L' « utilisation corporelle » que nous évoquons ici est l'anthropophagie du sorcier qui révèle, en sus des transformations physiques de celui-ci, une vision dissociative de la personne. Certains types d'agression magique utilisent également des éléments physiologiques de la victime. Il s'agit cependant, dans ce cas, d'une magie noire se rattachant beaucoup plus à une vaste tradition sémitique de l'envoûtement qu'à la conception métaphysique de l'Homme traditionnellement en vigueur sur la rive méridionale du lac Tchad.
L'analyse des significations et des méthodes d'élaboration du suwā expliquent l'essentiel des attitudes devant les maux, les joies et les dangers de l'existence.
Tout ce domaine de la sorcellerie (dévoration du double) dépasse de beaucoup le territoire des Kotoko et des Suwā. Sans parler de toutes les populations du Nord-Cameroun et de l'Adamaoua, on le retrouve chez les Azandé d'Evans-Pritchard, au Nord-Nigéria et au Niger, chez les Peul du Fouta-Djallon et jusqu'au Sénégal. II s'agit probablement d'un « trait culturel » spécifiquement africain de la savane, n'appartenant pas à la culture islamique véhiculé par le Coran.
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