L'Ifá

Plateau de divination Ifá

Plateau de divination Ifá
L'Ifá est une religion et un système de divination et se réfère aux versets du corpus littéraire connu sous le nom Odu Ifá. Orunmila est identifié comme le Grand Prêtre de l'Ifá. Il est celui qui a révélé la divinité et la prophétie dans le monde. Les prêtres, qu'on appelle Babalawo ou Iyanifas (Iyalawo), utilisent soit le chapelet divinatoire connue sous le nom d'Opele, soit les noix de kola du palmier sacré appelées Ikin. Elles sont disposés sur un plateau divinatoire en bois qu'on appelle Opon Ifá.

L'Ifá est pratiqué à travers les Amériques, l'Afrique de l'Ouest et les îles Canaries, sous la forme d'un système religieux complexe. Il joue un rôle essentiel dans les traditions de la santería, du Candomblé, du Palo, de l'Umbanda, du Vodou, et d'autres religions afro-américaines, ainsi que dans certaines religions traditionnelles africaines.

L’Ifá n’est pas une religion au sens propre mais l’ensemble des pratiques divinatoires attachées au culte des Orishas chez les Yoruba.

Histoire de l'Ifá

Ce système basé sur 16 principes semble trouver son origine il y a bien longtemps dans l'histoire de l'Afrique de l'Ouest. Chaque groupe ethnique entre le Niger et le Congo propose ses propres mythes pour en expliquer l'origine. La mythologie yoruba suggère qu'il a été fondé par Orunmila dans la cité de Ile Ife. Ensuite il aurait initié ses élèves, Akoda et Aseda. D'autres mythes suggèrent qu'il a été apporté à Ile Ife par Setiu, un homme de la tribu des Nupe, qui s'était installé à Ile Ife. La mythologie Igbo suggère que les rois dahoméens ont remarqué que le système d'Ifá a été apporté par un sourcier connu comme Gogo de l'est du Nigeria.

Oluda, (ou Olduduwa) le premier roi (Oni) d’Ife eut seize fils qui fondèrent les seize royaumes yorubas. Orunmila apprit l’art de la divination aux seize fils qui la transmirent à leurs successeurs les Babalawos (les devins ou prêtres d'Ifá).

Orunmila est parvenu à établir un corpus littéraire et oral incorporant des histoires et les expériences des prêtres et de leurs clients ainsi que les résultats. Ce corpus de odù émerge comme la documentation principale concernant la tradition Ifá et devient un héritage historique.

Le modèle Yoruba

L’Ifá s’inscrit dans la cosmogonie Yoruba où le monde est partagé entre le monde des vivants appelé Aye (ou encore Ile-Aye) et le ciel (Orun ou Ile-Orun) où règne Olodumare (ou Olorun), un Dieu unique qui ne se manifeste pas, demeure inconnaissable et n’entretient aucun rapport avec les hommes. Les Orishas sont chargés d’établir ce lien encore qu’une moitié d’entre eux ne viennent jamais se manifester dans le monde. Les Orishas ne sont pas des dieux mais les forces qui participent à une manifestation de dieu.

Lorsqu’il a créé l’univers Olodumare n’a accepté qu’un seul témoin, Orunmila, puis il s’est retiré du jeu laissant à ses intermédiaires, les Orishas, le soin de veiller sur sa création. Cependant c’est à Orunmila qu’il a transmis la recette parfaite, autrement dit la méthode, pour établir ce lien entre lui et les Orisha en se servant de l’Orisha Ifá comme intermédiaire. Le terme Ifá désigne donc à la fois un Orisha et la pratique divinatoire elle-même.

En « Yorubaland » (la région de la culture Yoruba), le système divinatoire donne aux prêtres accès sans réserve aux enseignements de Orunmila. Eshu est celui qui prête la connaissance ashe à l'oracle pendant le déroulement d'une prestation ou l'exécution d'un concile. Eshu est aussi celui qui détient les clés et agit donc comme un Oluwinni (créancier) qui peut accorder la colère ou la supprimer. Les rites divinatoires Ifá fournissent un moyen de communication avec le monde spirituel et permettent aux gens de connaitre leur destin.

L’Ifá prend le nom de Fa chez les Fons du Bénin.

Le modèle Igbo

En « Igboland » (la région de la culture Igbo au sud du Nigeria), l'Ifá est connue sous le nom de Afa. Elle est effectuée par un spécialiste appelé Dibia. Le Dibia est considéré comme un médecin et se spécialise dans l'utilisation des herbes pour la guérison et la transformation.

Le modèle Ewe

Au Togo, l'Ifá est connue sous le nom de Afa. Elle permet de faire venir les esprits Vodun et de communiquer avec eux. Dans un grand nombre de leurs rituels, c'est Alaundje qui est honoré comme le premier bokono à avoir appris à deviner le destin de l'homme en utilisant le système sacré de l'Afa. Les Amengansi sont les oracles vivants qui sont plus importants qu'un bokono. Un prêtre qui est pas bokono est connu sous l'appellation de Hounan.

Odù Ifá - le corpus littéraire

La recette secrète permettant de pénétrer le mystère repose sur le symbolisme du nombre « seize ». Il existe seize livres majeurs dans le corpus littéraire Odu Ifá. Lorsqu'on effectue les combinaisons cela donne un total de 256 Odu (une collection de seize, dont chacune possède seize alternatives). Le monde des hommes est lui-même sorti d’un palmier à seize branches situé au centre de la ville d’Ile-Ife, ses branches formant en quatre points cardinaux les seize quartiers de la ville.

Cela permet de se référer à toutes les situations, les circonstances, les actions et les conséquences dans la vie. Ceci forme la base de la connaissance spirituelle traditionnelle Yoruba et se trouve à l'origine de tous les systèmes de divination yoruba.

Le seize représente les seize possibilités archétypales majeures pouvant se présenter dans une vie humaine. Ces seize principes de base, appelés Odu (ou Oladu), donnent à leur tour seize descendance chacun représentant ainsi 256 possibilités. Chaque possibilité (odu) possède seize poèmes (ese) qui transmettent des indices pour les séances de divination, ce qui donne finalement 4096 scénarii possibles. En d’autres termes lorsqu’une question est posée à un babalawo (devin) il existe 4096 réponses possibles, soit autant de poèmes qui devront être interprétés par le devin pour donner une réponse. Ce système s’apparente aux hexagrammes du Yi-King qui d’ailleurs donnent en multipliant 64 par lui-même le résultat de 4096.

Les proverbes Ifá, les histoires et la poésie ne sont pas écrit mais transmis oralement d'un babalawo à l'autre.

Comment se pratique la divination ?

Plateau opon ifa
Plateau opon Ifá
La divination relève d’une technique extrêmement sophistiquée. Le tirage ne se fait pas au moyens de baguettes ou de pièces de monnaie, mais en utilisant les 16 noix sacrées ou le chapelet divinatoire donnant 16 signes en 16 maisons soit 256.

L’utilisation des noix s’appelle le Grand jeu et le chapelet le Petit jeu.

Les Babalawo, héritiers du savoir transmis par Orunmila, sont les témoins de la destinée, les « parents des secrets » qu’ils révèlent par l’utilisation de la planche Ifá, Ifá étant devenu le nom du rituel divinatoire. Le plus grand babalawo est celui de la ville sacrée Ile-Ife, le Vatican Yoruba.

Il est à noter que le Babalawo (prêtre de l’Ifá) reçoit une initiation particulière qui n’est pas la même que celle destinée au prêtre du culte des autres Orishas.

Le culte de l’Ifá s’est largement répandu dans toutes les parties de l’Amérique y compris les USA grâce à la diaspora cubaine d’une part (Santéria), et nigériane de l’autre.

La reconnaissance internationale

Le système de divination Ifá a été ajouté en 2005 par l'UNESCO à sa liste des « Chefs-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité ».


Références :
1. "Afa dans la diaspora africaine". http://mamiwata.com/afa/afa.html
2. avatarpage.net/aframer.html
3. avatarpage.net/racines.html
4. "Igbo Medicine" . http://umunumo.com/igbomedicine.html
5. Seize grands livres de Odù Ifá http://alawoye.com
6. "Système de divination Ifa". http://www.unesco.org/culture/ich/RL/00146


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