Peu de traditions jamaïcaines sont aussi ouvertement rejetées, mais pourtant embrassées en secret par des milliers de pratiquants. Il s'agit du balmisme. Pourquoi ? Et c'est quoi, exactement que le balmisme ?
Dramatic.fr a été contacté hier par Geneviève Chevallier, maître de conférences à l'Université de Nice, pour savoir ce qu'était le balmisme et la pocomania. En effet, il n'existe que très peu de documents qui font référence à ces pratiques. Il faut fouiller un peu pour trouver quelques très rares sources. Mais très rapidement, toutes les pistes nous conduisent sans aucun doute vers la Jamaïque.
L'Encyclopédie d'Olive Senior sur L'héritage Jamaïcain (un livre fantastique rempli d'informations sur la Jamaïque) décrit l'obeah comme « Le mot utilisé en Jamaïque pour désigner la sorcellerie, la magie du mal ou la sorcellerie par laquelle le pouvoir surnaturel est invoqué pour assurer la protection personnelle ou la destruction de ses ennemis ».
En fouillant un peu le sujet, on se rend vite compte que la connaissance au sujet de cette tradition cachée parmi les traditions jamaïcaines est elle-même très sombre, basée sur des impressions et des anecdotes, et non sur des faits réels.
On aura par exemple le souvenir d'un voyageur se trouvant dans une pharmacie et regardant une femme tirer de son sein une « prescription » avec une liste de mots comprenant « l'ail, le bleu et l'encens ». Il se rappelle avoir vu les bouteilles sur les rayonnages avec des étiquettes telles que « Oil of Come Back to Me » (huile du retour à moi). Un homme se souvient avoir entendu des histoires de pierres tombant sur une maison dans sa communauté à cause de quelque chose ou quelqu'un de mystérieux appelé De Laurence. Les traditions jamaïcaines sont bel et bien les plus effrayantes de toutes les Caraïbes !
Dramatic.fr a été contacté hier par Geneviève Chevallier, maître de conférences à l'Université de Nice, pour savoir ce qu'était le balmisme et la pocomania. En effet, il n'existe que très peu de documents qui font référence à ces pratiques. Il faut fouiller un peu pour trouver quelques très rares sources. Mais très rapidement, toutes les pistes nous conduisent sans aucun doute vers la Jamaïque.
L'Encyclopédie d'Olive Senior sur L'héritage Jamaïcain (un livre fantastique rempli d'informations sur la Jamaïque) décrit l'obeah comme « Le mot utilisé en Jamaïque pour désigner la sorcellerie, la magie du mal ou la sorcellerie par laquelle le pouvoir surnaturel est invoqué pour assurer la protection personnelle ou la destruction de ses ennemis ».
En fouillant un peu le sujet, on se rend vite compte que la connaissance au sujet de cette tradition cachée parmi les traditions jamaïcaines est elle-même très sombre, basée sur des impressions et des anecdotes, et non sur des faits réels.
On aura par exemple le souvenir d'un voyageur se trouvant dans une pharmacie et regardant une femme tirer de son sein une « prescription » avec une liste de mots comprenant « l'ail, le bleu et l'encens ». Il se rappelle avoir vu les bouteilles sur les rayonnages avec des étiquettes telles que « Oil of Come Back to Me » (huile du retour à moi). Un homme se souvient avoir entendu des histoires de pierres tombant sur une maison dans sa communauté à cause de quelque chose ou quelqu'un de mystérieux appelé De Laurence. Les traditions jamaïcaines sont bel et bien les plus effrayantes de toutes les Caraïbes !
Un secret bien gardé
Si vous demandez à un groupe de Jamaïcains si ils croient en l'Obeah, vous recevrez une variété de réponses très différentes. Certains diront qu'ils ne croient pas en cela et que c'est une de ces traditions jamaïcaines qui est une absurdité et une superstition. Certains diront qu'ils savent que ça existe, croient en son pouvoir, mais ne le pratiqueront jamais. Très peu admettront qu'ils ont déjà participé activement à des rites Obeah. Mais personne ne dira la vérité. Peut-être tout simplement parce que tout le monde y a été confronté un jour ou l'autre, en le pratiquant lui-même ou parce qu'il connait quelqu'un de ses proches qui l'a déjà pratiqué. En parler serait une trahison ou un aveux de culpabilité. Ces choses là ne doivent pas s'ébruiter, comme si nous étions encore au temps des sorciers du Moyen-Âge et de l'Inquisition.
Les Jamaïcains auront également des opinions différentes quant à ce qu'est vraiment l'obeah. L'interprétation la plus commune sera qu'il s'agit de tout type de rituel de guérison utilisant des plantes locales, des racines, et des remèdes naturels, en dehors des médicaments traditionnels.
Des vues plus étroites diront que l'invocation des esprits est une partie essentielle de l'obeah, ou que l'obeah est principalement utilisé pour faire le mal ou pour conjurer le mal placé quelque part par les autres.
Les Jamaïcains auront également des opinions différentes quant à ce qu'est vraiment l'obeah. L'interprétation la plus commune sera qu'il s'agit de tout type de rituel de guérison utilisant des plantes locales, des racines, et des remèdes naturels, en dehors des médicaments traditionnels.
Des vues plus étroites diront que l'invocation des esprits est une partie essentielle de l'obeah, ou que l'obeah est principalement utilisé pour faire le mal ou pour conjurer le mal placé quelque part par les autres.
Traditions jamaïquaines - d'où provient l'Obeah ?
L'Obeah est l'une des nombreuses traditions jamaïcaines qui prend ses sources dans ses lointains ancêtres venus d'Afrique de l'Ouest. Parmi les esclaves apportés en Jamaïque, figurent des guérisseurs, des médecins et des prêtres. Beaucoup ont poursuivi leurs pratiques traditionnelles lorsqu'ils sont arrivés en Jamaïque.
Les Africains distinguent entre les pratiques qui utilisaient la sorcellerie, habituellement à des fins mauvaises (obeah), et celles utilisées pour la guérison et pour lutter contre le mal (Myal). Même les maîtres ont vu que les deux classes n'étaient pas identiques. Les premiers hommes-Myal et hommes-Obeah (les femmes aussi, dans les deux cas) étaient fréquentés aussi bien par les Blancs que par les Noirs. Avec le temps, la distinction entre les deux groupes est devenue floue et toutes ces pratiques ont été étiquetées « obeah ».
Les Africains distinguent entre les pratiques qui utilisaient la sorcellerie, habituellement à des fins mauvaises (obeah), et celles utilisées pour la guérison et pour lutter contre le mal (Myal). Même les maîtres ont vu que les deux classes n'étaient pas identiques. Les premiers hommes-Myal et hommes-Obeah (les femmes aussi, dans les deux cas) étaient fréquentés aussi bien par les Blancs que par les Noirs. Avec le temps, la distinction entre les deux groupes est devenue floue et toutes ces pratiques ont été étiquetées « obeah ».
Connaissance des poisons
Beaucoup de pratiquants de l'obeah semblent bien connaitre les poisons et autres substances nocives. Des centaines de morts de noirs et de blancs au cours de l'esclavage ont été attribuées à des poisons conçus par les Obeah-men. C'est ainsi que l'Obeah a été déclaré illégal en Jamaïque en 1760, quand un lien a été prouvé entre l'obeah et la rébellion Tacky qui a éclaté sur un domaine à St. Mary et s'est propagé à d'autres domaines.
En dépit d'embrasser les principes chrétiens, pour beaucoup de gens, les traditions et les croyances jamaïquaines originaires d'Afrique sont trop fortes pour y résister. Il y a beaucoup de culpabilité, de honte et donc de secret et de déni lorsqu'un homme-Obeah est consulté.
Si quelqu'un qui croit en l'Obeah pense qu'il a été envouté, il s'inquiète tellement que si l'obeah lui-même ne le rend pas malade, l'inquiétude le fera sûrement ! Des gens ont perdu la vie et sont morts rien qu'en pensant qu'ils avaient été envoutés.
En dépit d'embrasser les principes chrétiens, pour beaucoup de gens, les traditions et les croyances jamaïquaines originaires d'Afrique sont trop fortes pour y résister. Il y a beaucoup de culpabilité, de honte et donc de secret et de déni lorsqu'un homme-Obeah est consulté.
Si quelqu'un qui croit en l'Obeah pense qu'il a été envouté, il s'inquiète tellement que si l'obeah lui-même ne le rend pas malade, l'inquiétude le fera sûrement ! Des gens ont perdu la vie et sont morts rien qu'en pensant qu'ils avaient été envoutés.
Qui est l'Obeah-man ?
L'Obeah-man (ou femme) est une personne bien établie dans la société jamaïcaine, avec un mécénat qui est en grande partie issu des classes inférieures, mais comprend également des personnes influentes et des notables de la société. Il peut être redouté, détesté, respecté ou même moqué, mais je doute qu'il ait déjà renoncé, car il aura toujours des clients ! C'est un dernier recours pour beaucoup de gens qui ont épuisé les voies offertes par la médecine conventionnelle. Il est le premier choix de beaucoup qui veulent « lier » à eux pour toujours la personne vers qui leur cœur a jeté son dévolu, pour assurer leur succès dans une affaire judiciaire ou pour obtenir un visa ou pour se venger de leurs ennemis.
Certains croyants et certains guérisseurs naturels disent aujourd'hui qu'ils sont mal compris, pris pour des pratiquants de l'Obeah et traités avec mépris par la société. Les titres donnés à ces guérisseurs sont Madda (Mother), Shepherd, Balmist, Brother. Les guérisseurs de l'Église du renouveau, en particulier, estiment qu'ils reçoivent un mauvais accueil, car ils sont de confession chrétienne.
Certains croyants et certains guérisseurs naturels disent aujourd'hui qu'ils sont mal compris, pris pour des pratiquants de l'Obeah et traités avec mépris par la société. Les titres donnés à ces guérisseurs sont Madda (Mother), Shepherd, Balmist, Brother. Les guérisseurs de l'Église du renouveau, en particulier, estiment qu'ils reçoivent un mauvais accueil, car ils sont de confession chrétienne.
Le balmisme - définition
Vous devez maintenant vous demander pourquoi, dans un article consacré au balmisme, nous ne parlons que de l'Obeah. En effet, quelques explications s'imposent :
- Un balmyard est le nom donné à l'endroit où les Obeah-men effectuent leurs activités.
- Balmists est le nom que l'on donne parfois aux Obeah-men
- Le balmisme représente donc l'activité des obeah-men dans le balmyard. Par extension on peut dire que le balmisme correspond à la pratique de l'obeah.
On peut même aller encore plus loin car nous avons vu que la séparation entre l'Obeah et la Myal n'est pas très nette. Ces deux pratiques peuvent être désignées sous le seul et même terme de « balmisme ». Le balmisme serait donc en fait l'ensemble des pratiques ancestrales africaines ayant cours à la Jamaïque. Il peu s'agir de pratiques de sorcellerie, pour faire le mal, ou de celles utilisées pour la guérison et pour faire le bien. Il est d'ailleurs important de noter qu'une même personne peut pratiquer les deux à la fois. Ce n'est pas comme en Europe où il existe des sorciers pratiquant la magie noire et des magiciens pratiquant la magie blanche. Dans le balmisme les deux sont confondus. L'obeah-man n'est pas totalement noir et la Myal n'est pas seulement de la magie blanche. L'une ou l'autre des pratiques est du balmisme. Le balmisme est un genre d'occultisme africain implanté à la Jamaïque.
- Un balmyard est le nom donné à l'endroit où les Obeah-men effectuent leurs activités.
- Balmists est le nom que l'on donne parfois aux Obeah-men
- Le balmisme représente donc l'activité des obeah-men dans le balmyard. Par extension on peut dire que le balmisme correspond à la pratique de l'obeah.
On peut même aller encore plus loin car nous avons vu que la séparation entre l'Obeah et la Myal n'est pas très nette. Ces deux pratiques peuvent être désignées sous le seul et même terme de « balmisme ». Le balmisme serait donc en fait l'ensemble des pratiques ancestrales africaines ayant cours à la Jamaïque. Il peu s'agir de pratiques de sorcellerie, pour faire le mal, ou de celles utilisées pour la guérison et pour faire le bien. Il est d'ailleurs important de noter qu'une même personne peut pratiquer les deux à la fois. Ce n'est pas comme en Europe où il existe des sorciers pratiquant la magie noire et des magiciens pratiquant la magie blanche. Dans le balmisme les deux sont confondus. L'obeah-man n'est pas totalement noir et la Myal n'est pas seulement de la magie blanche. L'une ou l'autre des pratiques est du balmisme. Le balmisme est un genre d'occultisme africain implanté à la Jamaïque.
Comment le praticien balmiste procède-t-il ?
Une visite chez l'Obeah-man dans le but de guérir ou d'obtenir un avancement personnel peut impliquer une « lecture » dans laquelle l'Obeah-man diagnostique le problème. Les clients peuvent recevoir un bain composé de diverses herbes et buissons, accompagnés de chants et d'incantations à effectuer. Les prescriptions pour des frictions ou des mélanges à ingérer peuvent également faire partie du traitement.
Pour « mettre obeah » sur un ennemi, l'homme Obeah peut exiger un morceau de vêtement ayant appartenu à la personne, ou une mèche de cheveux. Des poudres et d'autres substances charmantes peuvent être jetées ou répandues sur le passage de la personne.
La manière la plus courante de contrer un sort obeah qui a été jeté sur vous est de le renvoyer en engageant un Obeah-man plus puissant que celui utilisé par votre ennemi.
Pour « mettre obeah » sur un ennemi, l'homme Obeah peut exiger un morceau de vêtement ayant appartenu à la personne, ou une mèche de cheveux. Des poudres et d'autres substances charmantes peuvent être jetées ou répandues sur le passage de la personne.
La manière la plus courante de contrer un sort obeah qui a été jeté sur vous est de le renvoyer en engageant un Obeah-man plus puissant que celui utilisé par votre ennemi.
De Laurence
Alors que certains praticiens modernes de l'obeah et d'autres traditions jamaïcaines de guérison se limitent à des méthodes dérivées d'Afrique, d'autres, connus sous le nom de « hommes scientifiques », ont accepté des pratiques, des philosophies et des équipements (tels que des boules de cristal) venant d'autres traditions spirituelles. Beaucoup d'entre eux embrassent ce qui est connu sous le nom de De Laurence, un nom que les enfants trouvent tout autant terrifiant que mystifiant.
Lauron William de Laurence était un auteur américain et éditeur de matériel spirituel et occulte. À la fin du XIXème siècle, il a fondé une société de vente par correspondance qui existe encore aujourd'hui, fournissant des biens spirituels, magiques et occultes. Les livres les plus célèbres publiés sont les sixième et septième livres de Moïse, qui auraient été écrits par Moïse lui-même, mais n'étaient pas inclus dans la Bible. Ces livres expliquent comment Moïse a gagné le concours contre les magiciens égyptiens, a séparé la mer Rouge et a effectué d'autres exploits. Tous les livres de De Laurence sont à présent illégaux en Jamaïque.
Cela nous amène à des maisons recevant des pluies de pierre ou des populations terrorisées d'une autre manière à cause de De Laurence. On dit que lorsque quelqu'un ne paie pas les livres ou le matériel de De Laurence, cela entraînera l'arrivée de toutes sortes de calamités dans sa résidence, dont le plus populaire est la lapidation par une source invisible et de l'eau est jetée sur n'importe qui essayant d'entrer. Il existe en Jamaïque des maisons abandonnées à cause de cela. En aucun cas De Laurence ne peut être un bon choix de matériel de lecture !
Il est possible pour les gens de guérir et de nuire à autrui par l'utilisation des pratiques occultes. Mais beaucoup d'Obeah-men en Jamaïque d'aujourd'hui ne sont que des charlatans. Il faut se méfier avant de se tourner vers le balmisme car c'est pour certains une source de revenus faciles.
Ecrit le 16 mai 2017 en s'inspirant d'un article anglais http://www.real-jamaica-vacations.com/jamaican-traditions-obeah.html
Lauron William de Laurence était un auteur américain et éditeur de matériel spirituel et occulte. À la fin du XIXème siècle, il a fondé une société de vente par correspondance qui existe encore aujourd'hui, fournissant des biens spirituels, magiques et occultes. Les livres les plus célèbres publiés sont les sixième et septième livres de Moïse, qui auraient été écrits par Moïse lui-même, mais n'étaient pas inclus dans la Bible. Ces livres expliquent comment Moïse a gagné le concours contre les magiciens égyptiens, a séparé la mer Rouge et a effectué d'autres exploits. Tous les livres de De Laurence sont à présent illégaux en Jamaïque.
Cela nous amène à des maisons recevant des pluies de pierre ou des populations terrorisées d'une autre manière à cause de De Laurence. On dit que lorsque quelqu'un ne paie pas les livres ou le matériel de De Laurence, cela entraînera l'arrivée de toutes sortes de calamités dans sa résidence, dont le plus populaire est la lapidation par une source invisible et de l'eau est jetée sur n'importe qui essayant d'entrer. Il existe en Jamaïque des maisons abandonnées à cause de cela. En aucun cas De Laurence ne peut être un bon choix de matériel de lecture !
Il est possible pour les gens de guérir et de nuire à autrui par l'utilisation des pratiques occultes. Mais beaucoup d'Obeah-men en Jamaïque d'aujourd'hui ne sont que des charlatans. Il faut se méfier avant de se tourner vers le balmisme car c'est pour certains une source de revenus faciles.
Ecrit le 16 mai 2017 en s'inspirant d'un article anglais http://www.real-jamaica-vacations.com/jamaican-traditions-obeah.html