L'Ancien Empire

Snéfrou
Snéfrou
Les successeurs de Djoser laissèrent le pouvoir à Snéfrou, fondateur de la IVe dynastie. Celle-ci va durer de 2720 à 2560 avant J.-C. Ce sera l'ère des pyramides. Si Snéfrou passait pour un roi bienveillant, son fils Khéops a laissé le souvenir d'un tyran détesté. Le clergé de Memphis l'accusait d'écraser le peuple d'impôts et d'avoir même prostitué sa fille pour se procurer des ressources supplémentaires. Il semble que cette hostilité des prêtres vienne du fait que le roi ait nommé lui-même les prélats, attribuant à des parents les plus hautes charges. Son fils, Képhren, se fait de son vivant adorer comme un dieu, et sa pyramide sera presque aussi grande que celle de son prédécesseur. En revanche Mykhérinos se contentera d'un édifice plus modeste, et après sa mort (vers 2609 avant J.C.) une crise politique et religieuse éclate. Son successeur, Shepseskaf, abandonne la pyramide, symbole solaire, pour revenir à un tombeau en forme de sarcophage. Réaction contre le clergé d'Héliopolis ?

Toute cette période est très mal connue. Quant à la politique extérieure, elle est calme. Aucun ennemi ne vient troubler la paix du régime ; des forteresses dans la région d'Éléphantine et de la première cataracte tiennent en respect les Nubiens au sud. Des petits postes et des raids intimident les nomades que pourraient tenter les richesses de la vallée. L'armée est recrutée parmi les paysans et emploie des auxiliaires nubiens et libyens. Une flotte croise sur le Nil et au large du delta. Quelques expéditions en Nubie, en Phénicie, dans le Sinaï, procuraient des esclaves, du bois, des pierres.
 
 

Le grand mystère des pyramides

Grandes Pyramides de Gizeh

C'est dans la paix que s'est bâti le prodigieux édifice dont il faut maintenant décrire l'essentiel.

Les pyramides en Égypte, qui ont servi de tombeaux aux anciens pharaons égyptiens, en sont venues à représenter toute une culture aujourd'hui. En contemplant l'immense travail et les ressources impliquées dans ces constructions, on se pose toujours la même question :

 Pourquoi ? 

La forme de la pyramide suggère le monticule de terre primordial qui a surgi des eaux primitives au cours du processus de création. Un complexe de temples dédié au pharaon défunt entourait chaque pyramide, car à sa mort, il devint une divinité, rejoignant les dieux Osiris et .

Soigneusement alignées au nord, la pyramide et son temple ont facilité le voyage de l'âme royale vers le ciel pour rejoindre les « étoiles impérissables », comme les Égyptiens appelaient les étoiles circumpolaires.

Les croyances religieuses des Égyptiens

Dieux Egyptiens
L'ensemble des croyances des Égyptiens, d'après Hérodote, est constitué par le culte officiel basé sur la théologie solaire, aussi bien que les croyances populaires. Elles exerceront une influence considérable sur la pensée grecque et juive, ce qui permet d'en mesurer toute l'importance.

La religion égyptienne est beaucoup plus optimiste que celle de Mésopotamie. Elle admet les forces hostiles, les démons, mais en définitive les dieux sont bienfaisants et la mort est comprise comme l'accès à une vie éternelle. Chaque être est formé de matière périssable et d'esprit (le Ka) qui lui survit. La religion essaie également d'apporter une explication générale sur le monde et sa création. A l'origine il y avait eu le Chaos (Noun), que les Égyptiens se figuraient sous la forme d'une masse liquide d'où se serait dégagé l'Esprit (Atoum) en se manifestant sur un tertre émergeant des eaux. Ces symboles cosmiques, très concrets dans l'Égypte primitive, où les hommes vivaient sur des îlots pour échapper à l'inondation, devinrent plus abstraits par la suite, tout en restant attachés aux grands phénomènes naturels.

Le mythe d'Osiris

Statue d'Osiris
Il n'est pas étonnant que le soleil () y tienne la première place. Il symbolise l'esprit créateur qui apporte la lumière. Tout est sorti « des yeux et de la bouche » de  : l'air et le ciel (Geb et Nout). Et la morale apparaît également, concrétisée par le conflit entre le dieu du bien (Osiris) et le dieu du mal (Seth). Osiris, qui représente la vie, la fécondité, est tué par son méchant frère, Seth, qui taille son corps en pièces. Mais Isis et Horus, femme et fils d'Osiris, retrouvent les morceaux par les moyens magiques et redonnent la vie au corps.

On comprend pourquoi le mythe d'Osiris devint le plus populaire. Il illustrait l'idée de la renaissance après la mort, pour les hommes comme pour les végétaux ; on l'assimilait au blé, qui, une fois mûr, est coupé et broyé, puis semé pour germer et croître à nouveau. On l'associait aussi aux eaux fertilisantes du Nil :

Tu es le Nil ; les dieux et les hommes vivent de ton écoulement. Le Nil vient de la transpiration de tes mains.  

La survie de l'âme

C'est toujours Osiris qui préside le tribunal suprême où seront jugées les âmes après la mort. La croyance existe sous l'Ancien Empire et se précise définitivement au cours du Moyen Empire. Le dieu Thot pèse l'âme. Si elle est trop lourde de péchés, un monstre la dévore. Sinon, elle est admise dans le « champ des roseaux », ou les « champs d'Ialou », dont les Grecs feront les Champs Élysées. Là, les morts jouissent paisiblement des loisirs, reviennent parfois sur terre se distraire du spectacle des vivants.
 

Les pharaons : les plus religieux de tous les hommes

Pharaons
Alors que les rois mésopotamiens étaient représentants des dieux, le pharaon égyptien est fils des dieux, d'Osiris, puis de , d'où son nom d'Horus-Rê. Plus tard, au Nouvel Empire, le dieu de Thèbes, Amon, occupant la première place, le souverain sera Amon-Rê. Il est dieu lui-même, de son vivant et après sa mort, et adoré comme tel : « Ses actions font vivre. » Il est bienfaisant et juste. Maât est la justice divinisée.

Couronné à Memphis, il fait le tour du Mur-Blanc, comme le soleil, , fait le tour de la terre, et coiffe le pschent qui symbolise la réunion des couronnes du Nord et du Sud. On se prosterne devant lui en public ; il est paré, comme une idole, de sa barbe postiche et de ses bijoux d'or. Il ne dédaigne pas les distractions, chasse, pêche, s'entoure de musiciens et de danseurs, choisit un harem. Grand Prêtre, il nomme les autres religieux, dote les temples de terres et de monuments. Il est chef de guerre, commande en personne, s'entraine aux exercices violents. Il assume la loi, la justice, l'administration. Son absolutisme est sans limite. « Ce qu'il aime, il le fait, ce qu'il déteste, il ne le fait pas. » Mais sa bienveillance le tempère, car un dieu ne saurait être un tyran cruel et capricieux. Il est le maître de la terre et des cultures.
 

L'administration égyptienne

Son palais, la « Grande-Maison » (per âa, qui a donné pharaon), abrite l'administration centrale, qu'il dirige lui-même après les cérémonies religieuses. Certes, il ne gouverne pas seul. Son premier ministre, le vizir (tati), est lui-même assisté de grands commis, les chefs des missions ou des secrets, qui transmettent les ordres et reçoivent les rapports des services provinciaux.

Ils sont tous nommés par le pharaon, mais il semble bien que les charges soient devenues héréditaires, aboutissant ainsi à la formation d'une hiérarchie comblée de faveurs, régnant sur une foule de scribes et de subalternes. Il y avait le service de la maison royale, avec les chefs des coiffeurs, des barbiers, des tisserands, des blanchisseurs. Le « chef du double grenier » avait la garde des entrepôts, le « chef des champs » règlementait le travail de la terre.

A la tête des provinces, les nomes, au nombre de trente-huit, des gouverneurs dirigeaient les fonctionnaires locaux, les scribes qui savaient lire, compter, et qui, minutieusement, réglementaient le détail de la vie économique. Il semble que l'Ancien Empire ne fut jamais dépassé ou même égalé dans le perfectionnement du contrôle étatique.

Une bureaucratie minutieuse

Des recensements notaient la répartition des champs, les foyers familiaux et leurs effectifs, les têtes de bétail. Les corvées d'entretien des digues et des canaux étaient réparties, comme les multiples impôts qui grevaient les paysans et les artisans des bourgades. La plupart étaient payés en nature, ce qui suppose d'innombrable greniers. Les excédents de récoltes, s'ajoutant aux produits des mines et des razzias en Nubie, donnaient aux pharaons une puissance matérielle énorme, à l'échelle des pyramides.

Possesseurs d'immenses domaines, les souverains les distribuent aux temples, aux favoris, aux grands fonctionnaires. Il semble bien que ces dons, d'abord temporaires, se soient transformés en véritables propriétés transmissibles par héritage. Ainsi se constitue une féodalité, religieuse ou laïque, menaçante pour le pouvoir en cas de crise. Les grands personnages ont droit, comme leur maître, à de somptueux tombeaux, alors que le pauvre fellah se contente du sable.

Un vizir de la Ve dynastie, Ptahhotep, nous a laissé des Instructions destinées à son fils, véritable manuel de savoir-vivre :

Un discours prudent est plus rare que l'émeraude... Ne répète jamais ce qu'un homme, prince ou paysan, a dit en ouvrant son cœur... Si tu es fort, inspire le respect par le savoir et la bienveillance... Baisse la voix lorsque ton supérieur te salue, ris quand il rit, cela sera agréable à son cœur. Courbe l'échine devant lui et ta maison durera...  


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