Shankara-charya

Shankara-charya
Shankara-charya (788-820) est le créateur de la philosophie religieuse hindouiste du Vedanta advaïta (non-dualiste). Il fut l'un des plus grands penseurs de l'Inde.

Il est né à Kâladi (au Kerala), dans le Sud de l'Inde, dans une famille brahmane shivaïte. Il étudie d'abord dans une école védique puis, à seize ans, il opte pour la vie d'ascète itinérant et devient le disciple de Govinda puis de Gaudapada. Ensuite il part voyager dans toute l'Inde et finit par disparaitre mystérieusement à Kañci ou Kedarnath dans le sud.

 

Shankara s'était donné pour mission de secouer l'état d'ignorance, de bigoterie, de rivalités sectaires où s'enlisait la religion hindoue. Il eut donc une activité de réformateur, supprimant les sacrifices animaux et les offrandes d'alcool, de viande et de poisson, et codifiant les cultes offerts aux différentes divinités, apportant une unité de sens aux différents rituels.

Selon lui, l'Atman (âme individuelle) et le Brhaman (âme universelle) sont identiques et c'est l'ignorance qui nous empêche d'en prendre conscience. Cette identité est la base de la philosophie non dualiste (Advaïta) dont il se fit le fervent défenseur.

Voici un texte de Shankara-charya :
 

L'Anatma-shri-vigarhanam (Saint dédain de soi)

On acquiert un savoir honoré par le roi, et après ? On devient riche et influent, et après ? On se divertit avec une jolie femme, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On se pare de bracelets et autres joyaux, et après ? On revêt des habits de soie, et après ? On se régale avec des mets exquis, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

Des sites agréables sont visités, et après ? Parents et alliés sont nourris et respectés, et après ? Les tourments de l'indigence et autres malheurs sont éliminés, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On se baigne dans le Gange ou un autre gué sacré, et après ? On distribue en aumônes des pièces de cuivre, et après ? On récite des milliers de fois les incantations, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

Le lignage est prestigieux, et après ? Le corps est couvert de cendres, et après ? Un rosaire est porté avec soin, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On réjouit les brahmanes avec des repas, et après ? On satisfait les dieux avec des sacrifices, et après ? On est glorifié partout, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On purifie son corps avec des jeûnes, et après ? On a des fils légitimes, et après ? On pratique la rétention du souffle, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

L'ennemi est vaincu dans la bataille, et après ? L'ami est plus avantagé, et après ? Les pouvoirs du yoga sont conquis, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On marche sur les eaux, et après ? On enferme le vent dans une cruche, et après ? On soulève le mont Mérou dans une main, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On boit du poison comme du lait, et après ? On mange du feu comme du riz, et après ? On vole dans le ciel comme un oiseau, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

Les cinq éléments sont maîtrisés, et après ? De réelles blessures ne sont que rougeurs, et après ? Des pierres sont lancées par des mains invisibles, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On devient un empereur, et après ? On possède la puissance d'un dieu, et après ? On s'élève jusqu'à la puissance de Shiva, et après ? Certes, ce n'est ainsi que le Soi est perçu.

On domine tout avec des formules magiques, et après ? On est transpercé sans dommage par des flèches, et après ? On connaît le sort par les astres, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

Le mal d'amour est détruit, et après ? L'aiguillon de la colère est émoussé, et après ? L'étreinte du désir est repoussée, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

La nuit de la confusion est dissipée, et après ? Plus rien sur terre ne nous exalte, et après ? Les affres de l'envie ont disparu, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

On conquiert le monde de Brahmâ, et après ? On contemple le monde de Vishnou, et après ? On commande dans le monde de Shiva, et après ? Certes, ce n'est pas ainsi que le Soi est perçu.

Celui dans le cœur duquel ce saint dédain du non-Soi sourd constamment et pleinement est un vase d'élection pour la perception directe du Soi que ne connaîtront pas ici-bas ceux qui s'égarent dans le tourbillon d'un univers illusoire.

Je vais vous dire en quelques mots ce qui a été dit par des centaines et des milliers d’écrits : ce monde est irréel, la conscience seule est réelle et la conscience individuelle est identique à la conscience suprême.


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