Les Zande sont ethniquement mélangés. Au XVIIIème siècle, un peuple se faisant appeler Ambomu et vivant sur le fleuve Mbomu ont commencé, sous la direction de leur clan Avongara alors au pouvoir, à conquérir de vastes étendues de territoire au sud et à l'est, accablant de nombreux peuples, dont certains ont préservé leur propre langue tandis que d'autres ont été complètement assimilés. Cet amalgame constitue le peuple Zande moderne. Au cours de leurs conquêtes, des descendants du clan royal se forgent des royaumes et les guerres entre ces divers royaumes sont fréquentes.
Les Zande vivaient traditionnellement dans des fermes familiales dispersées. La polygynie est toujours pratiquée chez eux. Dans le passé, beaucoup d'hommes, en particulier les nobles, avaient tellement d'épouses qu'il était difficile pour les hommes plus jeunes de se marier. L'adultère pourrait être lourdement puni. Le mariage est contracté par le don d'environ 20 lances du marié à la famille de la mariée. Les filles étaient mariées très jeunes et parfois fiancées quelques heures après la naissance. Bien que les roturiers ne se marient pas dans leurs propres clans, les nobles épousent souvent des parents, même leurs demi-sœurs paternelles et leurs propres filles. Les clans patrilinéaires sont nombreux mais largement dispersés.
Ces clans sont totémiques et on pense qu'à la mort, le corps-âme, l'une des deux âmes existant dans la religion zande, devient un animal totémique du clan du défunt. La religion zande se concentre également sur le culte des ancêtres.
La sorcellerie chez les Zandes
Les accusations de sorcellerie peuvent provoquer des disputes et des ruptures. Ainsi, on rencontre des parents ou des proches qui ont cessé toutes relations depuis plusieurs années, parce que l’un d’eux a accusé l’autre de l’avoir ensorcelé ; d’autres se fâchent pour la même raison, un certain temps, puis reprennent des relations normales et ne se traitent plus de sorciers ; d’autres, enfin, entretiennent des relations normales tout en se suspectant.
L’essentiel de la sorcellerie est donc dans le dispositif social qu’elle permet de penser et non dans la signification de ses recettes.
Elle repose sur un corps de croyances qui fournit un cadre symbolique aux dispositions psychologiques individuelles, donne une forme d’expression aux conflits et propose un modèle d’interprétation des événements de la vie quotidienne. (Jean-Paul Colleyn, p. 88-89)
Les techniques des sorciers Zandé
Parfois, comme dans la tradition chrétienne, on croit que leur pouvoir malveillant provient d’une relation privilégiée avec un esprit pervers avec lequel ils ont un « pacte », ou ils l’exercent par le biais de « familiers » (assistants ou agents) tels que chiens, chats, hyènes, hiboux ou babouins. Dans d'autres cas, on pense que le pouvoir du sorcier est basé sur son propre corps et aucune source externe n'est jugée nécessaire.
Parmi les Zande du Congo et d'autres peuples d'Afrique centrale, la source de cette capacité de travail pervers se trouverait dans l'estomac du sorcier et sa puissance et son rayon d'action augmentent avec l'âge. Il peut être activé simplement en souhaitant qu'une personne tombe malade et constitue donc une sorte de malédiction implicite. Dans le même temps, les Zande croient que les actes pervers peuvent être commis encore plus efficacement par la manipulation de sorts et de potions et par le recours à une puissante magie.
Dans la terminologie anthropologique, il s’agit techniquement de « sorcellerie » et donc, comme les « sorcières » de la pièce de Shakespeare, Macbeth, qui dansent autour d’un pot mélangeant des potions et des sorts, les praticiens de la sorcellerie Zande peuvent être appelés « sorciers ».
Une démarche inconsciente
Quelle que soit la base de leur pouvoir et le moyen par lequel il est exercé, on attribue régulièrement aux sorciers la cause de toutes sortes de maladies et de catastrophes. La maladie, et même la mort, ainsi qu'une foule de petits malheurs, sont systématiquement portés à leur compte. Dans de nombreuses régions d’Afrique et Asie, épidémies et catastrophes naturelles ont été interprétées comme des actes de sorcellerie. Pour certains candidats malheureux dans de nombreux pays moins développés, la même influence maligne est invoquée pour expliquer (au moins en partie) l’échec aux examens, aux élections ou aux difficultés pour trouver un emploi. Les membres de certaines sectes afro-brésiliennes, par exemple, estiment que la perte d'emploi est due non à la conjoncture économique ou à de piètres performances, mais à la sorcellerie, et ils participent à un rituel, la « consultation », pour lutter contre le mal.
La sorcellerie s'applique lorsque la rationalité échoue
Il n’y a donc aucune incohérence dans les actions du malade africain qui consulte à la fois un médecin et un sorcier. Le premier traite les symptômes externes, tandis que le second dévoile les causes cachées. Tout comme l’Africain malade prend les mesures préventives prescrites par le médecin, il peut également prendre des mesures contre le surnaturel. Pour se protéger contre la sorcellerie, par exemple, le patient peut porter des amulettes, prendre des « médicaments » ou effectuer des bains particuliers, ou encore pratiquer la divination.