Les apparitions dans les rêves

TROISIEME PARTIE

Apparition

Les prémisses de quelques explications scientifiques

Les théories psychologiques actuellement en vogue au sujet des Apparitions sont rares car les scientifiques ont eu peu de choses à dire sur ces visions d'apparition jusqu'à aujourd'hui. En effet, ce n'est que tout récemment que l'on a commencé à comprendre le mécanisme du sommeil avec ses différentes phases (sommeil paradoxal, semi-conscience, etc...). La recherche en psychologie cognitive actuelle suggère que la paralysie du sommeil avec hallucinations hypnagogiques déclenche dans le cerveau un balayage de conscience de la menace, connu sous le nom de système de vigilance. Ce processus est en grande partie inconscient et est normalement responsable de l'identification des menaces possibles afin de prendre des décisions rapides concernant notre sécurité physique.
 

Mais en phase de rêve lucide avec présence d'hallucinations nous assistons à la combinaison de la détection des dangers et de l'imagination. Ceci rend le système un peu instable car les menaces que nous détectons sont issues de notre propre imagination. Du coup, le système de vigilance est activé car il ne peut pas préciser exactement quelle est la menace. Il cherche donc à l'identifier mais n'y arrive pas car ce n'est tout simplement pas réel. Ceci, à son tour, intensifie notre peur parce que la partie du cerveau responsable des émotions intenses, l'amygdale, est déjà très sollicitée dans l'état de rêve. Nous projetons donc des images de nos pires peurs dans la pièce, intensifiant encore plus notre peur à mesure que l'étranger prend forme.

Lors d'un rêve normal, c'est-à-dire à l'état totalement inconscient, le système de détection des dangers n'est pas activé car il ne s'active qu'en état de veille. Pendant le sommeil il est en « MODE ECO » et il n'entre en jeu qu'en cas de bruits inhabituels ou quand le corps est physiquement bousculé. Même une odeur forte ou un changement de température n'est pas considéré comme un danger immédiat par le système de détection. Les bruits connus ne perturbent pas non plus le sommeil sinon nous serions incapables de nous endormir à côté d'enceintes acoustiques dans une boîte de nuit.

C'est le système de rétroaction de la peur et l'escalade de nos niveaux d'alerte qui précipite les apparitions à côté de notre lit de personnages avec le visage sombre et les présences maléfiques. Nous co-créons le cauchemar sans même le savoir.

Mais cette explication scientifique assez grossière est-elle suffisante pour tout expliquer ? Ça ne reste qu'une hypothèse rationnelle mais il faudrait maintenant la prouver.
 

La théorie de la Neurothéologie et des esprits

D'autres chercheurs pensent que les explications scientifiques données ci-dessus sont incomplètes car elles n'expliquent pas pourquoi le système de vigilance déclenché interprète les vagues formes des rêves comme une présence humaine. Pourquoi ne serait-ce un raz-de-marée, un tremblement de terre, une avalanche ou un arbre qui nous tombe dessus ? Après tout, ce sont des thèmes communs dans beaucoup d'autres types de cauchemars.

L'anthropologue Michael Winkelman suggère que les humains sont câblés pour voir les esprits ; cela fait partie de notre constitution génétique. Il appelle cela sous le nom de neurothéologie. Cette théorie de l'universalité de voir les esprits ne signifie pas nécessairement que les « esprits sont réels », mais certainement que les expériences sont authentiques et ne sont pas seulement composées de vœux pieux et de mythes et de contes de fées. Les visions viendraient d'au-delà de l'inconscient collectif, elle viennent de notre matière génétique.

Winkelman suggère que nous sommes prédisposés à voir des esprits de type humain parce que nos esprits sont habitués à percevoir le monde comme ayant des qualités comme nous. Quand quelque chose arrive soudainement – un coup de tonnerre – notre première hypothèse est : « Qui a fait cela ? » Donc, en période d'ambiguïté, projeter un acteur humain dans la scène est notre première ligne de défense cognitive. Pourquoi ? Peut-être parce que vous pouvez essayer de raisonner avec un dieu du tonnerre, mais pas avec la nature elle-même. Ceci a un attrait d'une perspective évolutionniste, parce que le plus grand danger pour une vie humaine n'a jamais été le tigre ou le lion, mais l'ostracisation sociale et l'abandon.

Que nous acceptions ou non l'hypothèse de Winkelman, la neurothéologie apporte un aperçu crucial de la perception mondiale de l'apparition de l'Étranger : en période de grande détresse, nous avons tendance à percevoir des entités semblables à soi.

Rêves, archétypes et entités

Les rêves nous rapprochent aussi des cadres inconscients avec lesquels nous voyons le monde. Le sommeil paradoxal est, neurologiquement parlant, un état d'esprit visionnaire. L'activation du système limbique apporte des émotions fortes, combinées à un meilleur accès à la mémoire à long terme – et une dépréciation de la mémoire à court terme – de sorte que nous n'avons pas tendance à nous demander qui ou où nous sommes. Il faut y ajouter le fonctionnement très intense des parties du cerveau qui apporte l'imagerie mentale, et vous obtenez un rêve. C'est un puissant mélange de métaphores visio-émotionnelles qui se lient à nos souvenirs et nos expériences les plus profondes.

Cette base neurologique des visions dans le sommeil paradoxal apporte un soutien supplémentaire à la psychologie archétypale de Carl Jung et James Hillman. Ces psychologies abordent la question de fond des "visiteurs" dans les visions de rêves comme étant une communication entre l'esprit conscient et les processus inconscients. Ces processus sont autonomes, se produisent de leur propre chef si bien que nous ne faisons pas attention à eux. Cependant, diriger une conscience accrue vers ces images peut accélérer la digestion de l'esprit et l'intégration de ces vieilles impulsions, mythes personnels et attentes culturelles et familiales. Certaines des images archétypales qui peuvent découler de ces processus psychologiques profonds sont des figures humaines telles que le sage vieil homme et la femme sage, et l'enfant intérieur.

L'ombre

Ombre
L'un des points de vue de Jung et Hillman sur notre propension à créer des figures cauchemardesques dans les rêves et les visions est que parfois nous sommes confrontés à des images qui ne vont pas disparaître. C'est l'archétype de l'Ombre. Le poète Robert Bly appelle « Ombre » tout ce que nous ne voulons pas regarder et que nous avons jeté dans un sac il y a bien longtemps. L'ombre peut être une partie de nous-mêmes que nous avons réprouvé et rejeté. Elle peut aussi être quelque chose de notre culture, de notre histoire ou de notre classe socio-économique à laquelle nous n'aimons pas penser. L'ombre pourrait exprimer la pauvreté, le racisme ou un paysage qui a été à plusieurs reprises dépouillé de ses habitats naturels. Ces schémas inconscients peuvent se répéter encore et encore tout au long de l'histoire, ainsi que dans nos rêves. Dans les visions du sommeil paradoxal, parfois, l'apparition vient non seulement pour faire peur, mais pour être entendue.

Cependant, nous devons faire attention à ne pas réduire les apparitions à un symbole ou à un concept. Chaque vision est unique, vivante et dynamique.
 

Dimensions psychiques des apparitions

La littérature sur la connexion entre les hallucinations hypnagogiques et les effets psychiques est assez vaste et provient de nombreuses sources parallèles. La télépathie, l'ESP et les rêves partagés ont été cités dans des textes et des récits religieux, dans le spiritualisme et les textes occultes du XIXe siècle et dans des études modernes. En général, les chercheurs sur le rêve qui étudient cet aspect du rêve suggèrent que l'hypnagogie (et son état sœur dans le sommeil, l'hypnopompie) semble être « plus propice à la télépathie ».

La neurologie, bien sûr, n'apporte pas beaucoup de soutien à ce sujet, sauf pour dire que les hallucinations hypnagogiques sont plus semblables dans l'activation cérébrale aux états de transe que dans les rêves ordinaires. L'augmentation des ondes cérébrales alpha se produit lors de ces phases particulières du sommeil, tout comme les EHC (Expériences hors du corps), et certaines formes de méditation profonde, qui sont toutes corrélées avec le psychisme. Les anthropologues de terrain qui étudient les peuples autochtones ont également signalé de nombreux cas de « psi » anormaux. Ces événements, bien que difficiles à reproduire dans un laboratoire, deviennent une partie acceptée de la vie pour ceux qui restent ouverts aux expériences étranges et bizarres telles que la synchronicité et les rêves prémonitoires.

FIN DU DOSSIER



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Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le , il y a moins d'un an.