Le Kebra Nagast, le livre sacré des Ethiopiens

Le Kebra Nagast
Le Kebra Nagast est un récit rédigé vers le IIème siècle avant Jésus-Christ, écrit dans une ancienne langue sémitique méridionale originaire de l'Éthiopie et de l'Érythrée modernes. Le Kebra Nagast est l'un des plus importants textes qui soient mais on n'en a jamais entendu beaucoup parler. « Kebra Nagast » signifie « la gloire des rois » et c'est le livre le plus sacré des Ethiopiens. Wallis Budge, un égyptologue anglais, orientaliste et philologue qui travaillait pour le British Museum a créé une traduction anglaise du livre intitulée The Glory of the Kings. Ce livre est considéré comme détenant la généalogie de la nouvelle dynastie solomonique, qui a suivi l'Église orthodoxe éthiopienne.

Il contient un compte rendu de la façon dont la Reine de Saba (la reine Makeda d'Ethiopie) a rencontré le Roi Salomon et comment l'Arche d'alliance est arrivée en Ethiopie avec Menelik, le fils qui naît de leur union. Il traite également de la conversion des Éthiopiens du culte du Soleil, de la Lune et des étoiles à celui du « Seigneur Dieu d'Israël ». Le Kebra Nagast n’est pas simplement une œuvre littéraire, mais il est le dépositaire des sentiments nationaux et religieux éthiopiens. Pour les Ethopiens c'est en quelque sorte un livre aussi sacré que la Bible ou le Coran.

Le modèle royal de l'Ancien Testament a été adopté de manière dogmatique dans le Kebra Nagast, y compris l'appel de Samuel à mettre fin aux faiblesses des douze juges (un pour chacune des tribus d'Israël) et à établir un roi avec le consentement du peuple pour unifier l'État contre l'attaque ennemie. En vertu de sa force personnelle, David a rendu le trône plus stable et inconditionnel, tandis que Salomon a apporté le zénith de la vertu, de la sagesse et du pouvoir; tous tenus dans la monarchie. Ainsi, au cours de l'ère des juges, la descente légitime de Salomon et de la Reine de Saba est demeurée le test crucial d'admissibilité à la fonction impériale.

 

Le tapis volant de la reine de Saba

Des légendes de voyages aériens existent aussi en Afrique et au Moyen Orient. Selon le Kebra Nagast, la Reine de Saba aurait reçu en cadeau du Roi Salomon d'Israël un tapis volant. On y explique que le Roi Salomon avait accès à une sorte de machine volante. Dans cette partie du monde le terme « tapis volant » était très largement utilisé. Mais faisait-on vraiment référence à un tapis volant ou s'agissait-il plutôt d'un terme servant à désigner une sorte de machine volante ? Ce serait les « chars des Dieux » dont Erich Von Däniken parlait dans son livre ; les tapis volants des Contes des mille et une nuits.

Il y a une tradition au Moyen-Orient selon laquelle le roi Salomon possédait un aéronef et il aurait voyagé à différents endroit au Moyen-Orient, et même jusqu'à certaines montagnes connues comme étant les Montagnes de Salomon. C'était peut-être des aéroports ou des pistes d'atterrissage.

Nicholas Roerich, un célèbre explorateur russo-américain qui a voyagé en Asie centrale et au Tibet dans les années 1920 a lui aussi affirmé que les tibétains ont une tradition selon laquelle le Roi Salomon serait arrivé au Tibet en aéronef.

Des cartes du monde tel qu'il était lors de la dernière période glacière

Dans le Kebra Nagast on explique aussi que le Roi Salomon aurait utilisé son aéronef pour dresser des cartes du monde. Ont-elles un lien avec d'autres cartes qui auraient été possiblement créées par des extraterrestres ? Certaines de ces cartes montrent le monde non pas tel qu'il est aujourd'hui mais tel qu'il était à la fin de la dernière période glacière. C'est très difficile à expliquer.

Si vous n'avez jamais entendu parler de la carte de Piri Reis consultez vite notre article détaillé !

Tout le monde a entendu parler de la carte de Piri Reis mais peut-être pas de celles de Oronce Fine et de Mercator qui montrent l'Antarctique de manière très détaillée des centaines d'années avant la découverte du continent. Mercator, de son vrai nom Gerhard Kremer (1512-1594) fut un mathématicien et géographe flamand, qui mit au point une méthode de représentation cartographique consistant à projeter la surface terrestre sur un cylindre tangent à l’équateur. Cette méthode fut très appréciée des marins de l'époque qui partaient à la découverte du monde. Elle est encore largement utilisée aujourd'hui. Oronce Fine utilise une autre projection, en forme de cœur (projection cordiforme). Il fait figurer sur sa carte le continent antarctique avec la description suivante :

terra australis nuper inventa sed nondum plene examinata  
(terres australes autrefois découvertes mais pas encore explorées). C'est quelque peu énigmatique.

Présentation du Kebra Nagast

Le Kebra Nagast est divisé en 117 chapitres et constitue clairement une œuvre composite. C'est un genre de mélange gigantesque de cycles légendaires, un peu comme les légendes galloises du mabinogion. Le document est présenté sous la forme d'un débat par les 318 « pères orthodoxes » du Premier Conseil de Nicée. Ces pères posent la question : « De quoi la gloire des rois se compose-t-elle ? » Un certain Grégoire répond par un discours (chapitres 3 à 17) qui se termine par une déclaration selon laquelle une copie de la Gloire de Dieu a été faite par Moïse et conservée dans l'Arche d'Alliance.

Après cela, l'archevêque Domitius (identifié au début de cette section comme « archevêque de Rom », c'est-à-dire de Constantinople, et à la fin comme celui d'Antioche, cette personne pourrait bien être le patriarche Domnus II d'Antioche qui a été déposé au deuxième concile d'Éphèse) lit un livre qu'il avait trouvé dans l'église de « Sophia », qui présente ce que beaucoup appellent « la pièce maîtresse » de cette œuvre. Il s'agit de l'histoire de Makeda (mieux connue sous le nom de Reine de Saba), du Roi Salomon, de Ménélik I, et comment l'Arche d'Alliance est arrivée en Éthiopie (chapitres 19 à 94). Bien que l'auteur de la rédaction finale ait identifié ce Grégoire comme étant Gregory Thaumaturgus, qui a vécu au 3ème siècle avant ce Conseil, le temps et l'allusion à l'emprisonnement de Gregory pendant 15 ans par le roi d'Arménie rendent Gregory the Illuminator mieux adapté.

La rencontre entre la reine de Saba et le roi Salomon

La reine Makeda apprend de Tamrin, un marchand basé dans son royaume, la réputation de la grande sagesse du roi Salomon, et décide de se déplacer à Jérusalem pour lui rendre visite. Elle est fascinée par sa démonstration d’apprentissage et de connaissance et déclare : « À partir de ce moment, je ne vénérerai pas le soleil, mais j'adorerai le Créateur du soleil, le Dieu d’Israël » (chapitre 28). La nuit avant qu'elle ne commence son voyage de retour, Solomon la pousse à coucher avec lui et lui donne une bague pour que leur enfant puisse s'identifier auprès de lui. Après son départ, Salomon a un rêve dans lequel le soleil quitte Israël (chapitre 30).

En rentrant chez elle, elle donne naissance à Menelik (chapitre 32).

Comment l'Arche d'Alliance a-t-elle été subtilisée ?

À l'âge de 22 ans, Menelik se rend à Jérusalem en passant par Gaza, cherchant la bénédiction de Salomon, et s'identifie à son père avec l'anneau. Ravi de cette réunion, Salomon tente de convaincre Menelik de rester et de lui succéder comme roi, mais Menelik insiste pour retourner auprès de sa mère en Éthiopie. Le roi Salomon prend alors des dispositions pour constituer une garde formée des premiers-nés des anciens de son royaume afin de l'accompagner lors du voyage de retour. Cette compagnie de jeunes hommes, bouleversée d'avoir à quitter Jérusalem, entreprit de subtiliser l'Arche d'Alliance du Temple de Salomon et de l'emmener clandestinement avec elle sans que Menelik ne le sache (chapitres 45-48). Il n'avait demandé à Salomon qu'un seul pompon de la couverture de l'Arche, et Salomon lui avait donné tout le tissu.

Pendant le voyage de retour, Menelik apprend que l'Arche est avec lui et Salomon découvre avec stupeur qu'elle n'est plus dans son royaume. Le roi tente de poursuivre Menelik, mais, grâce au pouvoir mystérieux de l'Arche, son fils avec tout son entourage est miraculeusement rapatrié en Éthiopie avant que Salomon ne puisse quitter son royaume. C'est comme un genre de téléportation. Le roi Salomon se tourne alors vers le réconfort de sa femme, fille du pharaon d'Égypte, et la séduit en adorant les idoles de son pays (chapitre 64).

Les prophéties du Kebra Nagast

Domitius poursuit avec une paraphrase de l'histoire biblique (chapitres 66-83), puis décrit l'arrivée de Menelik à Axum, où il se régale, et comment Makeda abdique le trône en sa faveur. Menelik mène alors une série de campagnes militaires avec l'Arche, et « aucun homme ne l'a conquis, au contraire, quiconque l'a attaqué a été conquis » (chapitre 94).

Après avoir fait l'éloge du livre que Domitius a trouvé, qui a établi non seulement la possession par l'Éthiopie de la véritable arche d'alliance, mais aussi la descendance de la dynastie solomonique du premier fils de Salomon (chapitre 95), Gregoire prononce un discours prolongé avec des éléments prophétiques (chapitres 95-112), formant ce que l'on appelle un « recueil de prophéties patristiques » :

Il ne fait guère de doute que les chapitres 102-115 sont écrits comme polémiques, sinon évangéliques, envers les Juifs. Ces chapitres cherchent à prouver par l'Ancien Testament les allégories et les textes de preuve sur le but messianique de Jésus, la validité des formes de culte éthiopiennes et la suprématie spirituelle de l’Éthiopie sur Israël.  

Le Kebra Nagast conclut avec une dernière prophétie que le pouvoir de Rome sera éclipsé par le pouvoir de l’Éthiopie et décrit comment le roi Kaleb d’Axoum soumettra les Juifs vivant à Najran et fera de son fils cadet Gabra Masqal son héritier (chapitre 117).

Les origines du livre

Une étude attentive du texte a révélé des traces d'arabe, indiquant peut-être qu'il s'agirait d'une traduction d'un texte original en arabe, mais par contre il n'existe aucune preuve claire d'une version copte antérieure. Beaucoup de chercheurs doutent qu'une version copte n'ait jamais existé et que l'histoire du texte ne remonte pas plus loin que la traduction depuis l'arabe.

D'autre part, les nombreuses citations tirées du texte de la Bible n'ont pas été traduites de cette soi-disant version arabe hypothétique, mais ont été copiées de la traduction éthiopienne de la Bible, directement ou de mémoire, et leur utilisation et interprétation dénote l'influence de sources patristiques telles que Grégoire de Nyssa.

Des nombreuses sources ont été utilisées par le compilateur de Kebra Nagast. Elles comprennent non seulement les deux Testaments de la Bible (même si l’on utilise davantage l’Ancien Testament que le Nouveau), mais on détecte également des preuves de sources rabbiniques, l’influence d’œuvres deutérocanoniques ou apocryphes (en particulier le Livre d’Enoch et le Livre des Jubilés, tous les deux canoniques dans l’Église orthodoxe éthiopienne), et des œuvres syriaque telles que le livre de la grotte des trésors, et ses dérivés, le livre d’Adam et Ève et le livre de l’abeille. Harold G. Marcus, professeur d'histoire qui a notamment publié l'histoire de l’Éthiopie, décrit le Kebra Nagast comme « un pastiche de légendes ... [qui] mêle à des traditions orales et régionales et style et substance dérivés de l'Ancien et du Nouveau Testament, divers textes apocryphes, commentaires juifs et islamiques et écrits patristiques ».

Pour les chercheurs de trésors ce livre reste une piste sérieuse dans la quête de l'Arche d'Alliance. Indiana Jones ferait donc fausse route en la cherchant en Égypte.


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