Avec ses attributs du bouc et du taureau, Dionysos impulse la force créatrice de l’équinoxe de printemps, les forces déchaînées qui vont peu à peu se canaliser, s’ordonnancer, pour aboutir avec Déméter, à la récolte, à l’épi, à Coré cette graine vierge, qui à nouveau rejetée dans les enfers, corrompue et violée, renaîtra au printemps suivant.
Dionysos est le dieu du temps devant soi, de l’exubérance d’une jeunesse pleine de projets, Déméter est la déesse des récoltes, des passions assagies, des bilans, et des nécessaires équilibres qui obligent contrairement à Dionysos à peser le pour et le contre. Mais laissons la symbolique pour revenir à la réalité. Le culte dionysiaque comme n’importe quel autre culte ne peut exister que s’il est adopté par les citoyens. En devenant religion d’état, le mythe dionysiaque s’est édulcoré en perdant des aspérités d’origine qui l’auraient autrement disqualifié.
Orgies délirantes, omophagie,(consommation de viande crue obtenue à partir de victimes dépecées vivantes) et même anthropophagie font partie de la litanie des reproches adressés aux pratiques des adeptes. Dionysos lui-même se faisait appeler « Omadios » (qui aime la chair crue).
Nous voyons que si les rituels dionysiaques se sont faits une virginité en devenant culte d’état, ils contenaient en eux les germes déviants dont sont friands les sectateurs de toutes natures. Ainsi à côté de ces mystères bons teints, vont se développer des adaptations qu’en d’autres temps on appellerait hérésies.
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