Le Temple de Seth

Michael et Lilith Aquino
Michael et Lilith Aquino
La deuxième grande Église satanique est un peu au satanisme ce que la Réforme est au christianisme : un schisme, en rupture avec le credo dominant. Le Temple de Seth (parfois orthographié Set) a été fondé en 1974 par Michael Aquino, lieutenant de l’armée américaine, spécialiste de la guerre psychologique. Aquino, « baroudeur “intello” bardé de diplômes » pour reprendre l’expression de Paul Ariès, rejoint LaVey en 1967.


Aquino était l'adjoint de LaVey

Celui-ci, pourtant bien conscient de l’hétérodoxie de l’officier américain (Aquino est persuadé que le Diable est une créature bien réelle et pas seulement un mythe cosmique comme le prétend LaVey), le nomme pourtant prêtre : il faut dire que Aquino, lors de ses multiples dialogues avec le Diable, reçoit la révélation que LaVey est plus qu’un être humain. Il serait un démon.

Les relations entre les deux hommes vont pourtant se dégrader. LaVey envoie Aquino en Californie fonder un nouveau grotto. Celui-ci va plus loin que prévu et établit un grotto autonome, au fonctionnement plus hiérarchisé et secret.

Le schisme

Mais c’est en 1975 que tout se précipite avec la rédaction de The book of coming forth by night  où le prêtre discrédite les thèses du fondateur en expliquant le véritable plan de Satan. Celui-ci, qui ne serait autre que l’une des nombreuses figures (avec Odin, Prométhée ou Kali) d’une entité appelée Seth, aurait tenté, par le biais de LaVey, de fonder son Église afin de passer à l’âge de Satan. Le pape noir étant « incapable de réaliser complètement sa mission », Seth, bon prince (des ténèbres…), aurait chargé Aquino d’offrir aux hommes les outils pour devenir eux-mêmes des dieux. Malgré quelques légères différences, l’organisation du Temple de Seth est semblable à celle de l’Église de LaVey, avec un système d’ordres, de pylônes (en lieu et place des grottos) et de grades (magicien, prêtre, maître du temple, magnus).

Le Temple de Seth est proche du néo-nazisme

Le Temple de Seth a fait l’objet de critiques plus vives que celles adressées à l’Église de LaVey. Tout d’abord, en interne, deux approches se sont combattues : l’une défendant la thèse de l’adoration religieuse de Seth, créature bien réelle et, l’autre, faisant part du caractère avant tout symbolique de cette entité. Ces deux lignes ont leurs apôtres et se combattent ouvertement au sein de l’institution. En outre, le Temple fait l’objet de critiques acerbes dénonçant sa connivence avec diverses mouvances extrémistes occultistes ou politiques (l’Ordre des neuf angles, la Société du lys noir) proches du fascisme ou du néonazisme. Aquino aurait ainsi plus d’une fois salué l’ésotérisme d’Heinrich Himmler, dirigeant de la Gestapo et initiateur de la « solution finale ».

Les fondamentalistes satanistes, qu’ils soient sataniques ou lucifériens, se raccrochent fermement aux fondamentaux de leur groupe, quitte à s’y réfugier et s’y enfermer. Ils ne s’aventurent guère à mélanger des formules du Livre des noms  ou des symboles néonazis avec des incantations en langue enochienne trouvées sur Internet, dans un décorum grandiloquent rappelant, détail par détail, l’atmosphère crépusculaire de la chambre de Regan MacNeil, héroïne de L’Exorciste.
 

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