Le bardesanisme

Bardesanisme
Bardesane est lié à l'histoire de l'Arménie
Bardesane d'Édesse, de son nom syrien Bar-Daïsan qui signifie « le Fils du Daïsan » (le Daïsan est la rivière sur les bords de laquelle est fondée la ville d'Édesse), était un gnostique syrien, un philosophe, poète et astrologue né en 154 (ou 164) à Édesse (Edessa). Ses parents étaient d'origine étrangère (Perse ou Parthe) et ils étaient aisés. De par ses racines étrangère, Bardesane fut souvent surnommé Le Parthe ou Le Babylonien, et plus tard L'Arménien en raison de son activité dans ce pays.

Il a été formé à l'astrologie traditionnelle des Babyloniens, pratiquée à l'époque par des spécialistes qu'on appelait les Chaldéens et qui ne se distinguaient plus guère des Mages iraniens. Bardesane mélangea sa pseudo-astronomie babylonienne avec le dogme chrétien et créa ainsi une secte chrétienne : le bardesanisme.

Vous rencontrerez parfois le terme de bardaisanisme mais il s'agit d'une erreur venant d'un anglicisme. En effet, les anglo-saxons l'appelle Bardaisan, d'après son nom syrien, et ils appellent sa secte « The Bardaisanism ». En francisant ce mot en ajoutant un "e" à la fin on en arrive à une erreur car le mot existait déjà en français en tant que bardesanisme, dérivant de son nom Latin « Bardesane ». De même, en anglais, bardesanism n'existe pas. Il s'agit d'un Frenchifying facile produit par la suppression de la dernière lettre du mot français. Donc en français on dit bardesanisme et en anglais ce sera bardaisanism.

Cette ancienne religion mésopotamienne a été à la base des enseignements du manichéisme et plus tard des sectes batini de l'islam chiite. Les adeptes sont les Bardesanites (on trouve parfois « Bardesaniens »).

 

La doctrine de Bardesane

Sa doctrine était décrite comme une variété du valentinisme, la forme la plus populaire du gnosticisme à cette époque. Épiphane de Salamine et Bar Hebraeus affirment qu'il était d'abord un chrétien orthodoxe et ensuite un adepte du valentinisme. Bardesane croyait en un Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre, dont la volonté est absolue et à qui toutes choses sont soumises. Dieu a doté l'homme d'une liberté de volonté pour opérer son salut. Il a permis que ce monde soit un mélange de bien et de mal, de lumière et de ténèbres. Toutes les choses, même celles que nous considérons maintenant comme inanimées, ont une mesure de liberté. Dans chacune d'elles, la lumière doit vaincre les ténèbres.

Bardesane pensait qu'après six mille ans, cette terre aura une fin et un monde sans mal prendra sa place. Pour Bardesane, le soleil, la lune et les planètes étaient des êtres vivants à qui Dieu avait confié le gouvernement de ce monde. Bien que l'homme soit libre, il est fortement influencé pour le bien ou pour le mal par les constellations.

Le catéchisme de Bardesane devait être un étrange mélange de doctrine chrétienne et de références aux signes du zodiaque. Induit en erreur par le fait que "l'esprit" est féminin en syriaque, il semble avoir eu des vues erronées sur la Trinité. Bien que gnostique, il a apparemment nié la résurrection du corps, mais a pensé que le corps de Dieu était doté d'une incorruptibilité comme d'un don spécial. Il expliquait l'origine du monde par un processus d'émanation du Dieu suprême qu'il a appelé le « Père des vivants ».

Cette doctrine est dénoncée avec virulence par Éphrem le Syrien qui consacra beaucoup d'efforts à combattre Bardesane en tant qu'hérétique, voire même de païen. Saint-Éphrem consacra sa vie à la lutte contre le bardesanisme à Edessa. Ceci explique pourquoi ses écrits ont presque tous disparus alors que Bardesane aurait été le premier écrivain en langue syriaque et qu'il a une importance majeure dans l'histoire de cette culture.

École de Bardesane

Harmonius, le fils de Bardesane, s'éloigna du chemin de l'orthodoxie. Il reçut son éducation à Athènes, il ajouta à l'astrologie chaldéenne de son père des idées grecques concernant l'âme, la naissance et la destruction des corps et une sorte de métempsychose.

Un certain Marinus, disciple de Bardesane, est réfuté dans le « Dialogue d'Adamantius ». Ce Marinus, dualiste, avait la doctrine d'un être primitif à deux volets ; le diable, selon lui n'avait pas été créé par Dieu. Il était aussi un docétiste, puisqu'il a nié la naissance du Christ comme étant enfanté par une femme.

Selon St. Ephrem, les Bardesanites de son époque ont été livrés à de nombreuses puérilités et obscénités. Le soleil et la lune étaient considérés comme des principes masculins et féminins, et les idées du ciel chez les bardesanites n'étaient pas sans mélange de sensualité. Les efforts zélés de Saint-Éphrem visant à supprimer cette puissante hérésie n'ont pas été couronnés de succès. Rabbula, évêque d'Edessa en 431-432, la trouva florissante de partout. Son existence au septième siècle est attestée par Jacob d'Edessa ; au huitième par George, évêque des tribus arabes ; au dixième par l'historien Masudi ; et même dans le douzième par Shashrastani (al-Shahrastâni).

Le bardesanisme semble avoir dégénéré d'abord en Valentinianisme puis en Manichéisme commun. Le dernier des auteurs nommés ci-dessus déclare :

Les disciples de Daïsan croient en deux éléments, la lumière et les ténèbres. La lumière cause le bien, délibérément et avec le libre arbitre ; les ténèbres causent le mal, mais par la force de la nature et par la nécessité. Ils croient que la lumière est une chose vivante, possédant la connaissance, la puissance, la perception et la compréhension, et dont le mouvement et la vie tirent leur source ; mais l'obscurité est morte, ignorante, faible, rigide et sans âme, sans activité ni discrimination ; le mal en eux est le résultat de leur nature et se fait sans leur coopération.  
Shahrastâni « Livre des religions et des Sectes », traduction de Theodor Haarbrucker (Halle, 1850), I, 293.

Bardesane était-il un hérétique ?

Son acceptation du christianisme était parfaitement sincère ; et plus tard, des histoires selon lesquelles il aurait quitté l'Église romaine et rejoint les gnostiques valentinois par ambition déçue ne méritaient pas beaucoup de crédit.

Bardesane a reçut une éducation à la cour d'Abgar VIII Sextus Julius Africanus avec le prince héritier d'Osroene (peut-être Abgar X d'Osroene). Il aurait converti le prince au christianisme. Son ami royal devint (probablement après 202, après sa visite et sa réception honorable à Rome) le premier roi chrétien ; et le roi et le philosophe ont travaillé pour créer le premier État chrétien. Bardesane y aurait pu jouer un rôle important dans la christianisation de la ville.

Bardesane a montré une grande activité littéraire contre Marcion et Valentin, des gnostiques Docétiens.

Les Romains, sous Caracalla, profitant de la faction anti-chrétienne d'Édessa, s'emparèrent d'Abgar IX et l'envoyèrent enchaînés à Rome. Ainsi, le royaume osrhoenic, après 353 ans d'existence, a pris fin. Bien qu'un ami de Caracalla l'ait exhorté à apostasier, Bardesane demeura ferme, affirmant qu'il ne craignait pas la mort, car il devrait de toute façon la subir, même s'il devait maintenant se soumettre à l'empereur. Peut-être à cause des persécutions de Caracalla, Bardesane, à l'âge de soixante-trois ans, il fut contraint de se réfugier dans la forteresse d'Ani en Arménie et y aurait prêché le christianisme, mais sans grand succès, et aurait également composé une histoire des rois arméniens.

Diverses opinions ont été formées quant à la véritable doctrine des Bardesanes. Dès Hippolyte (Philosoph., VI, 50), sa doctrine était décrite comme une variété du Valentinianisme, la forme la plus populaire du gnosticisme. Adolf Hilgenfeld a défendu cette opinion en 1864, en s’appuyant principalement sur des extraits de Saint-Ephrem, qui, rappelons le, a consacré sa vie entière à la lutte contre le bardaïsanisme à Edessa.

Les expressions fortes et ferventes de Saint Ephrem contre les Bardesanites de son temps ne sont pas un critère juste de la doctrine de leur maître. L'extraordinaire vénération de ses compatriotes, l'allusion très réservée et demi-respectueuse qui lui était faite dans les premiers pères, et surtout le « Livre des lois des pays  » suggèrent une vision plus douce des aberrations attribuées à Bardesane.

On ne peut pas l'appeler un gnostique au sens propre du terme. Comme les premiers chrétiens, il croyait en un Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre, dont la volonté est absolue et à qui toutes choses sont soumises. Dieu a doté l'homme d'une liberté de volonté pour opérer son salut et a permis au monde d'être un mélange de bien et de mal, de lumière et de ténèbres. Toutes les choses, même celles que nous considérons maintenant comme inanimées, ont une mesure de liberté. Dans chacune d'elles, la lumière doit vaincre les ténèbres. Après six mille ans, cette terre aura une fin et un monde sans mal prendra sa place.

Bardesane est mort à l'âge de soixante-huit ans, soit à Ani, soit à Edessa. Selon Michael le Syrien, Bardesane aurait eu, en plus d'Harmonius, deux autres fils, appelés Abgarun et Hasdu.

Les écrits du philosophe Bardesane

Bardaisan était apparemment un auteur prolifique. Bien que presque toutes ses œuvres aient péri, nous trouvons les notices suivantes :

• Dialogues contre Marcion et Valentinus.

• Dialogue « Contre le destin » adressé à un Antoninus. Que cet Antonin soit un simple ami de Bardesane ou un empereur romain et, dans ce dernier cas, la définition de l'Antonin est sujette à controverse. Il est également incertain que ce dialogue soit identique au « Livre des lois des pays », dont nous parlons plus tard.

• Un « livre de psaumes », au nombre de 150, à l'imitation du psautier du roi David. Ces psaumes sont devenus célèbres dans l'histoire d'Edessa ; leurs paroles et leurs mélodies ont vécu de génération en génération sur les lèvres du peuple. Ce n'est que lorsque Saint-Éphrem a composé les cantiques dans le même mètre pentasyllabique et les a fait chanter sur les mêmes airs que les psaumes de Bardesane que ces derniers ont progressivement perdu la faveur du peuple.

• Nous possédons probablement quelques-uns des hymnes de Bardesane dans les Actes gnostiques de Thomas ; « l'hymne sur l'âme » ; les « noces de la sagesse » ; la prière de consécration au baptême et à la sainte communion. Parmi ceux-ci, seul le « Hymne à l'âme » (l'Hymne de la perle) est généralement reconnu par les Bardesanites, la paternité des autres est douteuse. Bien qu'elle soit entachée de nombreuses obscurités, la beauté de cet hymne sur l'âme est saisissante. L'âme est envoyée de sa patrie céleste à la terre, symbolisée par l'Égypte, pour obtenir la perle de grande valeur. En Égypte, elle oublie pendant quelque temps sa filiation royale et son destin glorieux. Cela lui est rappelé par une lettre de sa maison. Elle réussit à s'emparer d'un vêtement de lumière, elle revient recevoir son rang et sa gloire dans le royaume de son père.

• Traités astrologiques et théologiques, dans lesquels ses principes particuliers ont été exposés. Saint Ephrem en parle, et parmi eux se trouvait un traité sur la lumière et les ténèbres. Un fragment d'une œuvre astronomique de Bardesane fut conservé par George, évêque des tribus arabes, et republié par Nau.

• Une « histoire de l'Arménie ». Moïse de Chorène déclare que Bardesane, « s'étant réfugié dans la forteresse d'Ani, lut sur place les récits du temple dans lesquels étaient également relatés les actes des rois ; il y ajouta les événements de son temps, en syriaque, mais son livre a ensuite été traduit en grec. » Bien que l'exactitude de cette affirmation ne soit pas tout à fait au-dessus de tout soupçon, elle a probablement un fondement réel.

• « Un compte de l'Inde ». Bardesane s'est renseigné auprès des ambassadeurs indiens Sramana (moines errants) envoyés auprès de l'empereur romain Héliogabale. Quelques extraits sont conservés par Porphyre et Stobaeus.

• « Livre des lois des pays ». Ce fameux dialogue, le plus ancien vestige non seulement de l’apprentissage bardaïsanien, mais même de la littérature syriaque, à l’exception de la version de Écriture sainte, n’est pas de Bardesane lui-même, mais d’un certain Philippe, son disciple. Cependant, le principal orateur dans le dialogue est Bardesane et nous n’avons aucune raison de douter que ce qui est mis dans sa bouche représente correctement son enseignement. Des extraits de cet ouvrage existent encore en grec chez Eusebius et chez Caesarius ; en latin dans les « Reconnaissances » de Pseudo-Clément. Un texte syriaque complet a été publié pour la première fois dans un manuscrit des VIe ou VIIe siècles du British Museum de William Cureton, dans son ouvrage intitulé Spicilegium Syriacum (Londres, 1855) et par Nau. Il est contesté si l'original était en syriaque ou en grec ; Nau est décidé en faveur de l'ancien. Contre un disciple interrogateur appelé Abida, Bardasane cherche à montrer que les actions de l'homme ne sont pas entièrement nécessaires pour le destin, comme le résultat de combinaisons stellaires. Du fait que les mêmes lois, coutumes et mœurs prévalent souvent chez toutes les personnes vivant dans un district donné ou vivant localement selon les mêmes traditions, Bardesane s'efforce de montrer que la position des étoiles à la naissance des individus ne peut avoir que peu de choses à voir avec leur comportement ultérieur, d’où le titre « Livre des lois des pays ».

Rencontre avec des religieux de l'Inde

Porphyre déclare qu'à une occasion à Edessa, Bardesane avait interviewé une députation indienne d'hommes saints (śramaṇas) qui avait été envoyée à l'empereur romain Elagabalus ou à un autre empereur Sévéran, et les avait interrogés sur la nature de la religion indienne. La rencontre est décrite dans Porphyry De abstin. , iv, 17 et Stobaeus (Eccles. , iii, 56, 141). :

Les Indiens étant répartis dans de nombreuses castes, il y a parmi eux une tribu d'hommes divinement sages, que les Grecs ont l'habitude d'appeler des gymnosophes. Mais il y a deux sectes, l'une présidée par les Bramins (Brahmanes), l'autre par les Samanéens. Cependant, la race des Bramins reçoit la sagesse divine de ce genre par succession, de la même manière que le sacerdoce. Mais les Samanéens sont élus et comprennent ceux qui souhaitent posséder la connaissance divine. Et les particularités les concernant sont les suivantes, comme le raconte le Babylonien Bardesane, qui a vécu à l'époque de nos pères et connaissait bien ces Indiens qui, avec Damadamis, ont été envoyés à César. Tous les Bramins proviennent d'un stock ; car tous proviennent d'un père et d'une mère. Mais les Samanéens ne sont pas la progéniture d'une famille, ils sont, comme nous l'avons dit, rassemblés de toutes les nations d'Indiens.




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