Le rituel d’exécution de la peine de mort

Crane
Le Grand Maître s'empara du cercueil et vérifia que la figurine avait été préparée de façon canonique. Puis il dressa celle-ci, debout, sur le sol. Lorsque trois grosses chandelles furent allumées, on éteignit la lumière électrique.

Les 21 juges de la Loge formèrent alors un cercle autour de la figurine, le Grand Maître restant en dehors, tel un observateur. Les frères joignirent les mains et marchèrent lentement sept fois autour de la poupée de cire en la fixant intensément sans discontinuer. Ils commencèrent tous à respirer à l’unisson selon un certain rythme, levant et baissant les bras en même temps. Chaque fois qu'ils exhalaient l'air et baissaient les bras, ils laissaient échapper quelques mots d’une formule magique, de plus en plus fort à chaque reprise.


Ce rite se répétait sur un rythme de plus en plus rapide. Une brume commençait à se former autour de la figurine ; elle se changea en nuage et devint enfin une grosse boule qui enveloppa complètement la statue de cire. La couleur grise, perceptible au début de la cérémonie, virait lentement au rouge. De sombres silhouettes semblaient s'y être condensées. Après quelques minutes, la boule nuageuse avait pris l'aspect d'une sphère rouge-feu. Le Grand Maître s'approcha d'elle en faisant de sa main droite un signe dans l'air et en brisant la chaîne formée par les frères. Lentement, le nuage rouge fut absorbé par la figurine de cire. Les frères, épuisés, s'assirent autour de la table.

Le Grand Maître s'empara alors de la statue de cire et la mit dans le cercueil ouvert. Il alluma solennellement les chandelles dressées à chaque extrémité du cercueil. Un silence absolu régnait dans la salle et les 21 frères fixaient cette scène avec une intensité telle qu'ils n'osaient faire le moindre geste.
Poignard

Le visage du Grand Maître se figea tel un masque. Ses yeux étaient immobiles et froids pendant qu'il saisissait le poignard. Sa main s'éleva lentement, ses yeux fixant la cible : le cercle comportant le pseudonyme de la victime. Puis la lame étincela à la lueur des chandelles et pénétra dans la poitrine de la figurine. Un fracas de tonnerre secoua la salle jusque dans ses fondations alors qu'un grondement emplissait l'air comme si une tempête étaient sur le point d'éclater. Ceci dura quelques secondes et se transforma en un bruit sourd qui cessa bientôt complètement, faisant place à un étrange silence.

Une expression de triomphe apparut sur le visage du Grand maître car il sentait qu'il était le seigneur de la vie et de la mort. L'esprit soulagé, il s'affaissa sur une chaise placée à proximité de lui.

Bien que tous les participants étaient familiers de ces phénomènes, à chaque fois qu’ils accomplissaient ce rituel ils étaient de nouveau saisis de crainte et de terreur. Le Secrétaire a été le premier à s’en remettre. Il se leva et alluma la lumière, éteignit les bougies et retira le cercueil.

Les autres frères retrouvèrent aussi leurs esprits. Le phénomène qu'ils venaient d'expérimenter constituait pour eux la preuve que le but de leurs efforts avait été atteint. Ils s'entretenaient à voix basse alors que le Grand Maître consignait sur le registre la date et les détails de l'opération magique qu’ils venaient d’accomplir.

Puis ce dernier se leva et leur dit:

 Mes chers frères, je vous remercie tous de votre efficace coopération. Frère Silésius est mort d'une crise cardiaque à précisément 22 heures. Nous avons exécuté la sentence en conformité avec les règles de notre Saint Ordre et avons ainsi vengé la trahison dont il est reconnu coupable. Son ami a également été condamné à mort mais son exécution aura lieu à une date ultérieure. Nous discuterons de ces modalités lors de notre prochaine réunion. L'admission d'un nouveau membre en remplacement de Frère Silésius peut être faite le jour de la réunion de la Saint Jean. La séance d'aujourd'hui est maintenant close. Bonne nuit à vous tous.  

Ils quittèrent ce lieu de rencontre discrètement, l'un après l'autre, et disparurent dans l'obscurité de la nuit.

Récit rapporté par Franz Bardon et retranscrit avec soin de      
l’anglais au français.      



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