Création de l'Inspection Générale des Carrières

Plan des catacombes de Paris
Ci-contre le Plan des Catacombes de Paris. Cliquez pour agrandir.
 


Sous l'Ancien Régime, plusieurs ordonnances royales tentèrent, sans succès, de contrôler les exploitations afin de garantir la stabilité des maisons en surface. Le danger menaçait surtout la partie méridionale de Paris. Le 17 décembre 1774, se produisit un effondrement de 300 mètres de chaussée rue d'Enfer, sur une profondeur de 30 mètres. Il fallut prendre des mesures plus efficaces. Une visite générale fut ordonnée avec des relevés de plans de toutes les carrières souterraines. On reconnut alors toute l'étendue du péril.

 
Le 4 avril 1777, sous Louis XVI, un arrêt du Conseil d'Etat créa l'Inspection générale des carrières :

Le Roi étant en son Conseil, a commis et commet le sieur Lenoir, conseiller d'État, lieutenant général de la police de la ville, prévôté et vicomté de Paris, et le sieur comte d'Angiviller, conseiller du roi en ses Conseils, directeur et ordonnateur général des bâtiments, jardins, arts, académies et manufactures royales, à l'effet de veiller, chacune en ce qui peut concerner le devoir de sa charge, à la suite des opérations qu'exige l'état actuel des dites carrières, et auxquelles il sera procédé, au moyen des fonds que Sa Majesté entend y être destinés. 

Représentation souterraine déserte et silencieuse de la ville en surface


Cette compagnie d'ingénieurs fut spécialement chargée de la consolidation des voutes. On construisit dans le sens longitudinal des rues, une, deux ou trois galeries muraillées. Les vides qui existaient à droite et a gauche de ces galeries furent remplis de terres pilonnées. Ainsi, chaque galerie souterraine correspond à une rue de la surface du sol. A certains endroits des catacombes on retrouve même des plaques de rues gravées dans pierre. Le sous-sol de Paris est donc une représentation déserte et silencieuse de la ville peuplée et bruyante qui s'élève au dessus.

Nom de rue dans les galeries des catacombes

Rue Long-Champs : plaque de rue dans les galeries des catacombes

Interdiction d'exploitation des carrières


Sous l'Empire, un décret impérial interdit définitivement l'exploitation des carrières souterraines de Paris ; mais Montrouge, alors situé en dehors de Paris, conserva ses carriers qui sont devenus des figures pittoresques. Ils participaient activement aux émeutes parisiennes. Lorsque les habitants de la rue Saint-Jacques et de la rue d'Enfer voyaient les carriers de Montrouge et de Bagneux se diriger vers le centre de Paris, ils s'écriaient : « Voilà les carriers qui descendent, ça va chauffer » ; et les commerçants fermaient les volets, baissaient les rideaux de fer et mettaient les barres de fer aux portes de leurs boutiques en verrouillant les portes à double tour.

C'est seulement en 1860 qu'une partie de la commune de Montrouge fut annexée à Paris, rattachant ainsi administrativement les anciennes carrières à la capitale.

Assurer la protection des immeubles


Les accidents se succédèrent de 1876 à 1880 (affaissement boulevard Saint Michel). Aujourd'hui, après la suppression de toutes les exploitations en région parisienne, l'Inspection des Carrières doit poursuivre son rôle de protection. Les techniques ont évolué. A la place des galeries maçonnées et appareillées, elle recourt à des forages et injections sous faible pression de mortier maigre de granulats et de ciment. Ce procédé n'est pas suffisant pour les immeubles importants, qui nécessitent rétablissement d'une semelle armée sous les fondations. Les propriétaires des maisons sont tenus, comme propriétaires du sous-sol, d'assurer la stabilité des constructions.


Paris s'écroule


Malgré toutes ces préventions, Paris est en train de s'écrouler. Le 22 janvier 1998, un trou béant s'ouvre sous l'escalier des caves du 6, rue d'Odessa, dans le XIVe arrondissement. Le 9 juin de la même année, la fissure qui était apparue entre le 18 et le 20, rue Pradier, dans le XIXe, s'élargit dangereusement. Le 31 juillet, l'immeuble du 14, rue du Docteur-Roux, dans le XVe, est frappé d'un arrêté de péril. Le 20 novembre, le sol se tasse et le mur porteur du numéro 16, rue des Poissonniers, dans le XVIIIe arrondissement, se rompt. Le 24 décembre, la chaussée s'ouvre devant le jardin d'enfants du 11, rue des Quatre-Frères-Peignot, dans le XVe arrondissement. Le même jour, le sous-sol se creuse et un geyser inonde l'entrée du 44, rue des Trois-Frères, à Montmartre.

En février 1999 on frôle la catastrophe avec le canal Saint Martin qui est en train de se vider. Une boutonnière de 8 m de long est découverte dans un des bassins du canal. L'eau s'engouffre dans les caves voisines.

Paris glisse !


Assurer la protection des fondations n'est pas suffisant. Rappelez-vous ce qui a été expliqué plus haut. Que se trouvait sous les roches calcaires qui ont été extraites du sous-sol parisien ? De l'argile ! Figurez-vous que Paris est en train de glisser et de rouler sur ces terrains argileux comme s'il se trouvait sur des billes.
Source : http://www.lexpress.fr/informations/paris-croule-t-il_634113.html

Les erreurs de l'Inspection Générale des Carrières


Aération des catacombes
D'après Benoît Tanguy, un cataphile averti qui n'en est pas à sa première excursion dans les sous-sols, « malgré le travail formidable accompli par l'IGC, il faut reconnaitre plusieurs erreurs qui ont été commises sans en avoir conscience et elles ne sont bien sur pas intentionnelles. Elles concernent particulièrement l'obstruction des entrées et le remblai de certains passages souterrains qui n'étaient pas là par hasard mais participaient à l'aération des galeries. »

A présent, les sous-terrains de Paris manquent d'aération et tout ceci contribue à l'augmentation inquiétante de l'humidité. Le ruissellement et un taux d'hygrométrie trop élevé sont les ennemis des catacombes. La preuve en est que certaines galeries sont à présent gorgées d'eau. On peut se douter que ce n'est pas très bon pour l'ensemble du maintien de cette structure qui ressemble un peu à un château de cartes.

La photographie ci-dessous montre un plongeur dans une galerie inondée
Axelle Quétier pour le compte de l'IGC)
 
Plongée dans une galerie inondée des Catacombes

Crédit photo : Axelle Quétier

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