Isagoge

Isagoge
Isagoge est le premier tome des livres d'Arbatel. Il contient 49 aphorismes qui sont les préceptes les plus généraux de l'art.

La Magie d'Arbatel ce compose en tout de 9 tomes. Son nom originel est Arbatel de Magia Veterum. La première apparition de ce livre date de 1575. Il était écrit en latin et son auteur serait Henri Cornelius Agrippa de Nettesheim, mort en 1535. Ce serait donc la suite de De occulta philosophia, publiée post-mortem. Mais souvent, à cette époque, les auteurs signaient leurs livres du nom d'un auteur connu pour avoir plus de succès. C'est sans doute pour cela que De Magia Veterum  fut attribué à tort à Agrippa.

Contrairement à d'autres grimoires et manuscrits occultes du Moyen-Âge qui contiennent de la magie noire et des sorts malveillants, La Magie d'Arbatel contient des conseils spirituels et des conseils sur la façon de vivre une vie honnête et honorable en harmonie avec les éléments. Mais c'est très teinté de christianisme ; alors peut-on vraiment faire confiance à ce livre qui ressemble à la suite du Nouveau Testament ?

Voici les deux premiers septenaires d'aphorismes que contient Isagoge. Il y en a sept en tout.

 

Premier septenaire d'aphorismes

Aphorisme 1 : les secrets

Que celui qui veut savoir les secrets sache d'abord garder secrètement les secrets ; qu'il scelle ce qui doit être scellé, ne donne pas aux chiens ce qui est sacré et ne jette pas les perles aux pourceaux (Matthieu, VII., 6 - Bible Osterwald).

Observe ces lois et les yeux de ton âme s'ouvriront pour comprendre les secrets et tu entendras une voix divine te révéler tout ce que ton âme aura désiré. Tu obtiendras les messages des anges de Dieu et des services plus parfaits des esprits dans la nature que ne le peut désirer aucun esprit humain.

Aphorisme 2 : les serviteurs

En toutes choses invoque le nom du Seigneur et ne commence aucune méditation, ni aucune action, sans l'avoir invoqué par son fils unique (Jean, XIV., 13). Mais sers-toi des esprits qui t'ont été donnés ou attribués comme serviteurs, sans témérité ni présomption, avec le respect dû au Seigneur des esprits : regarde-les comme des émanations de Dieu ; et, pour le reste de ta vie, travaille pacifiquement à honorer Dieu, à améliorer toi et ton prochain.

Aphorisme 3 : la vocation

Vis pour toi et pour les Muses, évite les amitiés de la multitude ; sois avare de ton temps, bienfaisant pour tous ; mets en œuvre tes qualités, veille sur ta vocation ; que jamais le Verbe de Dieu ne s'éloigne de ta bouche.

Aphorisme 4 : le sérieux

Obéis aux bons conseillers, fuis tout atermoiement. Accoutume-toi à la fermeté et au sérieux dans tous tes actes et dans toutes tes paroles. Aux tentations du tentateur, résiste par le verbe de Dieu.

Fuis le siècle, cherche le ciel. Ne te fie pas à ta sagesse, mais en toutes choses élève ta pensée vers Dieu, car il est dit dans l'Écriture :

Lorsque nous ne savons pas ce que nous voulons faire, nous élevons les yeux vers toi.  

Toute ignorance est antinaturelle ; la lumière est notre essence primitive. L'ignorance est une épreuve que nous devons vaincre par la prière. Lorsque viennent à nous manquer les forces humaines, alors jaillit comme un éclair le secours de Dieu.

Aphorisme 5 : l'amour

Aime le Seigneur ton Dieu de ton cœur, de toutes tes forces, et ton prochain comme toi-même (référence au drapeau (Deutéronome, VI., 4) que tout enfant d'Israël fixe sur le montant de ses portes lorsqu'il prend possession d'un bien quelconque sur cette terre.) : et le Seigneur te protégera comme la prunelle de son œil, te délivrera de tout mal et te remplira de tout son bien, et ton âme ne désirera rien qu'elle ne le possède immédiatement, pourvu que ce soit chose saine à ton corps et à ton âme.

Aphorisme 6 : la connaissance

Tout ce que tu auras appris, repasse-le souvent et fixe-le dans ta mémoire ; apprends beaucoup et non beaucoup de choses. L'esprit humain ne peut tout embrasser, à moins qu'il ne soit divinement régénéré ; mais pour celui-là, rien n'est si difficile ni si varié qu'il ne le puisse posséder.

Aphorisme 7 : l'ignorance

Invoque-moi au jour de l'épreuve et je t'exaucerai et tu me glorifieras  
a dit le Seigneur (Psaumes XL. 15.); or, toute ignorance est une épreuve.

Invoque donc le Seigneur dans ton ignorance et il t'exaucera, et souviens-toi d'en rendre gloire à Dieu et de dire avec le psalmiste :

Que la gloire ne soit pas pour nous, Seigneur, qu'elle ne soit pas pour nous, mais pour ton nom seul.   (Psaume CXV. 1.)

Deuxième septenaire d'aphorismes

Aphorisme 8 : les vertus

L'Écriture atteste que Dieu imposa en même temps aux choses ou aux personnes leurs noms, leurs vertus et leurs fonctions, tous attributs émanés de ses trésors ; pour cette même raison, les caractères et les noms constellés ne tirent pas leur propriété de leur forme ou de la prononciation, mais de la force ou de la propriété que Dieu ou la nature a imprimée dans ce nom ou ce caractère. Il n'y a en effet ni dans le ciel, ni sur la terre, ni dans les enfers aucune vertu qui ne descende de Dieu ; et, sans sa grâce, rien ne peut transmettre ni actualiser ce qu'il a en puissance.

Aphorisme 9 : la sagesse

La sagesse absolue est celle qui est en Dieu, puis vient celle des créatures spirituelles, puis celle des corporelles ; le quatrième degré est dans la nature et les choses naturelles (Cf. Zohar, section V, pp.148-149.). A la suite, mais à long intervalle, viennent les esprits du Rebelle et ceux qui sont réservés pour le jugement dernier ; en sixième lieu, les ministres des peines dans les enfers, serviteurs de Dieu. En septième lieu, les pygmées qui tiennent une place peu négligeable et habitent les éléments et les choses élémentaires. Il convient de connaître et de distinguer tous les degrés qui différencient la sagesse du Créateur de celles des créatures afin que, s'il nous est utile d'attirer à nous quelque chose de l'une d'elles, nous sachions sur-le-champ la manière d'agir et la raison de l'acte, puisque toute la création n'a qu'un but, la nature humaine, et qu'un moyen, la nature humaine, comme en témoignent les Saintes Écritures, la raison et l'expérience.

Aphorisme 10 : les Écritures

Dieu père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles, a voulu se refléter lui-même et se manifester dans l'Écriture Sainte et, comme un père qui aime tendrement ses fils, il nous enseigne ce qui est utile, ce qui ne l'est pas, ce qu'il faut fuir, ce qu'il faut rechercher. Ensuite, par la promesse des plus grands biens corporels et éternels, il nous entraîne à l'obéissance ; par la menace du châtiment, il nous éloigne de ce qui nous serait nuisible. Ô toi qui me lis, retourne donc dans tes mains l'Écriture Sainte, et les nuits et les jours, pour posséder aujourd'hui comme dans toute éternité le bonheur et la béatitude. Fais cela et tu vivras comme te l'enseignent les pages sacrées.

Aphorisme 11 : la Création

Le quaternaire est le nombre pythagoricien et le premier carré ; établissons-le donc ici comme fondement de toute la sagesse, après la sagesse révélée par Dieu même dans l'Écriture Sainte, et présentée dans la nature à la contemplation des hommes.

Sache bien que celui qui tout entier dépend de Dieu est obéi et servi par toute la sagesse de la Création de gré ou de force, consciemment ou inconsciemment. Par « Création » on entend tout ce qu'il y a de vivant, d'intelligent et de conscient dans la nature : et par là, l'auteur entend même ce que nous appelons dans notre présomption « nature inanimée ».

En cela se manifeste la toute-puissance de Dieu. C'est là le point capital : « vouloir » se faire sortir par la création et se distinguer de ceux qui ne veulent pas : apprendre à nous adapter l'intelligence et la fonction de chaque être. Cet art ne s'obtient que divinement ; Dieu révèle ses secrets à qui bon lui semble ; celui auquel il ne veut rien dispenser de ses trésors, celui-là qui a encouru la colère divine, n'obtiendra rien même par la force, malgré Lui.

Donc, demandons à Dieu seul, qui nous y fera miséricordieusement participer. Celui qui nous a donné son fils et nous a ordonné de prier pour obtenir son Esprit-Saint, comment ne nous soumettrait-il pas bien mieux encore toute la création visible ou invisible ? « Tout ce que vous demanderez vous sera accordé » (Jean, XIV., 13.). N'abusez pas des dons de Dieu et tout coopérera à votre salut. Mais avant toute chose veillez à ce que votre nom soit inscrit au ciel : cela vous sera plus favorable qu'un esprit serviteur : ce sont les conseils du Christ.

Aphorisme 12 : le Verbe

Dans les Actes des Apôtres  (Actes des Apôtres, ch. X, § 20.), l'Esprit dit à Pierre après sa vision : « Descends et n'hésite pas, car c'est moi qui les ai envoyés » lorsqu'il était mandé par le centurion Cornélius. – C'est de cette façon et par le verbe humain que tous les enseignements étaient transmis par les Saints Anges de Dieu, comme cela est évident d'après les monuments égyptiens. Mais ils ont été dans la suite mélangés d'opinions humaines, pervertis par l'action des esprits malins qui sèment les zizanies et la discorde chez les enfants du doute, comme on le voit dans saint Paul et dans Hermès Trismégiste.

Il n'est pas d'autre base pour restaurer les arts que de s'instruire auprès des saints esprits de Dieu ; car la foi véritable est la foi à ce que l'on a entendu. Quant à être sûr de la véracité des révélations, cela dépend de ta foi en Dieu ; c'est la vérité, si tu peux dire avec Paul : « Je sais en qui je mets ma confiance » (Romains, XIV., 14.)

Si aucun passereau ne peut périr sur terre sans la volonté du père qui est au ciel, combien plus, homme de peu de foi, Dieu ne permettra-t-il pas que tu sois déçu, si tu dépends de lui, si tu places en lui seul toute ton affection.

Aphorisme 13 : les noms des esprits

Dieu est le Dieu vivant, et tout ce qui vit en lui ; il est véritablement la force qui se répand en toutes choses pour qu'elles soient ce qu'elles sont, et d'un seul mot de sa bouche par son fils a manifesté tout ce qui est pour que cela soit. Il a donné à toutes les étoiles, à toute l'armée du ciel leurs noms propres.

Celui à qui Dieu révélera les noms de ses créatures, celui-là saura les véritables vertus et la nature des choses, l'ordre et l'harmonie de toute la création visible et invisible. Mais reste à recevoir de Dieu le pouvoir de manifester les vertus et de les faire passer de puissance en acte dans la nature et l'universelle création, des ténèbres à la lumière. Ton but doit donc être de connaître les noms des esprits, leur nom, c'est-à-dire leurs fonctions et leurs pouvoirs pour qu'avec l'aide de Dieu, leur force vienne se joindre et se soumettre à la tienne. C'est ainsi que Raphaël fut attribué à Tobie pour guérir son père, pour sauver son fils du danger, pour lui amener sa jeune épouse. Ainsi Mikhaël, force de Dieu, gouvernait le peuple de Dieu. Gabriel, messager de Dieu, fut envoyé à Daniel, à Marie, à Zacharias, père de Jean-Baptiste. Et sur ta demande, on te donnera un esprit capable de t'enseigner tout ce que ton âme désire savoir dans la nature des choses. Tu emploieras ses services avec crainte et respect de ton créateur, de ton rédempteur ; de ton sanctificateur, c'est-à-dire du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ne néglige aucune occasion de t'instruire ou de veiller sur ta vocation, et jamais rien de ce qui te sera nécessaire ne te manquera.

Aphorisme 14 : la loi et les prophètes

Ton âme vit dans l'éternité par celui qui te créa ; invoque donc le Seigneur ton Dieu et obéis à lui seul. Tu parviendras à ce but si tu considères pour qu'elle fin Dieu t'a créé, ce que tu dois à Dieu, ce que tu dois à ton prochain. Dieu demande de toi que tu honores son fils et que tu gardes dans ton cœur le verbe de son fils. Si tu as ce respect, tu accomplis déjà la volonté de ton Père qui est aux cieux. Tu dois à ton prochain les services de la charité, et d'amener au respect de son fils tout ce qui se réfugie vers toi : voilà la loi et les prophètes. Dans les choses temporelles, tu dois invoquer Dieu comme un père pour qu'il te donne tout ce qui est nécessaire à cette vie. Tu dois faire participer aux dons de Dieu ton prochain, que ces dons soient spirituels ou corporels.

Tu prieras de la façon suivante :

Seigneur du ciel et de la terre, formateur et créateur de toutes choses visibles et invisibles, moi, être indigne, je t'invoque selon ton ordre, par le nom de ton fils unique N. S. J.-C., pour que tu envoies vers moi ton Esprit-Saint qui me dirige dans ta vérité, vers ton bien absolu.
Car je désire d'un profond désir la science de cette vie, la connaissance parfaite de ce qui m'est nécessaire, science plongée dans de telles ténèbres et souillée d'un si grand nombre d'opinions humaines que je sens par mes propres forces n'en pouvoir rien pénétrer si tu ne me diriges, donne-moi un de tes esprits qui m'enseigne ces lois que tu veux nous voir apprendre et connaître pour te louer, t'honorer et servir notre prochain : donne-moi un cœur docile pour que je saisisse facilement ce que tu l'enseigneras et que je l'enfouisse dans mon âme, prêt à la répandre comme un ruisseau de tes inépuisables trésors pour tous les usages nécessaires, et donne-moi cette grâce d'user de si grands bienfaits avec une humble crainte et un timide respect par N. S. J.-C. avec ton Esprit-Saint. Amen.
 


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