Les pythagoriciens

Pythagore
Pour Pythagore, le silence est d'or, le nombre aussi.

Fondée au VIe siècle av. J.-C., la fraternité pythagoricienne mêle enseignements profanes : mathématiques, géométrie, musique, et considérations religieuses, avec la croyance de la migration de l'âme de corps en corps.

Sous la férule de Pythagore, qui aurait été initié au culte d'Osiris et aux mystères orphiques, les fidèles doivent d'abord observer un silence de ... cinq ans, avant d'être instruits de la science et des croyances pythagoriciennes.

Pour le mathématicien-philosophe, le nombre gouverne l'ordre des choses, de la musique au cosmos. Le pentagramme, figure construite selon les règles du nombre d'or, est le symbole de la fraternité. Pour libérer leur âme d'une migration sans fin, les pythagoriciens s'astreignent à une certaine ascèse ; cela leur a valu d'être persécutés, puis exilés.

 

Le Pythagorisme

C’est ici la face « religion » de Pythagore qui nous intéresse. Encore faut-il admettre que là comme dans les autres cultes il n’existait pas beaucoup de témoignages sur la nature des mystères et les rituels initiatiques. Pythagore fonde plus une communauté fraternelle qu’une véritable religion, ce qui n’empêche pas que des contraintes particulièrement strictes entourent l’adhésion à cette communauté. L’impétrant devait d’abord subir une sorte de test au milieu d’un groupe, puis dans la solitude d’une cellule. S’il franchissait cette première marche il devenait novice sous le nom d’ « acoustique » ou auditeur. Ce noviciat pouvait durer de 3 à 5 ans, pendant lesquels le candidat devait garder le silence, apprendre et ne jamais s’adresser au maître. Ensuite seulement il était admis dans l’hétairie comme « ésotérique ».

Contrairement à l’orphisme, le pythagorisme faisait une place privilégiée aux femmes, et même si en principe elles étaient exclues de la spéculation métaphysique, certaines ont publié des traités, en particulier l’épouse de Pythagore, Théano. Le pythagorisme ne se contente pas de sacrifier a ses divinités mais introduit la notion de responsabilité humaine et de morale qui échappe à ses prédécesseurs. L’homme n’est plus le jouet des dieux, mais devient l’instigateur de son propre destin. Examen de conscience, éducation des enfants, conseils sur la vie conjugale sont autant de thèmes qu’il est rare de voir abordés par les cultes.

Comme pour l’orphisme il est recommandé de s’abstenir de toute nourriture animale, et chose plus étrange de s’abstenir de manger des fèves. Si certains interdits se comprennent en raison soit des mythes qui les ont motivés, ou pour des raisons d’hygiène de vie, il existe toute une kyrielle d’interdits répertoriés dans le « catéchisme acousmatique » et qui vont de la défense d’accueillir des hirondelles sous son toit, de ne pas ramasser ce qui est tombé, de na pas marcher sur une traverse de bois, jusqu’à ne pas regarder un miroir à côté d’une flamme.

Les dieux de la cosmogonie pythagoricienne

Dans la cosmogonie pythagoricienne il existe un seul Dieu parfois appelé Zeus, mais qui reste inaccessible et inabordable. Viennent en suite les dieux habituels, Dionysos, Apollon, Déméter… Entre les dieux et les hommes nous trouvons les Démons, génies du bien ou du mal et enfin les héros. Chaque être vivant possède une étincelle divine, et l’âme passe de corps en corps au travers de ses réincarnations jusqu’à sa purification complète (Métensomatose).

Le pythagorisme présentait toutes les caractéristiques qui auraient pu en faire une grande religion. Par bien des côtés il nous fait penser au christianisme. Charisme de son maître, exigence en matière de morale, monothéisme affiché, séduction des foules. Alors pourquoi ne sommes-nous pas aujourd’hui pythagoriciens plutôt que chrétiens.

Il est possible que les chrétiens eux-mêmes se soient posé la question, et s’il l’on fait, alors cela leur aura permis de ne pas faire les mêmes erreurs. Par rapport au christianisme, le pythagorisme avec une position bien plus enviable dans la société qui l’entourait, et comme souvent l’aisance ne promet pas toujours des avenirs glorieux.

La grande erreur de Pythagore

La première grande erreur de Pythagore est de ne pas avoir su bien mourir. Sa fin reste confidentielle, est-il mort dans un incendie, ou est-il mort de sa belle mort, ici aucune croix, aucun larron, aucun méchant Judas, rien pour construire un mythe. Mais là n’est pas seulement ni principalement la cause. Le pythagorisme s’il avait des officiants, n’avait pas de clergé constitué. Contrairement aux apôtres qui ont fait des évêques leurs successeurs, chez Pythagore il n’existe pas de cour, pas de disciple. Bien pire encore alors que le christianisme à diffusé et répandu des rituels et doctrines exotériques gardant peut-être pour des seuls initiés la doctrine secrète, le Pythagorisme n’avait à offrir que des mystères intransmissibles aux non initiés.

Là où le christianisme se voulait catholique, le pythagorisme se voulait confidentiel. Quoiqu’il en soit, même si le système a échoué, il contenait en lui-même les racines d’un renouveau que d’autre temps, d’autres personnes et d’autres mythes sauront exploiter.

Mais au fond peut-être que tout simplement Pythagore n’avait pas rencontré son Constantin, c’est-à-dire ce catalyseur qui permet à des éléments en présence les uns des autres à entrer en action. Et comme nous l’apprend le mythe éleusinien, il faut que vienne la saison pour que naisse la graine.

Le Pythagorisme romain

L’influence pythagoricienne apparaît dans Rome mais semble plus relever de la doctrine morale ou philosophique que de la religion. Il en va différemment à partir du Ier siècle avant J.-C. jusqu’au Ier siècle après. Cette notoriété est due à Posidonius d’Apamée un philosophe stoïcien promoteur des idées de Pythagore devenu très tendance chez les intellectuels romains. Le mouvement exprima toute son exigence au travers de loges dont les plus connues furent la loge Nigidius Figulus et la loge des Sextils.

Le pythagoricien et mage Nigidus Figulus fut un grand maitre de l’ordre. Il écrivit un ouvrage sur la nature humaine et animale, ainsi que sur celle des vents, mais son domaine de prédilection restait l’astronomie dans laquelle il voyait des grands cycles influençant la vie de l’homme. L’étude de ces cycles devait servir à prédire les grands évènements. Gênant pour le pouvoir politique, César, le jugeant dangereux, le laissa mourir en exil.

César tenta d’assimiler les loges pythagoriciennes échoua face à Sextius père et fils. Les Sextius dirigeaient ce que l’on peut vraiment appeler une secte. Sextius père refusa d’accepter la dignité sénatoriale pour ne pas avoir à subir de pression (ce qui peut être donné peut être enlevé). S’il n’y eut de répression, la secte se vit boudée par les élites ce qui entraina son déclin et plus généralement celui du pythagorisme à Rome.


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