On les brûlait sur la place publique

Loup-garou
Au reste jusque vers le milieu du XVIIe siècle on voyait partout en Europe des loups-garous, des sorciers et des spectres. Tous les écrivains dévots en parlent avec frémissement. On est tout surpris de trouver dans l'admirable roman de Persiles et Sigismonde, le dernier ouvrage de Cervantès, des îles de loups-garous et des sorcières qui se changent en louves, pour enlever les hommes dont elles sont amoureuses.


On brûlait tous les jours un grand nombre de malheureux hypocondres, accusés de lycanthropie ; et les théologiens et dévots se plaignaient continuellement de ce qu'on n'en brûlait pas assez. Delancre propose (5) comme un bel et très juste exemple, un trait qu'il a pris je ne sais où, d'un duc de Russie, lequel, averti qu'un sien sujet se changeait en toutes sortes de bêtes, l'envoya chercher; et, après l'avoir enchaîné, lui commanda de faire une expérience de son art ; ce qu'il fit, se changeant aussitôt en loup. Mais ce duc, ayant préparé deux dogues, les fit élancer contre ce misérable, qui aussitôt fut mis en pièces.

On amena au médecin Pomponace un paysan atteint de lycanthropie, qui criait à ses voisins de s'enfuir s'ils ne voulaient pas qu'il les mange. Comme ce pauvre homme n'avait rien de la forme d'un loup les villageois persuadés pourtant qu'il l'était, avaient commencé à l'écorcher pour voir s'il ne portait pas le poil sous la peau. Pomponace le guérit, comme on en eût guéri bien d'autres si on n'eût mieux aimé les brûler pour épouvanter les indévots (6).
 

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