La Bretagne et le Valais Suisse

Monstres valaisans
Monstres lors d'un carnaval valaisan (Suisse)
Les habitants des côtes de la Bretagne, qui peuvent encore nous donner une vague idée des peuples enfants, conservent toutes ces opinions. Chez eux l'homme rouge parcourt la nuit les bords de la mer, et y précipite l'imprudent qui ose affronter son approche ; le fantôme volant déracine les arbres, renverse les chaumières. Mille spectres semblables sèment l'effroi autour des cabanes. Au murmure des vents, au bruit lointain des vagues agités, le paysan breton mêle, dans son esprit troublé et alcoolisé, les cris de pêcheurs malheureux que les démons étouffent ou qu'ils entraînent au sein des flots. Il est probable que tous les peuples anciens eurent des idées pareilles.


On retrouve ces légendes chez les habitants des zones montagneuses éloignées de toutes civilisations où il existe beaucoup de consanguinité. C’est le cas du Valais Suisse où, encore au XX° siècle, les gens d’une vallée ne comprenaient pas ceux de la vallée d’à côté car ils ne parlaient pas la même langue. On pense que la Suisse ne reconnaît que quatre langues officielles, mais il en existe des dizaines d’autres toujours pratiquées dans ce pays enclavé au milieu des montagnes. Les langues officielles ne concernent que les langues écrites. Les autres langues sont uniquement orales et ce sont surtout elles qui colportent les légendes millénaires lors des longues soirées d’hiver.

Or, lorsqu'un individu égaré périssait sous la main des brigands, on sous les coups de la tempête, ou par tout autre accident, on racontait qu'un mauvais génie l'avait tué. On inventa même des anges de la mort, des démons, qui venaient prendre et emporter l'être qui partait de ce monde. On ne croyait donc pas que la mort fût un anéantissement total : on savait déjà que l'âme survit à sa dépouille ; de là au système des revenants il n'y eut qu'un pas. L'âme qui avait été arrachée à de tendres affections venait effrayer ses ennemis, les tourmenter, leur annoncer la mort.
 

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