Adhérent de plusieurs groupes néofascistes, enrichi dans la vente d'armes et de pétrole,
Licio Gelli recrute de nouveaux frères à son image : des hommes d'influence partageant un anticommunisme viscéral gonflent vite les rangs de la P2.
Cette nouvelle orientation déplaît fortement au Grand Orient d'Italie. En 1974, la Grande Loge extraordinaire de Naples dissout la P2. Mais
Gelli ne s'en laisse pas compter. Dès l'année suivante, il la recrée en toute indépendance : la
Propaganda est dorénavant ce qu'on appelle une « loge pseudo-maçonnique » ou « loge noire ». C'est devenu une loge dissidente qui n'a plus aucun lien avec le Grand Orient d'Italie.
Noires sont en effet ses activités, comme l'opinion le découvrira au cours de la décennie suivante. La P2 se spécialise d'abord dans les affaires véreuses. Puis, le 9 mai 1978,
Aldo Moro est retrouvé mort dans le coffre d’une voiture à Rome. Le nom de
Gelli est déjà mis en avant. La P2 est aussi impliquée dans le scandale de la faillite de
Banco Ambrosiano, l'une des principales banques milanaises, et attire sur elle l'attention de la justice.
Roberto Calvi, le directeur de cet établissement, lui-même membre de la P2, pratique une gestion pour le moins occulte. Nouant des liens avec la
Mafia, arrosant les partis politiques, il creuse, avec l'aide active de ses « frères », un déficit de plus d'un milliard de dollars. Il est surnommé le « banquier du Pape ». C'est en enquêtant sur lui que la justice remonte, en 1981, à
Gelli, et commence à cerner, grâce à la liste de ses membres, l'influence occulte de la P2.