Créon, d'Absyrte et de Pélias ; il l'accuse, en outre, d'avoir empoisonné sa propre fille. L'historien Diodore de Sicile nous dépeint Circé et Médée comme deux goétiennes redoutables, inspirant l'épouvante et l'horreur.

Les goétiens romains

Les Romains eurent aussi leurs goétiens et leurs magiciennes taillées sur le modèle de ceux des Grecs, et il n'y avait pas que le vulgaire ignorant qui crût à leur pouvoir : car si Caton, Lucrèce et Cicéron s'en moquaient, Virgile, Ovide, Horace et d'autres poètes semblent y avoir ajouté foi. Horace surtout reproche très amèrement aux magiciennes Hermonide, Sagane et Canidie leurs odieux maléfices. Il fut un moment où les premières têtes de l'empire se montrèrent saisie de cette singulière folie. L'on reproche à Sextus, fils du grand Pompée, d'avoir immolé un enfant dans une de ces horribles incantations. L'empereur Claude eut recours à l'art d'une magicienne pour éteindre la honteuse passion qui s'était allumée dans le sein de son épouse.
 

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