Les textes apocryphes chrétiens

Textes Apocryphes
Crédit photo : Songa
Que l’église ait jugé nécessaire d’établir une liste de textes jugés authentiques est dans l’ordre naturel de tout corps social qui entend préciser sa raison d’être et ses motivations. Il pourrait paraître étonnant que ce processus ait duré près de quatre siècles, mais il faut considérer qu’il fut concomitant à la construction de l’église chrétienne et en quelque sorte entérine sa naissance.

La majorité des livres qui constituent le Nouveau Testament ont été écrits par divers auteurs sur une période de soixante-dix ans (entre l’an 50 et 120). D’autres livres prétendument écrits par les premiers disciples de jésus et même des faux signés du nom d’apôtres décédés depuis longtemps, firent ultérieurement leur apparition. On les appelle des textes pseudépigraphes.


Les évangiles elles mêmes sont sujettes à caution. Elles n’auraient pas été écrites par les apôtres mais plus probablement pas des témoins de leur temps. Entre les vrais faux et les faux vrais il semble que si la déclaration de validité dépend de critères précis, un de ces critères majeurs et non défini s’attache à organiser la cohésion doctrinale afin de lui épargner tout contresens porteur de difficulté.

Canoniques VS apocryphes

Il est vrai que la multitude des écrits fait peser un risque inhérent à tout témoignage, la divergence des points de vue. A ce risque naturellement humain s’ajoute ici l’intention des gnostiques qui entendent inculquer au christianisme leur vision d'un monde mal né. L’église proto-orthodoxe va donc devoir établir ses bases et commencer par préciser les critères de sélection des livres candidats au titre d’« écriture canonique ».

D’abord un texte devait être ancien, c'est-à-dire qu’il devait dater de l’époque de Jésus ou s’en rapprocher. Ensuite un texte devait être apostolique, ce qui entendait qu’un texte devait avoir été écris par un apôtre ou un de ses compagnons. En troisième lieu un texte devait être
catholique ce qui signifiait qu’il devait être largement utilisé dans les églises « établies ».

C’est ainsi, par exemple, que certaines épîtres (3 jean, 2 Pierre) ont eu du mal à être acceptés dans le nouveau Testament du fait qu’elles étaient rarement utilisées. Enfin un texte doit être orthodoxe, c'est-à-dire qu’il devait répondre aux trois premiers critères et ne comporter aucune allusion qui par nature laisserait entrevoir des intentions hétérodoxes. Ainsi l’évangile de Pierre est recalée au motif qu’elle comportait des arguments proches de la doctrine docétiste et ne pouvait de ce fait pas avoir été écrit pas Pierre.

Le classement d'Eusèbe

Eusèbe au début du quatrième siècle propose une autre échelle d’appréciation. Il classe les livres en :
– reconnus autrement dit acceptés.
– discutés, dont les textes peuvent être considérés comme canoniques, mais après discussion.
– spécieux autrement dit , fabriqués mais qui sous certaines conditions pourraient être reconnus.
– hérétiques qui sont rejetés sans appel.

Même si les catégories semblent bien définies il existe une autre menace planant sur les écrits canoniques rendant leur sélection plus délicate. En effet certains hérétiques jettent leur dévolu sur des livres éligibles à la canonicité, en y sélectionnant les passages qui les arrangent. Ainsi les Ebionites préfèrent Mathieu, les gnostiques en général, Marc, les Marcionites, Luc et les gnostiques Valentiniens, Jean.

Dès le IIème siècle l’église proto-orthodoxe reconnaissait une liste d’écrits appelés canon muratorien en référence à L.A. Muratori qui en fit la découverte dans une bibliothèque de Milan en 1740. Ce canon contenait 22 des 27 livres retenus dans le Nouveau Testament.

Comment fut constitué le nouveau testament ?

C’est avec Athanase, évêque d'Alexandrie que l’idée de constituer une liste d’ouvrages acceptés par l’autorité religieuse va prendre corps. Athanase à l’habitude chaque année d’envoyer aux églises d’Égypte une lettre indiquant la date de pâques, lettre dans laquelle il ajoute des conseils. Dans sa 39eme lettre il indique les livres que l’église pourrait accepter comme écritures canoniques, à savoir, l’Ancien Testament plus 27 livres du nouveau Testament.

L’idée de quatre évangiles revient à Irénée évêque de Lyon qui estimant qu’il existe quatre points cardinaux en déduisit qu’il ne pouvait exister ni plus ni moins que quatre évangiles.

Il faudra attendre les synodes d’Hippone et de Carthage où sous l’instigation d’Augustin d’Hippone se formera un consensus. Cet agrément ne concernera que l’église d’Afrique, bien qu’il finisse par faire référence pour les églises orthodoxes, catholique romaine et protestante.

Il faudra encore attendre le concile de Trente au XVIème siècle pour qu’une liste soit entérinée, et encore cette décision n’aura de valeur que pour l’église catholique romaine. La liste suivante sera définie au cours de ce concile et n’aura donc de valeur que pour la seule église catholique, et ne vaudra que pour la vulgate.

Textes du Nouveau Testament

Les textes historiques

– Les quatre Évangiles, selon Saint Matthieu, Saint Marc, Saint Luc, Saint Jean ;
– les Actes des Apôtres, écrits par Saint Luc Évangéliste

Les textes doctrinaux

Quatorze Épîtres de Saint Paul :
– une aux Romains.
– deux aux Corinthiens
– une aux Galates,
– une aux Éphésiens
– une aux Philippiens,
– une aux Colossiens,
– deux aux Thessaloniciens,
– deux à Timothée,
– une à Tite,
– une à Philémon,
– une aux Hébreux

Deux Épîtres de l'Apôtre Saint Pierre

Trois de l'Apôtre Saint Jean

Une de l'Apôtre Saint Jacques

Une de l'Apôtre Saint Jude

Les prophéties

L’Apocalypse de l'Apôtre Saint Jean.

Textes de l’Ancien Testament

Les textes de l’Ancien Testament sont composés de :

– Les cinq Livres de Moïse, qui sont, la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome ; Josué, les Juges, Ruth
– Les quatre Livres des Rois,
– Les deux des Paralipomenes, le premier d'Esdras et le second, qui s'appelle Néhémias ; Tobie, Judith, Ester, Job
– Le Psautier de David, qui contient cent cinquante Pseaumes
– Les Paraboles, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiastique, Isaïe, Hiéremie, avec Baruch, Ezéchiel, Daniel
– Les douze Petits Prophètes, à savoir : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habachuc, Sophonias, Aggée, Zacharie, Malachie.
– Deux des Maccabées, le premier, et le second.

La canonisation des textes de l’ancien testament varie en fonction des autorités de tutelles. Par exemple Hénoch n’est canonique que pour l’église d’Éthiopie. Suzanne est accepté par la septante refusé par la vulgate et inclus dans Daniel pour le canon catholique et orthodoxe. Les textes canoniques chrétiens de l'ancien Testament ne sont donc pas nécessairement ceux du canon judaïque.

Gnose et Orthodoxie, des inconciliables

Le choix de retenir certains textes au canon des écritures peut s’avérer parfois délicat et subtil. En revanche une partie de la littérature rejetée par l’église proto-orthodoxe est d’inspiration très nettement gnostique et par conséquence hérétique.

Les textes se caractérisent par une identité de croyances qui divergent fondamentalement de l’orthodoxie. Le monothéisme y prend un sacré coup, et Jéhovah lui-même n’est qu’un sous-fifre imbu de sa personne. Dans ce qu’Augustin appelle des « fables » nous trouvons la présentation d’une cosmogonie complexe, alambiquée, en tous cas ésotérique qu’il serait prétentieux de vouloir saisir à moins de se qualifier initié.

Quel que soit ce fabuleux embrouillamini il a l’avantage de présenter une cosmogonie au scénario intéressant et ne saurait être disqualifiée au seul motif qu’il défend une cause qui a perdu. Il est trop facile de prétendre à la valeur historique des écrits canoniques, et de ne voir dans la concurrence qu’au mieux des mythes au pire des contes. Les gnostiques ont peut être raconté des fables mais pas plus que d’autres qui ont érigés, sans plus de preuve, leurs légendes en parole d’évangile.

Étant alliés d’aucune autre cause que celle de la curiosité nous voulons tenter de résumer les principaux thèmes récurrents des textes gnostiques pour y détecter les intemporelles constantes que nous pourrions retrouver dans d’autres mythes et croyances, et surtout pour rester fidèles à une démarche qui consiste à dépasser le champs habituel de la réflexion.

Liste de quelques textes apocryphes

Le Livre d'Hénoch

L'Apocryphon de Jean, un texte typiquement gnostique

L'origine du monde, la cosmogonie gnostique

La descente de Jésus aux enfers

L'évangile de Philippe

L'évangile de Judas


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