Le culte de Cybèle

Cybèle
Cybèle
Cybèle est sans doute la plus grande déesse du Proche-Orient ancien, dont le culte a été importée en Grèce depuis la Phrygie (une région de la Turquie). Cybèle est considérée comme la « Grande Mère ». Le culte à la « mère » des dieux conquiert ensuite l'Empire romain.

Dans ce culte à mystère on trouve des prêtres se castrant volontairement pour rendre hommage à Atys, amant de Cybèle, ou des fidèles accroupis dans une fosse couverte d'une grille en bois pour recevoir le sang d'un taureau sacrifié juste au-dessus... C'est tout ce qui a fait que le culte de Cybèle ne pouvait que marquer les esprits.


Les anciens de la Grèce et des civilisations romaines étaient fascinés par le monde souterrain, le royaume d’Hadès et de Pluton. Il y avait beaucoup d'histoires de voyageurs qui ont pu transiter dans ces royaumes invisibles. Aller au pays des morts et survivre était un grand miracle montrant un grand héroïsme.

A Pamukkale, en Turquie, à 300 km au sud d'Istanbul, se trouvent les ruines de Hiérapolis, une ville antique qui a servi de site sacré aux Phrygiens au 3ème siècle avant J.-C. En mars 2013, des archéologues italiens ont annoncé avoir mis au jour un ouvrage que les anciens Grecs décrivaient comme une porte d'accès à l'enfer.
 

Selon les récits du géographe grec Strabon, cette grotte, aujourd'hui partiellement bouchée, était connue sous le nom de Ploutonion, ou porte de Pluton, en l'honneur du dieu des morts. Elle était considérée comme tellement sacrée que seuls les prêtres étaient autorisés à s'en approcher. Ces prêtres vénéraient une puissante déesse appelée Cybèle.

Cybèle a commencé comme une déesse importante en Asie mineure, puis s'est répandue à l'ouest en Grèce et à Rome. Elle est connue comme la gardienne des passerelles. Il fallait obtenir la permission de Cybèle pour naviguer dans le temps et l'espace. Iconographiquement, elle est souvent représentée debout près de la porte de l'autre monde.

Cybèle est la déesse de la Terre

D'origine phrygienne, Cybèle, aussi appelée « Mater magna », la Grande Mère, ou simplement « la Mère », est adoptée par les Grecs, qui l'assimilent à Rhéa, la mère des Dieux, et à Déméter, et la vénèrent comme déesse de la fertilité.

Le mythe raconte qu'elle fut abandonnée enfant et élevée par des léopards ou des lions – ce qui en fera plus tard la protectrice de la nature sauvage.

Amoureuse trahie par Atys, un jeune berger phrygien, elle le rendra fou, au point qu'il s'émasculera et, alors qu'il était sur le point de se donner la mort, Cybèle le change en pin avant de ressusciter ! C'est en mémoire de cet événement que les prêtres de Cybèle se mutilaient eux-mêmes.

Les dévots rendant hommage à leur déesse mais ne souhaitant pas sacrifier cette partie de leur anatomie utilisaient des taureaux dont ils coupaient les testicules. Le sang dont ils étaient couverts les protégeait pendant une période de vingt ans.

Cybèle introduite à Rome par un Oracle

Musiciens voués au culte de Cybèle
Musiciens voués au culte de Cybèle
Cybèle fait son entrée dans le panthéon romain par la grande porte. En effet, en 204 av. JC , en pleine guerre avec Hannibal, les Romains recherchèrent la protection de nouveaux dieux. L'oracle de Delphes prédit la victoire romaine si le culte de Cybèle est introduit dans la capitale. On alla donc chercher en Asie la Pierre Noire, idole représentant la déesse, et on la ramena à Rome sous bonne escorte. Cette pierre cubique noire, la Kubélè, serait tombé du ciel.

Le jour de la réception de la déesse, le 4 avril de l'an 204 avant J.-C., fut célébré par une magnifique procession (un lectisterne) et des jeux. Beaucoup de gens apportèrent des offrandes à la déesse au sanctuaire de la Victoire où elle était hébergée provisoirement en attendant son propre temple.

Au départ plutôt impopulaire parmi les Romains, ce culte se répandra dans tout l'empire jusqu'aux plus hauts niveaux.

Il en reste quelques vestiges de-ci de-là. Par exemple Cybèle est représentée au centre d'une des principales fontaines de Madrid : la fontaine de Cybèle.
 

Le rite de la sanguinaria et les Jeux Mégalésiens

C'est chaque année au 24 mars que se pratiquait le rite de la sanguinaria qui consistait, pour les futurs prêtres, les galles, à se faire eunuques.

Les Megalesia (ou Jeux Mégalésiens) étaient célébré dans la Rome antique au mois d'avril en l'honneur de Cybèle car « mégalè théos » signifie « la grande déesse ». Les fêtes duraient sept jours, du 4 au 10 avril, date de la fête de Cybèle. Le 4 avril est le jour de la réception de la déesse : la statue de Cybèle apportée de Pessinonte à Rome. La célébration annuelle des jeux fut instaurée par Marcus Iunius Brutus en -191 pour l'inauguration du temple dédié à la déesse sur le Mont Palatin.

Les rites de Cybèle se transforment dès le IIe siècle pour s'adapter au christianisme. Les personnages du culte sont alors récupérés et transposés pour s'adapter à ce nouveau culte qui se les approprie. La nouvelle figure d'Atys est Jésus ( « le fils de la Mère » ) alors que Cybèle devient « Marie mère de Dieu ». Notez bien le passage de « Mère DES dieux » à celui de « Mère DE DIEU » du fait que le christianisme est une religion monothéiste. On ne pouvait raisonnablement pas utiliser le mot Dieu au pluriel. Mais le drame réside dans le fait que beaucoup pensent alors que Jésus EST Dieu alors que ce n'est pas du tout le cas. Jésus était un simple prêcheur qui a été tué par les romains et c'est la récupération du culte de Cybèle et la transformation de son appellation de « Mère des Dieux » en « Mère DE Dieu » qui a trompé les croyants.

Cybèle assimilée à Marie

Marie viendrait en fait remplir une case laissée vide par la défaite et l'exil des divinités féminines, Isis et Cybèle. Pour récupérer les fidèles du culte de Cybèle, les chrétiens n'ont pas hésité à doté Marie de beaucoup d'attributs de la déesse. L'influence est certaine.

Le culte de Cybèle, de son côté, contribue à la promotion de la figure de Marie, qui risque d'acquérir un statut divin. C'était le grand danger pour la religion chrétienne d'avoir ainsi plusieurs divinités.

Au départ on pensait appeler Marie « Christotokos », c'est-à-dire « mère du Christ ». Car l'appeler « Theotokos », la « mère de Dieu », avait pour effet d'élever Marie à un niveau presque divin et cette tentation redoutable était inacceptable pour Nestorius, le patriarche de Constantinople. C'est Cyrille d'Alexandrie, lors du concile d'Ephèse en 431, qui appuya la proposition de « Theotokos ». La formule de Nestorius fut rejetée et sa position déclarée hérétique par le Concile œcuménique : en effet, selon la tradition de l'Église orthodoxe, il n'est pas possible d'isoler l'humanité du Christ de sa divinité, une partie humaine d'une partie divine.

Le discours chrétien sur la chasteté provient également des pratiques des galles, les prêtres châtrés qui se consacraient au culte de Cybèle.



Sources : En partie tiré d'un texte de Claire Aubé, journaliste diplômée de l'École Normale Supérieure, titulaire d'un DEA de sociologie, ayant suivi des formations de Psychologie Positive (VIA Institute) et d'Approche centrée sur la Personne (ACP Formations).

Partager sur facebook
Cliquez pour partager sur facebook
Retour à la catégorie : Les complots en secret



Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le . Il est un peu ancien mais toujours d'actualité.