Les religions à mystères

Cultes à Mystères
Dans le monde gréco-romain, de nouveaux dieux ont réussi à se faire une place à côté du panthéon « officiel ». Les cultes à mystères ont connu un succès considérable, avec des initiés dans toutes les sphères de la société.

Plutôt tolérés, dans leur ensemble, certains ont cependant subi la répression car les cultes à mystères constituent les premières sociétés secrètes. Ils ont un fondement religieux sur lequel se sont greffés des rites initiatiques parfois sulfureux. Ils sont tolérés tant qu'ils ne font pas de l'ombre à l'ordre établi. Ils sont étroitement surveillés par les pouvoirs en place et parfois pourchassés par l'Église et les monarchies.

Quand on évoque les cultes antiques, de Dionysos à Mithra en passant par Cybèle ou Isis, des images spectaculaires et sanglantes de rites, d'offrandes et de sacrifices viennent en tête. Mais ceci est une vision historiographique faussée par un XIXe siècle fasciné par l'occultisme. Aujourd'hui, cette fascination pour les aspects rituels a cédé la place à une analyse plus subtile de la place occupée par les mystères dans les sociétés grecques et romaines.

Qu'est-ce qu'un culte à mystère ?

Le terme mystère n'a plus le même sens à l'époque moderne qu'à l'époque antique. Le mot dérive directement des « mystes » qui sont des initiés. Ils participent à un phénomène religieux qui est de l'ordre de l'indicible. On peut donc en déduire que tous les cultes à mystère de l'Antiquité comprennent des rites initiatiques.

Comme l'écrivit Aristote, il ne s'agit pas de comprendre les mystères mais de les « ressentir ». Mais pour la plupart, il n'y aucune coupure avec la société, pas davantage de volonté de subversion. Ces cultes sont parfaitement intégrés et ne constituent pas directement des sociétés secrètes impliquées dans divers complots. Elles sont néanmoins secrètes car occultes. On entend par là qu'elles sont cachées au commun des mortels, les profanes, et seulement révélées aux initiés.

Mais ces cultes antiques à mystères initiatiques sont très hétérodoxes. Ils vont de quelques religions oubliées à des ordres monastiques devenu des puissances transnationales tel que l'ordre des Templiers. On peut les considérer comme nos loges de francs-maçons contemporaines à la différence près qu'il s'agit de véritables religions avec des dieux, des déesses et un objectif commun qui est de mieux aborder l'après-mort, c'est-à-dire la survivance de l'âme.

Une société polythéiste

La société de l'époque était une société polythéiste où l'on pouvait aussi bien prier les dieux officiels de la cité qu'effectuer des sacrifices à un dieu secondaire dans le cadre d'un engagement personnel. C'était un monde ouvert, dans lequel les cultes se répandaient par l'intermédiaire des commerçants voyageurs ou des soldats. Il y avait des modes et de la concurrence, on se battait pour les dévots et les contributeurs, sans pour autant constituer une organisation sectaire. D'ailleurs, les plus hauts personnages de l'État se faisaient initier quand d 'autres récupéraient le culte pour trouver une forme d'adoubement (comme par exemple Vespasien avec le culte d'Isis).

A Rome, la relation entre le pouvoir et les religions était claire : tant que les groupes ne troublaient pas l'ordre public, ils étaient acceptés. Cette intégration dans la société ne signifiait pas pour autant une harmonie totale. Des répressions se produisirent, comme les expulsions isiaques à la fin de la République romaine ou, plus sanglant, le scandale des Bacchanales en 186 avant J-C.

Ces cultes étaient très encadrés par les monarques de l'époque et plus tard par l'Église catholique quand celle-ci pris de l'ampleur.

Dans les cultes aussi, il y a des modes

En dehors du culte de Mithra, fermé aux femmes, la plupart de ces communautés spirituelles acceptaient tout le monde. On aurait pourtant tort d'y voir des ferments d'égalitarisme : la hiérarchie en leur sein reproduisait plutôt fidèlement celle de la société dans laquelle ils se trouvaient. En ce sens, l'élite occupait les charges en vue, les couches inférieures de la population se contentant des charges subalternes.

Les membres des cultes ne formaient pas de communautés. Bien sûr, un adepte du culte isiaque en voyage allait trouver le temple et les fidèles qui lui étaient proches. Mais en général, l'entraide mutuelle se limitait à l'aide à la sépulture pour le dévot. Il n'y avait pas de sectarisation communautaire comme on peut en voir aujourd'hui dans nos banlieues. Suivre un culte n'impliquait pas un mode de vie particulier et on pouvait changer facilement de culte en adoptant les cultes les plus en vogue du moment. C'était un peu une façon d'être « branché » comme les jeunes écoutent aujourd'hui un style de musique à la mode ou sont fan d'un chanteur à succès.

Ce qui unissait ces cultes était la promesse d'un salut dans l'au-delà. Les dévots cherchaient un approfondissement personnel avec une divinité grâce à l'expérience rituelle et un certain apaisement qui n'est pas toujours permis dans les rapports entretenus avec les dieux « officiels », plus froids et parfois incompréhensibles et manquant d'empathie.

Une hiérarchie très organisée

Pendant des générations, les cérémonies furent assurées par les mêmes grandes familles qui se partageaient les charges principales.

Celles-ci étaient principalement de trois types :
Le Hiérophante était celui qui expliquait le sacré.
Le Daduque était le porteur de torche.
Le Hiérocéryce était chef des hérauts.

Le tout se déroulait sous la supervision de l'archonte-roi d'Athènes.

Le rôle clé de l'oracle

L'oracle était consulté à propos des décisions importantes de la cité, mais aussi des problèmes du quotidien rencontrés par la population. Il y a alors deux manières de l'interroger :
soit par l'intermédiaire du personnel sacerdotal à qui l'on remet sa question,
soit directement.

Pour l'interroger directement il fallait alors être initié.

A Claros en Asie mineure, on a retrouvé les vestiges d'un sanctuaire oraculaire qui permettent d'imaginer ce qui se passait alors. Alors que ce sanctuaire a été d'abord un temple classique dédié à Apollon, une crypte a ensuite été ajoutée au IIe siècle av. J-C pour permettre aux initiés de poser leur question à l'oracle. Dans cette crypte, on empruntait un couloir de marbre noir, puis l'on changeait sept fois de direction avant d'atteindre la salle des consultants. De cette salle partait un petit couloir qui donnait sur une autre salle où se trouvait un puits. L'oracle buvait l'eau de ce puits et répondait à la question posée en fonction de son inspiration.

Cette évolution du lieu est symptomatique d'une époque de troubles et d'inquiétudes, pendant laquelle se développèrent les religions dites « orientales » qui tentaient d'apporter des réponses aux angoisses et à la question de la vie après la mort.



Sources : D'après une enquête de Claire Aubé, journaliste diplômée de l'École Normale Supérieure, titulaire d'un DEA de sociologie, ayant suivi des formations de Psychologie Positive (VIA Institute) et d'Approche centrée sur la Personne (ACP Formations).

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