Le cousin

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Saint-Ouen-les-Vignes est un tout petit village et René Play n'ayant pas le téléphone, il a fallu le chercher pour lui demander de venir à la poste. Dès que le cousin est enfin en ligne, le mystère commence, pour tout le monde :
— Voulez-vous répéter, dit René Play, le cousin, à la boulangère, je ne comprends pas.
— Comment vous ne comprenez pas ! Je vous dis que votre pauvre cousin Martens a été renversé par un motocycliste et qu'il est mort !

— Mon cousin Martens ?

René Play reste quelques instants silencieux au bout du fil, puis répète :
— Non vraiment, je ne comprends pas, dit-il enfin. Mon cousin Paul Martens est mort depuis quatorze ans.

Il est mort depuis quatorze ans

Chez la boulangère, l'émotion fait place à l'agacement :
— Mais pas du tout, il est mort ce matin !
— Vous devez vous tromper de cousin ! Comment voulez-vous que ce pauvre Martens soit mort à nouveau puisqu'il a été tué en 1944 lors du bombardement de Brest !
— Vous êtes sûr ?
— Absolument ! Et vous, vous êtes sûre que c'est Paul Martens ?
— Évidemment, je le connais depuis plus de dix ans !

Comme le cousin et la boulangère ne parviennent pas à se mettre d'accord, Martin Lemaire prend le téléphone et demande à René Play de venir le plus rapidement possible à La Baule.
— Je serai là demain, promet le cousin en raccrochant.

L'Ouest Républicain hier soir, puis la presse parisienne ce matin ayant publié l'information, le 28 juin à 9 heures, plusieurs journalistes se pressent dans le couloir devant le bureau du commissaire, où vient d'entrer René Play, grand escogriffe, mécanicien de son métier, accompagné d'une sorte de géant chevelu.

Son neveu

Le cousin désigne le géant au commissaire :
— Je vous présente monsieur Zimmerman. Il est le neveu de Paul Martens.
— Donc, remarque le commissaire, contrairement à ce qu'il a toujours prétendu, Paul Martens n'était pas du tout seul au monde.
— Seul au monde ? Vous voulez rire ! s'exclame le géant Zimmerman. Il a une fille à Roissy près de Paris, un fils dans le nord de la France et, quelque part, une seconde femme ; sa première étant morte en 1924.

Le commissaire sort un bloc et un stylo :
— Parfait. C'est tout ce que je voulais savoir. Donnez-moi l'adresse de sa femme, que je la prévienne.
— Attendez, monsieur le commissaire ! Vous ne pouvez pas faire ça !
— Et pourquoi donc ?
— Mettez-vous à la place de ma malheureuse tante... Cela va lui faire un choc d'apprendre que son mari est mort une deuxième fois !


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