L'orphisme

Orphisme
Orphée, mosaïque de Marcello Provenzale (1618)
Les orphiques correspondent à l'un des rares cas d'organisation sectaire et ésotérique parmi les nombreux cultes de l'époque antique. C'est un mouvement de protestation religieuse qui apparait à la fin de l'époque archaïque, au VIe siècle av. J.-C.

Ce mouvement est intrinsèquement lié au refus de l'hétérogénéité entre les hommes et les dieux présente dans les cultes officiels. Pour les orphiques, l'homme est d'origine divine, né des cendres des Titans qui contenaient des étincelles d'ascendance dionysiaque.

Les rapports entre les adeptes d'Orphée et de Dionysos sont indéniables, même s'ils font l'objet d'interprétations différentes.

L'orphisme promet un salut dans l'au-delà : les lamelles d'or placées dans les tombes étaient des messages prouvant à Perséphone, reine des Enfers, la pureté des initiés.

Le culte d’Orphée

Orphée est un Argonaute, en charge de charmer les sirènes. Fils de Calliope, muse de la poésie épique, son père serait Oiagros, un prince de thrace, ou même Apollon en personne. Mage, médecin, devin, astrologue, Orphée est l’objet d’un culte à mystère où l’initiation se fait par l’apprentissage de poèmes qui lui seraient attribués.

Dans diverses sources ce dieu est assassiné ou dépecé par les femmes qui lui reprochent d’entrainer leurs maris dans des beuveries. C’est aussi pour avoir perdu sa femme à deux reprises et peut être aussi pour le sort que celles-ci lui ont fait, qu’Orphée aurait refusé l’initiation des femmes à ses mystères. Comme pour Dionysos le mythe d’Orphée nous parle d’une descente aux enfers où tous deux cherchent la femme.

L’orphisme archaïque

L’orphisme lui-même doit être abordé en fonction des époques. L’orphisme archaïque semble avoir était actif dès le VIème siècle à Athènes. Mais là où les cultes dionysiaques et éleusiniens sont exempts de théologie et de doctrines spirituelles l’Orphisme apporte ses nouveautés. Zeus voulait faire de Dionysos l’héritier de son royaume, mais les Titans s’emparèrent de l’enfant et le dépecèrent. Athéna apporta à Zeus le cœur de son fils et de là naquit le nouveau Dionysos. En punition les Titans furent réduits en cendre et de ces cendres naquirent les hommes.

Ainsi l’homme avait hérité de la nature et de l’œuvre des Titans et devait en expier la faute. Cette théogonie introduisait la notion de purification par l’abstinence et l’ascétisme, qui, par la purification de l’âme, apportait la rédemption. Mieux encore l’orphisme prône l’abstinence de toute nourriture animale et en conséquence refuse la mise à mort des animaux, même pour des sacrifices. Cette attitude est en complète opposition avec les cultes officiels où la vie sociale exige l’assistance aux sacrifices publics et au partage de la victime sacrifiée.

L’orphisme classique

L’orphisme au VIème siècle apportait théologie et dogme et une doctrine reposant sur le salut. Il aurait pu devenir une religion de la taille du christianisme, mais mal représenté par des prêtres qui prétendaient connaître les recettes pour obtenir le salut et bien sûr entendaient en faire commerce. Ces prêtres appelés orphéotélestes préfigurent la simonie qui dans l’église catholique amènera entre autre la réaction protestante. Quoiqu’il en soit à l’époque classique l’orphisme se trouve profondément dénaturé et perd en mystique ce qu’il gagne en grotesque pour devenir enfin une secte « méprisée dans les couches populaires ».

Au IIIème siècle avant J.-C. l’Orphisme est fortement influencé par le pythagorisme. On retrouve des lamelles déposées dans des urnes funéraires et qui semble comporter des formules destinées à guider les âmes dans leur voyage céleste. Cette doctrine du salut obtenu par l’initiation et un mode de vie adapté à la morale sont des éléments du christianisme qui sont absent de la pratique officielle du culte d’Orphée. C’est dans les sociétés non-conformes, les sectes, que se retrouvent le caractère mystique et universel de l’orphisme. Pourtant bien que tous les éléments pouvant constituer une grande religion soient présents, l’orphisme ne parvient pas à s’imposer, et il nous semble que les raisons soient les mêmes que celles que nous allons constater dans ce culte si proche de l’orphisme, le pythagorisme.

La vie après la mort

A partir du IVe siècle av. J.-C., le positionnement subversif de l'orphisme s'atténue. Celui-ci s'apparente alors à un courant littéraire et religieux qui développe des discours eschatologiques sur la vie après la mort.

Les orphiques vivent en ascètes, observent des rituels purificatoires, pratiquent le végétarisme, ce qui provoquera les moqueries de leurs contemporains.

L'orphisme aura néanmoins une influence sur nombre d'autres mouvements, comme le pythagorisme.


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