Le licite et l'illicite

Magie sihr al aswad
Le siḥr ḥalāl et la nigromancie nous font immédiatement penser, par analogie, à la dualité qui existe entre la magie blanche et la magie noire, ces deux grandes catégories de magie qui sont bien souvent diamétralement opposées. Mais n'est-ce pas aller un peu vite que de s'arrêter à ces préceptes qui sont, il faut bien le reconnaitre, d'invention judéo-chrétienne. L'opposition du bien et du mal n'est pas aussi nuancée dans la culture arabe où le diable est une création de Dieu. Le monde des djinns est un univers parallèle qui existe au même titre que le monde où nous vivons. Il n'y a pas à se demander si c'est bien ou si c'est mal, c'est comme ça, il faut l'accepter.


Qu'on ne soit pas tenté de rapprocher la « magie licite » (siḥr ḥalāl) du droit musulman avec l'idée de « magie blanche ». Les deux reposent sur des visions très différentes du monde. Alors que la « magie noire » sert à opérer une distinction bien/mal, la magie « licite » se situe dans un cadre légal. Même s'il y a unanimité pour condamner le magicien qui a recours à des puissances non-divines ou qui commet des actes illicites par la magie, certains actes magiques ne sont pas bons ou mauvais en soi et seul le contexte permet au juriste de déterminer la licéité ou non de l'acte. Par exemple, tuer un individu par une magie peut, selon les juristes, être interprété comme un acte non-répréhensible, sous réserve que la victime soit un individu dont le sang est jugé licite (par exemple un « tyran »). Le licite et l'illicite ne recoupent pas les idées de bien et de mal. La magie naturelle est qualifiée de « blanche » et la magie prohibée appelée « noire ». Si « magie blanche » (siḥr abyaḍ) et « magie noire » (siḥr aswad) sont d'un emploi courant en arabe contemporain, il nous semble que les deux expressions sont un calque de ces mêmes expressions dans les langues européennes car nous n'en avons trouvé aucune trace au Moyen-Âge.


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