Le cimetière des Innocents

Ca faisait près de dix siècles qu'existait le cimetière des Innocents, non loin de l'emplacement actuel des Halles et de l'église Saint Eustache. Des sarcophages mérovingiens y ont été découverts en 1973, ce qui prouve l'ancienneté du cimetière. On peut précisément délimiter la zone occupée par le cimetière, au nord, par la rue Berger, à l'est par la rue Saint-Denis, à l'ouest par la rue de la Lingerie et au sud, par la rue de la Ferronnerie. Depuis Philippe Auguste, en 1186, le cimetière des Innocents était entouré d'un mur.


Localisation du cimetière des Innocents
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La tombe du pauvre

Le cimetière de 20 paroisses

Depuis le début du Moyen Age, on avait pris l'habitude de ne pas séparer la cité des vivants de celle des morts. A côté de la population qui circule dans les rues, sur les places publiques et sur les boulevards, il y a cette population, sans cesse croissante, qui repose dans le sein maternel de la terre. Les cimetières se trouvaient souvent non loin des églises. Pas moins de vingt paroisses de la ville venaient enterrer les dépouilles des morts dans le cimetière des innocents. On ne pouvait plus creuser une tombe sans déterrer les reliques d'un ancien trépassé et ce cimetière était une véritable source d'infection pour la Capitale. Il devenait préjudiciable à la santé publique.

Un système de fosses communes

Le manque de place avait fait renoncer depuis longtemps aux tombes individuelle pour en revenir au système de la fosse commune. Souvent, les corps étaient seulement enroulés dans un linceul. Les plus riches utilisaient des cercueils mais ces derniers étaient munis d'un système de fond amovible afin de pouvoir les réutiliser. Pour gagner de la place on s'est mis à entasser les ossements dans le niveau supérieur de la galerie qui courrait sur les quatre côtés du mur d'enceinte du cimetière.
 

D'incessantes plaintes

Charnier du cimetière des Innocents
En 1554, Fernel et Houiller, deux célèbres médecins de l'époque, avaient déjà demandé la fermeture de cet espace funéraire. Les riverains eux-mêmes s'en sont plaint à plusieurs reprises, en 1725, 1734 et 1737, si bien qu'une commission fut nommée par le gouvernement pour proposer des solutions qui n'apportent pas satisfaction. En 1746 et 1755 les plaintes se renouvèlent, en vain. En 1765, le Parlement avait interdit tout nouvel enterrement au cimetière des Innocents. Mais l'interdiction ne fut pas respectée.

L'effondrement du cimetière Rue de la Lingerie

C'est en 1779 qu'une grande fosse commune fut creusée à proximité de la Rue de la Lingerie. Elle était destinée à recevoir pas moins de 2000 cadavres. Le drame arriva et certaines caves des maisons voisines s'affaissèrent, laissant débouler dans les sous-sols des monceaux d'ossements et de restes cadavériques.

Pourtant, il faut attendre encore cinq ans pour que le Conseil d'Etat publie son arrêté du 9 novembre 1785. C'est le décret qui signe l'arrêt de mort du cimetière des Innocents et son évacuation totale vers une autre zone.

Charles-Axel Guillaumot, inspecteur-général des carrières, fut chargé de préparer un local convenable pour y déposer les ossements du charnier des Innocents.
 
Éboulement d'ossements - Photo Nadar
 

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