La magie est si ancienne qu'il n'est guère possible de découvrir son origine. On trouve des magiciens au commencement de toutes les histoires : leur influence ne diminue qu'à mesure que les peuples s'éclairent. Si l'on veut suivre les théologiens, la magie existait avant le déluge. Cham était un grand magicien. Le Pharaon devant qui Moïse fait des miracles est entouré de magiciens, qui s'efforcent de lutter contre l'envoyé de Dieu. L'histoire des Juifs présente à chaque pas des enchanteurs et des magiciens. Dans les annales des Chinois, on trouve déjà un magicien, qui cherche à séduire le peuple par ses prestiges, sous la règne de Xao-Hao, quatrième empereur de la Chine, qui vivait, selon quelques-uns, au temps de Nachor, grand-père d'Abraham. Circé, Médée, Amphiaraos, Tirésias, Abaris le Scythe, Trismégiste, etc., fleurissaient du temps des juges d'Israël.
L'inventeur du sabbat et sa descente aux enfers
Orphée, qui précéda la guerre de Troie, est regardé par les démonomanes comme l'inventeur du sabbat ; et cela, parce qu'il institua les orgies et les fêtes nocturnes de Bacchus. Jean Tzétzès dit qu'Orphée apprit en Égypte la funeste science de la magie, qui y était en grand crédit, et surtout l'art de charmer les serpents.
Tout le monde connait la fable de sa descente aux enfers. Pausanias l'explique par un voyage en Thesprotide, où l'on évoquait, par des enchantements, les âmes des morts. En effet, près des monts Cérauniens, dans un lieu appelé Aornos, on avait coutume d'évoquer les morts pour prédire l'avenir. Selon le mythe, c'est là qu'Orphée descendit aux Enfers pour chercher son épouse Eurydice.
L'époux d'Eurydice, trompé par un fantôme qu'on lui fit voir pendant quelques instants, mourut de regrets ; ou du moins, selon d'autres auteurs, il renonça pour jamais à la société des hommes, et se retira sur les montagnes de Thrace.
Leclerc prétend qu'Orphée était un grand magicien, que ses hymnes sont des évocations infernales, et que, si l'on veut suivre Apollodore et Lucien, c'est lui qui a mis en vogue dans la Grèce, la magie, l'art de lire dans les astres, et l'évocation des mânes.
Tout le monde connait la fable de sa descente aux enfers. Pausanias l'explique par un voyage en Thesprotide, où l'on évoquait, par des enchantements, les âmes des morts. En effet, près des monts Cérauniens, dans un lieu appelé Aornos, on avait coutume d'évoquer les morts pour prédire l'avenir. Selon le mythe, c'est là qu'Orphée descendit aux Enfers pour chercher son épouse Eurydice.
L'époux d'Eurydice, trompé par un fantôme qu'on lui fit voir pendant quelques instants, mourut de regrets ; ou du moins, selon d'autres auteurs, il renonça pour jamais à la société des hommes, et se retira sur les montagnes de Thrace.
Leclerc prétend qu'Orphée était un grand magicien, que ses hymnes sont des évocations infernales, et que, si l'on veut suivre Apollodore et Lucien, c'est lui qui a mis en vogue dans la Grèce, la magie, l'art de lire dans les astres, et l'évocation des mânes.
Les enfants d'Adam ont inventé la magie
Avitus, dans son poème du Péché originel, fait remonter plus loin encore l'existence de la magie.
Un sot orgueil, dit-il, et le désir de trop savoir avaient perdu nos premiers parents, et faisaient de leur race une race corrompue. Les enfants d'Adam, héritiers de sa curiosité malheureuse, cherchèrent bientôt à connaître l'avenir par des moyens coupables. Ils consultèrent les astres, tirèrent des horoscopes et inventèrent la magie.
Un sot orgueil, dit-il, et le désir de trop savoir avaient perdu nos premiers parents, et faisaient de leur race une race corrompue. Les enfants d'Adam, héritiers de sa curiosité malheureuse, cherchèrent bientôt à connaître l'avenir par des moyens coupables. Ils consultèrent les astres, tirèrent des horoscopes et inventèrent la magie.
Sparte et les sorcières de Thessalie
Quelques écrivains ont prétendu que les Lacédémoniens (spartiates) n'avaient point de sorciers, parce que, quand ils voulurent apaiser les mânes de Pausanias, qu'on avait laissé mourir de faim dans un temple, et qui s'étaient montré depuis à certaines personnes, on fut obligé de faire venir des sorciers d'Italie, pour chasser le spectre du défunt. Mais ce trait ne prouve rien, sinon que les sorciers de Lacédémone n'étaient pas aussi habiles que ceux de l'Italie.
Aelien rapporte qu'il y avait bien des magiciens à Lacédémone ; et les sorciers ne devaient pas y manquer, puisque ce pays était voisin de la Thessalie, et que la Thessalie possédait un si grand nombre de sorciers, et surtout de sorcières, si bien que le nom de sorcière et de Thessalienne étaient synonymes.
Aelien rapporte qu'il y avait bien des magiciens à Lacédémone ; et les sorciers ne devaient pas y manquer, puisque ce pays était voisin de la Thessalie, et que la Thessalie possédait un si grand nombre de sorciers, et surtout de sorcières, si bien que le nom de sorcière et de Thessalienne étaient synonymes.
L'histoire de France regorge d'histoires de magie
L'histoire moderne a suivi les traces de l'histoire ancienne. Les vieilles chroniques de l'Espagne, celles de la Germanie et de tous les pays du nord sont entourées de fables ridicules. On sait combien de magiciens et d'enchanteurs parurent à la cour du roi Arthus. Le règne de nos premiers rois pourrait presque se comparer, pour le merveilleux et les mœurs chevaleresques, aux temps héroïques de la Grèce et de l'Égypte.
La magie et les sorciers avaient un grand crédit en France sous la première race. Aimoin de Fleury et la Chronique de Frédégaire représentent la mère de Clovis, la fameuse Bazine, comme une sorcière, ou tout au moins comme une magicienne. Le soir de ses noces, disent-ils, elle pria son époux de passer la première nuit dans une entière continence, d'aller seul à la porte du palais, et de lui rapporter ce qu'il y aurait vu. Childéric sortit, et ne fut pas plutôt dehors, qu'il vit d'énormes animaux se promener dans la cour ; c'étaient des léopards, des licornes et des lions. Quoique ce spectacle l'eût un peu effrayé, Bazine le fit encore sortir une seconde, et même une troisième fois. Il vit d'abord des loups et des ours ; puis enfin, des chiens et d'autres petits animaux qui s'entre-déchiraient. La reine lui explique alors ce que signifiaient ces visions prodigieuses. Les lions et les licornes représentaient Clovis ; les loups et les ours, ses enfants ; et les chiens, les derniers rois de sa race ; qui seraient un jour renversés du trône par les grands et le peuple, dont les petits animaux étaient la figure.
La magie et les sorciers avaient un grand crédit en France sous la première race. Aimoin de Fleury et la Chronique de Frédégaire représentent la mère de Clovis, la fameuse Bazine, comme une sorcière, ou tout au moins comme une magicienne. Le soir de ses noces, disent-ils, elle pria son époux de passer la première nuit dans une entière continence, d'aller seul à la porte du palais, et de lui rapporter ce qu'il y aurait vu. Childéric sortit, et ne fut pas plutôt dehors, qu'il vit d'énormes animaux se promener dans la cour ; c'étaient des léopards, des licornes et des lions. Quoique ce spectacle l'eût un peu effrayé, Bazine le fit encore sortir une seconde, et même une troisième fois. Il vit d'abord des loups et des ours ; puis enfin, des chiens et d'autres petits animaux qui s'entre-déchiraient. La reine lui explique alors ce que signifiaient ces visions prodigieuses. Les lions et les licornes représentaient Clovis ; les loups et les ours, ses enfants ; et les chiens, les derniers rois de sa race ; qui seraient un jour renversés du trône par les grands et le peuple, dont les petits animaux étaient la figure.
La magie au temps de Charlemagne
Nos chroniqueurs présentent beaucoup de traits de ce genre. Le nom de sorcier ou de magicien était la plus grande injure du temps de Frédégonde. Charlemagne prononça une sentence contre une aurore boréale, parce que les théologiens et les savants d'alors débitaient que c'était une horde de sorciers envoyés sur des nuages, par le duc de Bénévent, pour ensorceler la France.
Les sorciers se multiplièrent tellement dans les 14e, 15e et 16e siècles, qu'on les brûla par milliers dans toute l'Europe. Mais les bûchers firent l'effet des persécutions, et la sorcellerie ne s'éteignît qu'avec les flammes qu'on entretenait pour la détruire. Cependant on vit encore des sorciers, et un grand nombre de charlatans, sur la fin du règne de Louis XIV. L'arme du ridicule les attaqua victorieusement ; les terreurs infernales devinrent des chimères ; et, s'il se trouve encore aujourd'hui une multitude de petits esprits qui croient aux sorciers et aux revenants, ce sont de ces gens qui ne doutent de rien, qui regardent les mensonges des anciens comme des choses très respectables, les contes de fées comme des aventures possibles ; et qui frissonnent en lisant des histoires de spectres et des contes noirs.
Et si finalement c'était eux qui avaient raison... et que les fées et les spectres existent bien... ?
Les sorciers se multiplièrent tellement dans les 14e, 15e et 16e siècles, qu'on les brûla par milliers dans toute l'Europe. Mais les bûchers firent l'effet des persécutions, et la sorcellerie ne s'éteignît qu'avec les flammes qu'on entretenait pour la détruire. Cependant on vit encore des sorciers, et un grand nombre de charlatans, sur la fin du règne de Louis XIV. L'arme du ridicule les attaqua victorieusement ; les terreurs infernales devinrent des chimères ; et, s'il se trouve encore aujourd'hui une multitude de petits esprits qui croient aux sorciers et aux revenants, ce sont de ces gens qui ne doutent de rien, qui regardent les mensonges des anciens comme des choses très respectables, les contes de fées comme des aventures possibles ; et qui frissonnent en lisant des histoires de spectres et des contes noirs.
Et si finalement c'était eux qui avaient raison... et que les fées et les spectres existent bien... ?