Un cosmopolitisme plutôt religiophobe

Le cosmopolitisme du siècle des Lumières n'est pas un universalisme militant, la République universelle des francs-maçons se confond alors, pour une grande majorité des frères, avec l'Europe chrétienne :

Le vrai chrétien, voilà le vrai maçon !  

Les condamnations pontificales n'y font rien. En France, où elles ne sont pas appliquées au nom de l'autonomie de l'Église gallicane, certaines loges se réunissent dans des abbayes bénédictines, en Normandie et en Lorraine, avec pour Vénérable, le père abbé...


Symbole franc-maçon
Si les catholiques et les protestants ont pu se rencontrer en loge, afin de dépasser les frontières confessionnelles comme le souhaitaient les pères fondateurs, les juifs en sont en revanche rejetés, sauf rare exception. Leur présence nuirait à la réputation de l'Ordre, qui est essentielle aux yeux des membres. Elle est surtout considérée comme incompatible avec l'harmonie des pairs. Le philosophe et franc-maçon allemand Lessing reprochera d'ailleurs à ses frères de recevoir trop souvent des profanes en qui ils pensent discerner, préalablement aux épreuves initiatiques, des semblables.

Selon les contextes locaux, les francs-maçons du XVIIIe siècle identifient l' « autre absolu » au juif, au musulman ou au « sang mêlé » des Antilles, dont l'introduction dans le temple mettrait en péril tout l'ordre colonial (des procès maçonniques sont d'ailleurs organisés contre des frères accusés d'avoir fauté avec des femmes de couleur). On est encore loin de l'engagement militant en vue de l'interdiction de la traite négrière et de l'abolition de l'esclavage... La franc-maçonnerie des Lumières est bien une maçonnerie d'Ancien régime.

De même, beaucoup de loges sont strictement interdites aux femmes. On est loin des mouvements féministes et de l'égalité universelle quel que soit le sexe ou les tendances sexuelles.
 

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