L'exploitation du calcaire sous Paris

Le sol sur lequel Paris est bâti se compose de couches superposées de natures et d'épaisseurs différentes. Malgré l'action des eaux, l'ordre général est le même et les grandes masses subsistent toujours dans la même disposition.

A la surface existe une couche de terre végétale, de sable et de terres de transports dont l'épaisseur varie de 2 à 3 m ; au-dessous, et sur une épaisseur plus faible, se trouvent des marnes coquillères très fréquemment gypseuses.


Plus bas, on trouve des marnes, des calcaires, des spathes, du quartz, du gypse, qui ont plus de 8 m de profondeur, et qui reposent sur du calcaire marin (pierre à bâtir), dont l'épaisseur, beaucoup plus considérable, dépasse souvent 16 m. Ce calcaire se divise lui-même en près de 45 couches de diverses natures.

Au dessous de ces couches de calcaire se trouvent onze à douze couches d'argile plastique, séparées par de petits lits de sable, dans chacun desquelles existent un niveau d'eau plus ou moins abondant. En dessous de ces argiles se trouve une masse de craie dont l'épaisseur a été longtemps inconnue. Elle n'a été percée que par le forage du puits artésien de Grenelle.

Le travail du carrier


Coupe du sous-sol d'une carrière
Les carrières n'ont exploité qu'une faible épaisseur de la série du calcaire grossier du lutétien supérieur. Il s'agit le plus souvent de la série des « bancs francs » qui ont une épaisseur de 1,70 m environ. Certains termes techniques n'étaient employés que par les employés des carrières de la région parisienne. Le souchet, débutant souvent par des marnes, est le niveau inférieur des bancs francs (le carrier commence l'exploitation par le souchevage qui permet l'abattage des bancs francs). Le carrier entaillait le souchet sur quelques mètres de front et environ 1m de profondeur, à l'aide d'un pic appelé « esse ». Il devait travailler couché. Au milieu du front de taille, il perçait des tranchées verticales ou tranches de défermage destinées à séparer les blocs. Les bancs supérieurs étaient ainsi déséquilibrés et brisés à l'aide de coins. Les bancs francs sont des calcaires résistants; la roche constitue le ciel de la carrière, sauf dans quelques petites exploitations qui semblent s'être orientées vers l'extraction du liais (calcaire fin) au-dessous du souchet. L'épaisseur des niveaux géologiques variait d'une exploitation à une autre.

Les dangers de l'exploitation des mines


Le principal mode de dégradation d'une carrière souterraine est la formation de « fontis ». Les altérations font céder le ciel de la carrière : il se forme un cône d'éboulis, ce qui donne naissance à une « cloche de fontis ». Quand sa base s'élargit et que sa hauteur augmente, le fontis « vient à jour » et les accidents dangereux se multiplient. Il aspire les terrains supérieurs moins consistants et gagne la surface de proche en proche.

Piliers de soutènement

Piliers de soutènement qui paraissent bien fragiles

Souvent même, les carriers, dans leur insouciance, creusèrent au-dessous des premières excavations, formant ainsi plusieurs étages de funestes carrières suspendues les unes au dessus des autres. On assistait parfois à une juxtaposition telle que les piliers des étages supérieurs portaient à faux dans les vides des galeries inférieures. Le danger devenait d'autant plus grand que ces travaux étaient successivement abandonnés ; la mémoire s'en perdait ; les galeries s'obstruaient, et le sol, ainsi miné de toutes parts, se couvrait de lourdes constructions. Tout devait amener à de grandes et d'inévitables catastrophes.

Les quartiers rive gauche


Il faut savoir que sous la presque totalité des quartiers situés sous la rive gauche de la Seine, la masse de pierre à bâtir n'existe plus. Elle a été exploitée et enlevée, de sorte qu'il ne reste plus à la place qu'une immense excavation. Nos ancêtres ayant besoin de pierre ont tant et si bien creusé sous leurs pieds que ce qui était dessous est monté dessus, peu à peu, au risque d'y redescendre pêle-mêle en un seul jour. Il existe aujourd'hui plus de 300 km de galeries sous Paris qui s'étendent sur 835 hectares !

Plan des galeries sous Paris

Les zones de Paris qui sont creuses



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