La secte qui prospère avec la bénédiction de l'Eglise

Ephraïm, Gérard Croissant de son vrai nom, est le fondateur de la très catholique communauté des Béatitudes. A la suite d'une embrouille avec les services fiscaux français il délocalise une partie de ses activités sectaires en Suisse.

Un faisceau d'éléments concordants justifie pleinement que la justice soit saisie. En effet, des familles ont décrit des situations que l'on peut qualifier de dérives sectaires. Les pratiques financières de cette drôle de communauté ont déjà fait l'objet d'une information judiciaire au tribunal de Castres. Ephraïm était à la tête d'une véritable entreprise familiale d'escroquerie. Son épouse, Josette, en était l'experte comptable. Ses frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs dirigeaient les différentes succursales. Il y aurait en tout jusqu'à 75 implantations à travers le monde, dont une trentaine en France.

Fonctionnement de la secte des Béatitudes

Chaque implantation est appelée une « maison ». Elle est conduite par un « berger » qui soigne les âmes et gère un joli patrimoine immobilier, acquis depuis 1973.

Les « Béatitudes » se nommaient à cette époque le « Lion de Juda » et prétendaient être à « l'image des communautés primitives », les vraies, les pures, les dures.

Les Béatitudes
Avec la bénédiction du Vatican, cette secte a, peu à peu, récupéré des monastères et des abbayes laissés à l'abandon par des religieux vieillissants. Ces braves gens ayant pourtant fait vœu de dénuement, tout ceci constitue néanmoins un capital immobilier non négligeable. Mais il appartient seulement à la famille qui tient les rênes car pour les adeptes il n'y a rien du tout et ils sont dépossédés de tout bien qui pouvait leur appartenir comme le prouve les statuts de l'association :

Par leur engagement de pauvreté, tous les membres de la communauté choisissent librement de ne plus rien avoir en propriété personnelle, mettant tout en commun (...).
 

Concrètement, le fidèle « verse normalement à la maison commune ses revenus (salaires, retraites, pensions, allocations, assurances) et les dons qu'il reçoit ». Et même les héritages. De quoi se retrouver complètement dépouillé de ses maigres économies.
 

La charité

En échange du cadeau que les adeptes font de leurs biens et revenus, la secte offre un logis gracieusement et les membres sont bien entendus nourris et blanchis. Mais en contrepartie les adeptes doivent travailler, cela va de soi.

 
Retrouvez l'enquête du Nouvel-Obs publiée le 29 Mars 2007.

Pascal et Myriam, avec leurs deux enfants en bas âge, ont séjourné trois ans au château Saint-Luc, dans le Tarn. Jusqu'en 2003, ils y ont occupé différentes fonctions : jardiniers, secrétaires, infirmiers.

Nous n'étions bien entendu jamais rémunérés  
raconte le couple.

Logée modestement et gracieusement, la famille M. était nourrie, selon la plainte qu'elle a déposée :

grâce à des marchandises périmées données par des commerces. Les repas étaient préparés dans des locaux totalement inappropriés  

Décidément, rien ne remplace les nourritures spirituelles...

Des associations ou SARL écrans

Les Béatitudes ont ainsi créé plusieurs associations ou SARL écrans, agréées par l'Etat comme « centres de formation continue », et donc non soumises à la TVA.

Des centaines de « bourges nantis » viennent, chaque année, y « guérir de leur histoire familiale » grâce à des techniques « psychospirituelles », de « psycho-généalogie », d'« agapè-thérapie » et « recevoir l'enseignement d'Ephraïm », ...

... prier... et alléger leur compte en banque.

Officiellement, le coût d'une formation de quatre jours oscille entre 400 et 800 euros. Mais comme les fidèles sont priés de faire œuvre de charité, ils versent une obole supplémentaire, en liquide ou par chèque, mais sans mention du destinataire, s'il vous plaît...

C'est de l'argent frais qui permet aux « bergers » d'employer des manœuvres chargés d'embellir les demeures dans lesquelles ils résident pauvrement.

Christian T. a été de ceux-là entre août 2003 et janvier 2004. Il se rappelle avoir installé baignoire d'angle, Jacuzzi, réseaux Internet et fausses cloisons dans la résidence d'Ephraïm à Labrit (Landes). Comme en témoignent les relevés bancaires de Christian T., le gourou lui donnait de l'argent en liquide et des chèques censés couvrir ses frais. Parfois de petites sommes, mais souvent aussi des chèques de 4 000 ou 6 000 euros. Toujours des « dons » de fidèles. Jusqu'au jour où le banquier de Christian T. a cru déceler un circuit de travail au noir, voire de blanchiment d'argent. Une variante de la multiplication des petits pains ? Les soupçons du banquier pointilleux n'ont pas empêché la poursuite des stages « psycho-spirituels », à Labrit comme ailleurs.

Les théories douteuses de prétendus thérapeutes

Les membres du réseau d'un certain « docteur » Ryke Geerd Hamer, y sont largement enseignées. Ce pape des « thérapies nouvelles » a été condamné en septembre 2004 pour exercice illégal de la médecine et complicité de non-assistance à personne en danger. Selon lui, il est très simple de guérir d'un cancer lorsqu'on peut « réparer l'événement qui l'a déclenché ».

Mais Ephraïm et les siens font encore mieux : ils soignent aussi les âmes.

Comment font-ils ?

Pour être certains d'y parvenir, ils s'y prennent tôt. Les Béatitudes disposent ainsi de leur propre école privée. A Autrey, dans les Vosges, une trentaine d'ados de 13 à 18 ans prient et se préparent à devenir la future élite de la communauté. Pour appartenir un jour à cette fine fleur de la Béatitude, leurs parents versent mensuellement 350 euros.

Quand vous inscrivez vos enfants dans une école privée, méfiez-vous quand même...


Source :
Le Canard Enchainé 2007

Lien :
Si malgré tout cette secte vous intéresse voici un lien pour vous documenter : http://www.beatitudes-nouan.org


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Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le . Il est un peu ancien mais toujours d'actualité.