La perception des djinns - Comment les reconnaitre ?

Il existe une réelle distinction entre les djinns et les humains car le djinn ne se perçoit pas lui-même comme humain et n’appréhende pas l’humain comme un djinn. Chaque race est réellement consciente de ce qu'elle est. Pourtant les uns comme les autres se perçoivent comme des équivalents en tant que créatures de Dieu douées d’intelligence et de parole.

Un grand précepte reste cependant difficile à assimiler par les occidentaux qui n'ont pas côtoyé la tradition musulmane depuis leur enfance : les djinns peuvent nous voir alors que nous même nous n'avons pas la possibilité de les voir sous leur forme originelle puisqu'ils sont invisibles. C'est pour cette raison que les djinns usent beaucoup de la métamorphose et en particulier avec l'assimilation d'éléments animaux. Bien que leur physionomie originale soit imperceptible par les sens humains, les djinns se manifestent parfois aux hommes sous diverses apparences reconnaissables par ces derniers.


Un djinn métamorphosé en chat
Les djinns choisissent l’enveloppe physique qu’ils décident de revêtir. Ils peuvent apparaître sous forme minérale, végétale et beaucoup plus fréquemment sous forme animale et humaine. Lorsqu’ils se manifestent sous la forme d’animaux, les djinns le font exclusivement sous l’apparence d’animaux haram, illicite à la consommation (âne, jument, chat, hyène, lion, serpent). Aucune histoire ne relate le cas d’un djinn qui aurait pris la forme d’une vache, d’un lièvre ou d’une perdrix. Le djinn se transmute et prend l’aspect qu’il désire, et rien dans l’apparence physique ne peut permettre, pour un humain, de différencier un chat, d’un djinn transformé en chat. La plupart du temps, le rapport aux djinns est vécu individuellement, lors d’une rencontre malheureuse. Tout le monde est censé avoir eu plusieurs fois dans sa vie, tout au moins lors des années d’enfance passées en tant que berger, l’expérience d’une confrontation avec un djinn. Telle qu’elle est relatée au travers des récits biographiques, l’expérience des djinns prend souvent la forme d’une rencontre fortuite avec des animaux haram (illicite) au mauvais endroit et au mauvais moment. Un serpent ou un scorpion trouvé aux abords ou dans la maison, un chat, un renard ou un chacal immobilisé au croisement des chemins ou au milieu d’un champ, une mule errant dans un cimetière ou un jardin, une chouette ou une chauve-souris apparue en plein jour, le reflet de deux yeux dans la nuit noire au sein d’une zone horticole, un homme rencontré au milieu du désert… autant d’apparitions intempestives qui sont interprétées comme la manifestation des djinns.

La référence aux djinns intervient toujours quand l’humain se trouve confronté à un être vivant qui n’est pas à sa place, qui n’est pas dans le milieu originel qui lui a été assigné symboliquement par les hommes. Face à un animal qui n’est pas à sa place, on ne peut jamais savoir à qui l’on a vraiment à faire. Les djinns sèment le doute dans l’identification d’autrui. Dans tous les cas, la confrontation inopinée laisse des séquelles psychiques et corporelles chez l’humain, allant du simple trouble de locution durant quelques minutes ou quelques heures, à un mutisme prolongé ou à des crises de spasmophilie et de vertige. Pour expliquer ces symptômes de la rencontre, on raconte que le djinn a donné le mauvais œil au sujet humain, qu’il l’a effrayé par ses paroles, ou qu’il l’a giflé. Le mauvais œil, l’interpellation verbale ou l’agression physique témoignent d’une relation de personne à personne entre l’humain et l’animal incarné par le djinn. Dans cette relation de personne à personne, l’humain est en position d’infériorité, il en vient même à perdre ses facultés humaines, comme le langage. L’individu est pris d’effroi face au mode d’expression typiquement humain de l’animal incarné par le djinn. Il n’est pas question ici de rapports bienveillants entre les humains et les djinns marqués par des régimes de sociabilité. Au contraire, quand un homme rencontre un animal qui n’est pas à sa place habituelle, il est emprunt de doute et subit un rapport de personne à personne qui le rend corporellement et psychiquement vulnérable. Le doute place l’individu dans une posture où les modalités de l’interaction priment sur les référents ontologiques dans l’identification de l’animal. La boîte à outils de l’analogisme ne suffit plus pour identifier l’être face auquel on se trouve, il faut nécessairement s’engager dans l’interaction pour savoir à qui l’on a à faire.


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