Un rêve c'est quoi exactement ?

1 - La nature du rêve

Les rêves
Le rêve appartient aux expériences les plus personnelles de l’homme. Il prend en effet sa source dans l’inépuisable richesse de l’âme. Pourtant, le rêve ne laisse aux hommes qu’un souvenir fugace, une légère humeur teintée de joie, de tristesse ou d’inquiétude.

Le rêve nocturne constitue sans conteste une activité naturelle de l’âme. Le véritable rêve se passe pendant le sommeil. On reconnait de nos jours que le sommeil est une des grandes exigences de la vie, aussi bien physiologique que psychique. On peut se passer de boire pendant un ou deux jours, on peut rester sans manger jusqu’à quelques semaines, mais le manque de sommeil entraîne des troubles graves au bout de peu de temps. Certains dictateurs cruels se servent d'ailleurs de la privation de sommeil comme d'un moyen de torture.

Même s'ils partagent des moments identiques, sommeil et rêve sont différents. Ce dernier est de la vie psychique dans un corps engourdi.


 

2 - Les phases du sommeil

Les physiologistes font la différence entre sommeil superficiel et sommeil profond. On peut présumer que l’inconscient exerce aussi son activité onirique dans le sommeil profond, mais seules les images du sommeil superficiel nous deviennent conscientes. De plus, les rêves que nous sommes capables de retenir à l'état conscient ne semblent nous parvenir qu’aux environs de l’éveil.

Ceci a fait penser au philosophe Schelling, il y a plus d'un siècle, que « les rêves sont les précurseurs du réveil ».

Il se trompait car il est clair que sans l’aide de la conscience nous ne pourrions pas retenir nos rêves. C'est la conscience qui les porte à notre connaissance. Mais rien ne permet d'affirmer que nous ne rêvons pas lorsque nous sommes éloignés du réveil, pendant le sommeil paradoxal. Ce serait comme dire que les animaux ne se déplacent pas la nuit mais que leur déplacement est précurseur du lever du jour. Nous ne pouvons pas les voir se déplacer car il n'y a pas de lumière, quand l'aube approche le peu de lumière nous permet alors de les voir se déplacer. Mais ce n'est pas ce déplacement que l'on peut voir qui annonce le jour. Il y a confusion entre cause et effet.

Mais dans certains cas il avait raison car les rêves, et en particulier les cauchemars, nous poussent souvent à nous réveiller brutalement. C'est notre seule échappatoire pour s'échapper du mauvais rêve. Le réveil est alors un moyen de défense et, bien entendu, dans le cas d'un bon rêve, ce dernier n'est en rien annonciateur du réveil.

Nous ne savons pas grand chose des rêves du sommeil profond. Nous ne pouvons observer qu’en spectateur lorsqu’un dormeur commence à parler en dormant, lorsqu’il appelle quelqu’un, se défend en gesticulant ou essaie de se lever. On pourrait d'ailleurs continuer cet article en parlant du somnambulisme mais ce n'est pas le sujet.

3 - Les troubles psychiques liés au sommeil

Peu d’individus s’endorment aussitôt couchés ; mais si c’est le cas, les rêves sont rares. Il s’agit alors presque toujours de schizothymes et il semble qu’ils tombent directement dans un sommeil profond. Mais la plupart des dormeurs passent d’abord devant une série d’images hypnagogiques qui émergent des profondeurs ; ils se trouvent dans un état d’engourdissement où ces images viennent se mêler à toutes sortes d’états d’âme et à d’autres images provenant des événements de la journée.

Le premier savant moderne à avoir étudié les rêves est Sigmund Freud. Il pensait que tous les rêves sont, dans un certain sens, des « rêves de commodité », qu’« au lieu de réagir à une influence externe, psychique ou somatique par l’éveil, ils ne servent qu’à prolonger le sommeil ».

Freud affirmait également qu'ils avaient la faculté de minimiser et de camoufler les impulsions d’origine sexuelle. En ce sens les rêves étaient les gardiens du sommeil contre les pulsions brutes. Mais on sait que le père de la psychiatrie moderne avait un certain penchant, comme hypnotique, pour tout ce qui concernait le sexe. Il rapportait systématiquement tout au sexe, tel un obsédé pervers. Donc, ne nous attardons pas exagérément sur ces idées maniaques et revenons à la réalité.

4 - Retour à la réalité

Le passage du sommeil et du rêve à l’état de veille, et inversement, s’accomplit suivant le tempérament de l’individu en question. L’un s’éveille aussitôt, sa conscience effaçant immédiatement les derniers lambeaux des images du rêve ; l’autre revient lentement à lui tout en continuant à rêver, mais déjà conscient de ses rêves. Il arrive même que ces derniers puissent continuer à vivre leur rêve et aient l'impression de le diriger alors qu'ils sont déjà dans un état de demi-conscience. Le contrôle des rêves est en effet possible, moyennant beaucoup d'entrainement.

La durée du rêve


La durée du rêve est extrêmement courte.

Aussi étonnant que cela paraisse, même des rêves qui nous font traverser une multitude d’événements et de situations sans cesse transformés se passent très rapidement, en quelques secondes, rarement en plus de trente secondes.

Des essais et des expériences involontaires confirment cette affirmation.

L’état d’âme et le rêve


Le rêve laisse après lui un état d’âme qui peut durer des heures alors que le rêve a depuis longtemps disparu, et qu’il n’est même plus l'objet d'un souvenir. On se rappelle par exemple qu'on a fait un bon rêve et on est de bonne humeur pour toute la matinée sans pour autant se rappeler de notre rêve.

L’événement du rêve


Le psychiatre allemand Hoche prétend que les impressions visuelles, auditives, tactiles ou autres sont de loin les plus importantes dans le rêve. On arrive aussi à saisir une odeur, mais assez rarement. Il s’agit bien plus souvent d’impressions de chaud ou de froid, d’humide ou de sec.

Au sujet de ce qu’on oublie et de ce qu’on retient


Les rêves ne se retiennent pas facilement, malgré leur grande vivacité ou leur frappante originalité ; ils s’oublient vite, se dissipent tel un brouillard. Cette formation fugace de l’âme retourne dans les profondeurs de l’inconscient qui est son origine et son foyer.

Les rêves, on les oublie en s’habillant, sinon à coup sûr dans la matinée. Le rêve ne fait pas bon ménage avec l’état de veille.

5 - Le langage du rêve

Pour certains, le rêve est le langage de l’inconscient que nous percevons pendant la nuit. Tous ceux qui se sont penchés sur le problème du rêve d’une façon pratique arrivent à la conclusion qu’il existe une instance supérieure qui construit et dirige le rêve. Mais ce n'est pas notre conscience.

Il paraît difficile de savoir si le rêve est le langage d’un inconscient qui se parle à lui-même en nous permettant d’y prendre part, ou si ce langage s’adresse directement à nous.

Bien qu’il arrive d’entendre des voix au cours d’un rêve, le langage de celui-ci consiste plutôt dans une succession d’images et d’actions.

6 - Des évènements du passé

Chaque rêve constitue une unité psychique. Ainsi lorsqu’au réveil notre mémoire n’a pu retenir du rêve que quelques bribes éparses, nous déclarons qu’il ne nous est malheureusement pas possible d’en faire un récit complet. Nous concluons par là à l’existence d’une entité, d’un monde qui a un sens et une unité. Le matériel même du rêve, c’est-à-dire ce avec quoi il est fait, peut être de provenance très diverse bien qu’il soit toujours tiré de l’expérience psychique.

Il semble que le rêve possède une connaissance infiniment large de tous les événements, de toutes les possibilités.

C’est du passé à l’état brut ou partiellement façonné qui se trouve refoulé par la poussée incessante des événements qui se succèdent et qui se changent en inconscient. Dans les réservoirs de l’âme, et plus ou moins près de la conscience, nos expériences passées attendent que le rêve ait besoin de leur contenu, de leurs personnages.

Comme chacun sait, un homme sans souvenirs est un malade psychique, un homme qui ne vit plus dans sa propre durée, qui ne peut pas profiter de ce que ses années passées lui ont apporté. Il lui manque la mémoire qui le relierait à la vie et qui est en même temps passé, présent et futur créateur. À l’homme normal qui peut en avoir besoin pour une certaine raison, les choses du passé deviennent immédiatement vivantes. Il faut savoir que même une conversation ordinaire ne peut se faire sans une continuelle référence au passé.

7 - Des souvenirs qui remontent à la surface

Rêves - Bribes de souvenirs
La plupart des gens sont entourés dans leurs appartements de tableaux, d’objets et même de personnes qui ne représentent que du passé. le passé que le rêve puise en nous est d’une autre nature. Conformément à l’expérience, il ne ramène à la surface que ce qui peut servir au moi actuel. Que le passé ne soit pas encore assimilé et alors nous en rêvons pour le surmonter ; qu’il nous donne la clé d’une situation présente par son contenu passé et que nous ayons besoin de remonter à cette origine pour mieux comprendre le présent ; ou encore que le rêve nous présente une situation passée mais transformée, et que cette transformation si vivante soit la meilleure image, le meilleur symbole, pour figurer utilement les événements présents : voilà sous quelles formes peut se présenter le passé. C’est au moyen de souvenirs personnels que la plupart des rêves tiennent leur langage. Et ces souvenirs peuvent aller du petit fait divers de la veille, dont l’impression est encore vive, jusqu’à ceux de la première enfance, c’est-à-dire aux souvenirs remontant à la deuxième année.

Tous les événements du passé, tout ce qui autrefois a revêtu une forme vivante lui sert de matériel pour dépeindre le présent ou figurer l’avenir.

En ramenant le passé, le rêve attache celui-ci au présent et à travers l’écoulement du temps, il maintient la continuité et l’unité de notre vie. Mais nous ne sommes pas seulement reliés au passé par nos événements personnels ; en tant qu’hommes, nous appartenons à l’humanité et à son histoire. Le « Grand Archiviste » semble posséder la connaissance de tout ce qui a jamais pu se produire ; il est entouré par les puissantes images ancestrales de toute l’histoire humaine. C’est d’elles qu’il se sert lorsque, sur un plan individuel, se répète un événement fondamental de l’humanité.

 

8 - Une indexation des événements de la journée, le mécanisme secret des souvenirs

Grands principes


illustration Des géants trop grands
Le cerveau
La plupart d'entre vous possèdent une télévision moderne. Elle permet d'enregistrer des émissions sur un disque dur. Si vous décidez d'enregistrer systématiquement toutes les émissions que vous regardez votre disque dur sera très vite saturé et il ne pourra plus fonctionner pour enregistrer de nouvelles émissions.

Le principe est exactement le même avec la mémoire de notre cerveau. Mais ce dernier a trouvé une solution pour éviter de remplir sa mémoire en quelques jours seulement.

Le cerveau n'a pas besoin de conserver chaque détail avec une extrême précision. Il ne va conserver que certaines « images clés » et l'important pour l'individu est de pouvoir presque tout reconstituer à partir de seulement quelques bribes, mais qui ont de l'importance. C'est ensuite l'intelligence humaine qui va décoder ces « images clés » pour reconstituer l'histoire dans sa quasi-complétude, du moins ce qu'il était important de retenir.

C'est un principe d'indexation et de compression des événements au sens informatique des termes.

Même votre télévision n'enregistre pas 25 images par seconde mais utilise un algorithme de compression pour stocker l'émission dans un format mpeg ou divx. Un autre algorithme permet la décompression et la reconstitution des 25 images par secondes. Ce ne sont plus exactement les mêmes, elles ont subit des pertes dues à la compression, mais le sens et la signification des images restent les mêmes. C'est ce principe de COmpression/DECompression que l'on nomme « codec » dans le jargon informatique.

Figurez-vous que votre cerveau fonctionne un peu sur le même principe.

Et on peut aller plus loin encore... Il est même possible de faciliter la tâche de votre cerveau en effectuant une pré-indexation.

La préindexation des souvenirs


Comment faire ?
Prenons un exemple simple :
Imaginons que vous sortez de réunion où on vous a dit beaucoup de choses importantes. Vous pouvez essayer de tout retenir par cœur mais cela demande beaucoup d'entrainement. Le plus simple est de tout noter par écrit dans un compte-rendu. Mais encore une fois, vous n'allez pas apprendre par cœur ce compte-rendu. Il vous faut le stocker sur un serveur ou bien l'imprimer et le glisser dans un tiroir. A partir de là vous n'avez qu'une seule chose à retenir : le sujet de la réunion et l'endroit où vous avez stocké son compte-rendu.

Eh oui ! Vous pouvez sans regret tout oublier de ce qui s'est dit dans cette réunion à partir du moment où vous savez comment faire pour en retrouver le compte-rendu au moment opportun.

Le compte-rendu est lui-même une compression. Vous n'allez y noter que les choses vraiment importantes. Mais en relisant ce compte-rendu quelques semaines plus tard il y a de fortes chances que certains détails vous reviennent en mémoire alors qu'ils ne sont pas inscrits. C'est là le travail de votre cerveau qui décode des bribes d'informations pour reconstituer un tout.

Cette technique peut être mise en pratique pour un grand nombre de choses. Quelques exemples :
- On vous communique un e-mail ou un numéro de téléphone : vous allez le noter sur un petit carnet et avoir simplement à vous souvenir où vous l'avez noté
- Faire une liste de courses avant d'aller dans une grande surface : vous avez simplement à retenir dans quelle poche vous l'avez glissée.
- etc.

On reconnait ici deux fonctions essentielles : la compression et le classement.

L'indexation et le classement des informations pendant le sommeil


Avec ces exemples d'enregistrement d'émission télévisée et de technique pour ne pas avoir à mémoriser chaque chose que l'on vous communique on peut comprendre beaucoup plus facilement comment notre cerveau fonctionne pour faire exactement la même chose : compression, classement, indexation.

C'est au sommeil que ces fonctions incombent.

Pendant le sommeil le cerveau passe en revue toutes les informations emmagasinées pendant la journée et opère sur elles une compression pour ne conserver que des bribes (des « images clés »). Il va même encore plus loin car il combine les images clés de la journée avec des images clés plus anciennes. C'est ce qui explique que des souvenirs de la petite enfance peuvent remonter en surface pendant les rêves. Toutes ces informations sont ensuite stockées dans la mémoire et le cerveau prend bien garde de réaliser une indexation car ce n'est pas tout de stocker des informations au fond de sa mémoire, il faut ensuite pouvoir les retrouver.

Les rêves sont simplement la matérialisation de quelques images clés qui remontent en surface et atteignent la conscience. On a parfois l'impression que le rêve raconte une nouvelle histoire jamais vécue ou bien que l'histoire racontée dans le rêve est pleine d'incohérences qui ne peuvent pas exister dans la vie réelle. C'est simplement du au fait que les informations du jour sont mélangées avec des images beaucoup plus anciennes. Donc l'histoire ne correspond plus du tout à ce qui s'est passé pendant la journée, c'est un mélange de plein de souvenirs entre eux. Mais le cerveau, à l'état conscient, s'y retrouve. Du moins faut-il l'espérer.

9 - La maladie d'Alzeimer

En étant privé de sommeil, la partie du cerveau qui enregistre les informations se retrouve très vite saturée et le cerveau ne peut plus fonctionner correctement.

La maladie d'Alzeimer consiste en un dérèglement des fonctions de sommeil et de rêve. Les souvenirs ne sont plus compressés correctement. Les indexations se perdent et se mélangent les pinceaux. C'est comme un disque dur qui perd sa table d'allocation des fichiers. Les informations sont toujours là mais il n'est plus possible d'y accéder ni même de les retrouver.

L'utilisation d'anti-dépresseurs, de somnifères et l'absorption de certaines molécules chimiques tel que les perturbateurs endocriniens occasionnent un dérèglement des fonctions de mémorisation du cerveau.


Certains passages, excepté la fin, sont extraits d'un texte d'Ernest Aeppli
Traduit de l’allemand par Jean Heyum


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