La fondation de l'Ordre du Martinisme

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Nous ne nous sommes étendus sur les particularités de la vie de Saint-Martin que pour montrer que c'est bien à tort que des historiens mal informés attribuèrent au théosophe d'Amboise la succession du théurge de Bordeaux, et que d'autres, encore plus mal documentés, en ont fait le fondateur d'un Ordre du Martinisme. Saint-Martin ne fonda jamais aucun ordre ; il n'eut jamais cette prétention, et le nom de Martinistes désigne simplement ceux qui avaient adopté une manière de voir conforme à la sienne, tendant plutôt à s'affranchir du dogmatisme rituélique des loges et à le rejeter comme inutile. C'est bien là l'opinion de Jacques Matter, le célèbre historiographe de Saint-Martin.


Jacques Matter était le petit-fils de Rodolphe de Salzmann ; c'est ainsi qu'il se trouva en possession des principaux documents relatifs au Martinésisme et aux Martinistes, et nul ne fut placé mieux que lui pour relater les principaux événements qui signalèrent leur existence. D'autre part il fut en relation avec M. Chauvin, un des derniers amis de Fabre d'Olivet, et l'exécuteur testamentaire de Joseph Gilbert, qui lui-même, fut l'unique héritier de tous les manuscrits du théosophe d'Amboise.

À la fin du XIXe siècle, divers courants occultistes se sont réclamés de Martines de Pasqually ou de la pensée de Louis Claude de Saint-Martin ; parmi ceux-ci, l'Ordre de la Rose-Croix catholique du Temple et du Graal, fondé en 1890 par Sâr Joséphin Mérodack (Joséphin Peladan) : celui-ci lutte contre la « décadence latine » par le retour à la religion de l'« Art-Dieu » et à une théocratie impériale. Il proclame : « La suprême laideur, c'est la démocratie ». Il a attiré à lui le courant symboliste dans ses salons d'art idéaliste mystique et influencé certains auteurs partageant le refus de la laideur de la société moderne.

L'autre courant issu du martinésisme est l'Ordre Martiniste fondé en 1891 par l'occultiste Gérard Encausse dit Papus. Certains chercheurs n'ont pas hésité à donner comme source de ce mouvement des confréries hermétiques du XIe siècle. Robert Ambelain, notamment, cite l'« Ordre des Frères d'Orient » (qui aurait été fondé à Constantinople en 1090) et fait remonter la généalogie du martinisme aux courants gnostiques alexandrins des Ier au Ve siècle.

Le martinisme est un courant qui relève de l'ésotérisme judéo-chrétien. Il se divise en au moins trois branches qui restent liées par leur histoire et par un même objectif qui est, selon les mots de Papus, « la réhabilitation de l'Homme » :

1. le saint-martinisme, la philosophie originale fondée par Louis-Claude de Saint-Martin et découlant du martinésisme de Martinès de Pasqually.
2. le willermozisme (et le Rite écossais rectifié), un rite maçonnique fondé par Jean-Baptiste Willermoz en 1778. On peut identifier aussi une forme de martinisme maçonnique dans les rituels « rose+croix » du Rite Philosophique Italien (1909).
3. l'Ordre martiniste, fondé par Papus en 1891 ; duquel dérivent l'Ordre Martiniste Synarchique, fondé par Victor Blanchard en 1920 et l'Ordre Martiniste Traditionnel, fondé par Augustin Chaboseau et Victor-Émile Michelet en 1931.


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