L’histoire convenue de l’île

En mai 2000, je découvre l’île de Pâques en touriste. Aussi, je ne m’attends pas à ce que je remette en question la théorie établie sur son passé. Entre 800 et 900, un petit groupe de pionniers polynésiens y aurait fondé une petite société humaine. Vers 1200, le nombre grandissant des Pascuans et leur manie d’ériger des moai auraient enclenché le déboisement de l’île, et par là une catastrophe écologique due à l’épuisement de ses ressources. Quand les premiers Européens arrivent sur l'île, il ne reste plus un arbre.


Cette version convenue de l’histoire des Pascuans a engendré nombre d’interprétations morales. Selon le géographe Jared Diamond, de l’Université de Californie :

Rapa Nui illustre les effets de la destruction de l’environnement.  

Un peu de géographie

Géants de l'île de Pâques
Voilà ce dont j’avais entendu parler à mon arrivée sur l’île, et ma visite serait restée entièrement touristique si je n’avais rencontré l’un de mes anciens étudiants : Sergio Rapu, le premier gouverneur rapanui de l’île. Il m’encouragea à engager des recherches sur Rapa Nui. Après réflexion et diverses circonstances, j’y débarque donc avec mes étudiants en août 2000, pensant venir apporter une touche supplémentaire à la théorie établie.

 
Guide de voyage à l'île de Pâques selon le magazine Géo.

Pour savoir par où commencer il faut d’abord connaître la situation géographique de l’île de Pâques. Lorsqu’un petit groupe de navigateurs Polynésiens atteignit l’île, il arrivait en l’un des endroits les plus isolés de la Terre. 3 000 kilomètres d’océan séparent Rapa Nui de l’Amérique du Sud, et l’île habitable la plus proche – l’île Pitcairn – est à 2 000 kilomètres à l’Ouest. Rapa Nui se trouve au Sud des tropiques, de sorte que son climat est moins agréable que celui des autres îles du Pacifique. Ses quelques 171 kilomètres carrés sont arrosés par des pluies irrégulières et balayés par des vents chargés de sel, qui rendent l’agriculture difficile.

La flore et la faune

La flore et surtout la faune de Rapa Nui sont pauvres. Seulement deux espèces de vertébrés vivent sur l’île : les poules et les rats. Les rats ont été introduits sur l’île par les Polynésiens (avec les poules), qui les convoyaient probablement avec eux comme source de protéines. Diverses espèces d’oiseaux ont vécu sur l’île, mais ont pour la plupart disparu aujourd’hui. Une étude récente recense seulement 48 espèces végétales insulaires, dont 14 introduites par les Rapanuis. Les arbres visibles sur l’île aujourd’hui ont tous été introduits au cours du siècle dernier, car l’île de Pâques de la fin du XIXe siècle était dénuée d’arbres. Pourtant, à l’arrivée des Polynésiens, l’île était couverte de forêts luxuriantes d‘un palmier cousin du cocotier du Chili que les botanistes ont nommé Paschalococos disperta, espèce endémique de l’île aujourd’hui disparue.


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