Qu'est-ce que la magie ?

Magicien
La Magie est la Mère de l'éternité, de l'être de tous les êtres ; car elle se crée elle-même et son entendement réside dans le désir. A la base, elle n'est qu'une volonté et cette volonté est le grand mystère de tous les miracles et de tous les secrets. Nous verrons qu'elle se manifeste par l'imagination de la faim du désir d'exister.

La magie est l'état originel de la Nature. Son désir crée une image. Cette image (ou figure) est seulement la volonté du désir. Mais le désir crée dans la volonté un être semblable à ce que contient la volonté, comme un égrégore.

La véritable magie n'est pas un être, mais l'esprit du désir de cet être. C'est une matrice sans substance, mais qui se manifeste sous la forme d'un être de substance. C'est l'esprit, et l'être est son corps ; et pourtant les deux ne font qu'un, comme l'âme et le corps d'une personne ne font qu'une seule personne.

 
 

Au dessus de la nature elle-même

Magicien
La Magie est le plus grand secret, car elle est supérieure à la nature dans le sens où elle crée la nature selon la forme de sa volonté. Elle est le mystère du Ternaire ; c'est-à-dire qu'elle réside dans le désir, dans la volonté d'atteindre le cœur divin de la divine Création.

Elle est la puissance formatrice dans la Sagesse éternelle, étant un désir dans le Ternaire, dans lequel l'éternelle merveille du Ternaire désire se manifester en coopération avec la Nature. C'est le désir qui s'introduit dans la Nature ténébreuse, et par la Nature dans le feu, et par le feu il apporte la mort ou la violence, et alors jaillit la lumière de la Majesté.

Elle n'est pas Majesté, mais le désir de Majesté. Elle est le désir du pouvoir divin, et non pas le pouvoir divin lui-même. Mais elle possède une telle faim et un tel désir ardent de pouvoir qu'on pourrait la confondre avec ce pouvoir lui-même. Cependant elle n'est pas la Toute-Puissance de Dieu, mais l'élément directeur de la Puissance et du Pouvoir de Dieu. Le cœur de Dieu est le pouvoir, et le Saint-Esprit est la révélation de ce pouvoir.
 

La matérialisation de l'imagination

Elle n'est néanmoins pas seulement le désir du pouvoir, mais aussi de l'esprit conducteur ; car elle contient « Fiat » en elle-même, la Parole de Dieu. Ce que l'Esprit-Volonté révèle en elle, elle le manifeste comme un être par l'aigreur qui est Fiat ; tout cela s'accomplit selon le modèle de la volonté. Comme la volonté forme un modèle dans la sagesse, c'est ainsi que le désir de la Magie le reçoit ; car elle a l'imagination dans sa propriété comme un ardent désir.

L'imagination est douce et tendre, elle ressemble à l'eau. Mais le désir est dur et sec, comme la faim ; il durcit ce qui est tendre et on le trouve dans toute chose, car il est le plus grand être dans la Déité. Il guide ce qui n'a pas de fondement vers sa fondation et ce qui n'est rien vers quelque-chose.

Où l'on reparle du bien et du mal

C'est dans la magie que se trouvent toutes les formes d'Etre de tous les êtres. Elle est une mère dans chacun des trois mondes et crée chaque chose d'après le modèle et la volonté de cette chose. Elle n'est pas l'entendement, mais un élément de création selon l'entendement et elle se prête au bien aussi bien qu'au mal.

C'est tout cela que la volonté modèle dans la sagesse, pourvu que la volonté de l'entendement y pénètre également. C'est ce qui reçoit son être de la Magie. Elle sert ceux qui aiment Dieu dans Son Être, car elle créé la substance divine dans l'entendement et la prend de l'imagination, aussi bien que de la douceur de la lumière.

C'est la Magie qui crée la chair divine ; et l'entendement est né de la sagesse, car celui-ci distingue les couleurs, les pouvoirs et les vertus. La sagesse conduit l'esprit vrai et juste par la bride ; car l'esprit s'envole et l'entendement est son feu.

L'envolée des sens

L'esprit n'est pas rebelle, il ne devrait pas s'opposer à l'entendement ; mais être la volonté de l'entendement. Mais les sens, dans l'entendement s'envolent et sont rebelles.

Car les sens sont l'éclair de l'esprit-feu, ils apportent avec eux, dans la lumière, les flammes de la Majesté ; et dans les ténèbres ils apportent avec eux l'éclair de la terreur, semblable à un féroce éclair de feu.

Les sens sont d'un esprit si subtil, qu'ils entrent en chaque être et absorbent chaque être en eux-mêmes. Mais l'entendement éprouve tout dans son propre feu ; il rejette le mal et ne retient que le bien. Alors la Magie, sa mère, prend le bien et lui donne l'être.

Au dessus de Mère Nature

Mère nature
La Magie est la mère dont provient la Nature, et la connaissance est la mère provenant de la Nature. La Magie guide le feu féroce, et la connaissance sort de sa propre mère : la Magie, du feu féroce jusqu'à son propre feu.

Car la connaissance est le feu du pouvoir, et la Magie est le feu ardent ; et pourtant il ne faut pas la comprendre comme un feu, mais comme le pouvoir de tous les pouvoirs ou la mère du feu. Le feu est appelé principe, et la Magie est appelée désir.

Tout est accompli par la Magie, le bon ainsi que le mauvais. Sa propre œuvre est Nigromantia, mais elle est distribuée à travers toutes les propriétés. Dans ce qui est bien, elle est bonne, et dans ce qui est mal, elle est mauvaise. Elle est utile aux enfants du Royaume de Dieu, et aux sorciers du Royaume du Diable ; car l'entendement, avec l'aide de la connaissance, peut en faire ce qu'il lui plaît. Elle ne possède pas l'entendement, et pourtant elle comprend tout car elle est la compréhension de toutes choses.
 

Elle ne possède aucun début et aucune fin

La magie est la même que ce soit pour les choses maléfiques comme pour faire le bien. C'est seulement l'entendement, les connaissances et le désir de la personne qui s'en sert qui vont orienté ses effets en bien ou en mal.

Il est impossible d'en mesurer la profondeur, car elle est depuis l'éternité la base et le fondement de toutes choses. Elle est un maître de philosophie ainsi qu'une mère de la philosophie.

Mais la philosophie conduit la Magie, sa mère, comme il lui plaît. Comme le divin pouvoir, c'est-à-dire le Verbe (ou le cœur de Dieu), conduit le Père sévère vers la douceur ; ainsi la philosophie (ou l'entendement) conduit sa mère vers une qualité douce et divine.

Elle est le début de toute chose mais ne possède pourtant aucun début. Elle est la finalité de toute chose mais ne connait aucune fin.

Une source intarissable de savoirs

La Magie est le livre de tous les savants. Ceux qui veulent apprendre doivent d'abord apprendre la Magie, que leur art soit plus élevé ou plus bas. Même le paysan des champs doit aller à l'école magique, s'il veut cultiver son champ.

La Magie est la meilleure théologie, car en elle, la vraie foi trouve sa fondation et sa demeure. Et celui qui la bafoue est un fou ; car il ne la connaît pas et il blasphème Dieu et par la même occasion il se blasphème lui-même. Il faut le considérer plus comme un jongleur qu'un théologien possédant l'entendement et la connaissance.

Il est comme quelqu'un qui se bat devant un miroir et ne connaît pas la cause de la dispute, car il mène un combat superficiel. Le théologien injuste regarde la Magie dans sa réflexion et ne comprend rien à son pouvoir. Car elle est semblable à Dieu, et lui,... n'est pas divin. Il serait même diabolique, selon la propriété de chaque principe. En somme : La Magie est l'Activité de l'Esprit-Volonté (qui est à différencier de la volonté de l'esprit).

Si vous avez saisi la différence, vous êtes sur la bonne voie.

Source :
D'après Sex Puncta Mystica de Jacob Boehme (1620)
Certains passages ont été revus ou complétés à notre guise




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